PARIS.



Parmi les lieux intéressants que le voyageur ne doit pas manquer de visiter, citons en passant : Notre-Dame de Paris, contenant des trésors inestimables, tels que la couronne d’épines, un des clous du crucifiement, un morceau de la sainte tunique, et un ostensoir d’une grande valeur, d’or solide, incrusté de pierres précieuses et de diamants, donné par Louis XVIII à l’occasion du baptême du comte de Chambord ;

L’église de la Madeleine, affectant la forme d’un temple grec, orné d’une colonnade quadrilatérale, de niches, de statues, de fresques et de peintures artistiques ;

La Madeleine est le temple favori des classes aristocratiques ;

L’église St-Eustache avec ses cinq nefs ;

L’église Ste-Clotilde, où l’on voit les plus riches verrières modernes ;

L’église St-Sulpice avec ses beaux tableaux du Calvaire, de la Résurrection, de l’Ascension et de la Sainte-Vierge ;

L’église de St-Thomas d’Aquin, celle de St-Germain des Prés, Notre-Dame de Lorette, l’église de la Trinité, toutes remarquables par leur décoration et leur richesse ;

L’église du Sacré-Cœur, qui est une des plus modernes et qui a coûté des millions ;

Des buttes Montmartre, d’où elle s’élance vers le beau ciel de France, on peut contempler à l’aise les mille et une beautés de Paris ;

Le Louvre avec ses galeries vastes et merveilleuses, où s’étalent avec symétrie et une parfaite classification, les chefs-d’œuvre en peinture, sculpture, statuaire et beaux-arts de tous les siècles.

Les plafonds de ses immenses couloirs sont ornés de peintures décoratives qu’on ne peut regarder sans s’arrêter, pour en admirer le bon goût et le fini.

Au Louvre tout est grandiose comme le génie de la France.

Parmi les tableaux que j’y ai contemplés, je n’oublierai jamais :

« Le jugement dernier », par Cousin ;

« La vie de saint Benoît » ;

« Le martyre de saint Denis » ;

« La Madeleine », par Reni ;

« La Sainte-Famille », de Raphaël ;

« Le repos de la Sainte-Famille » ;

« La Nativité », par Spada ;

« Le martyre de saint Sébastien », par Vanucci dit le Pérugin ;

« La mélancolie », par Féti ;

« Sainte Cécile », par le Dominiquin ;

« L’intérieur de St-Pierre de Rome », par Panini ;

« L’Angélus », de Millet ;

« Le doge s’embarquant sur le Bucentaure, à Venise » ;

« Le grand canal de Venise », par Canaletto ;

« Jupiter et Antiope », par le Titien ;

« La Cène », par Léonard de Vinci ;

« La Joconde », du même peintre ;

« Saint Michel terrassant le démon », par Raphaël ;

« Les noces de Cana », par Véronèse.

Parmi les œuvres d’art que je viens de mentionner, il y en a dont la valeur dépasse cent mille piastres chacune.

Au nombre des peintures des grands maîtres, notons encore entre mille :

« Le portrait de madame Récamier », qui passa pour la plus belle femme de son siècle ;

« La justice et la vengeance divine poursuivant Caïn » ;

« Le sacre de Napoléon Ier », par David.

* O *

Il est intéressant de voir dans les galeries du Louvre, des élèves de l’école des beaux-arts, jeunes artistes d’avenir, installés là avec leurs toiles, leurs couleurs et leurs pinceaux, pour imiter et copier les plus belles peintures et puiser l’inspiration à la source même du génie.

Après le musée du Louvre, le plus intéressant à visiter, est bien celui de Cluny, célèbre par ses dessins et peintures sur tissus, soies et velours, ses tapisseries antiques, ses draperies, meubles, carrosserie, costumes, ornements royaux, modes du moyen âge, et surtout du grand siècle de Louis XIV.

Les amateurs d’antiquités ont beau à s’y distraire et à s’y délecter.

Un mot maintenant de l’hôtel des Invalides.

C’est là que dort de son dernier sommeil le plus grand guerrier des temps modernes, dont Lamartine a dit :

« Son cercueil est fermé. Dieu l’a jugé : « silence »,
« Son crime et ses exploits pèsent dans la balance ! »

De tous les points de vue de Paris, l’on voit étinceler, sous les rayons du jour, le dôme gigantesque des Invalides, sous lequel reposent les restes de Napoléon Ier et ceux du général Bertrand, son fidèle compagnon d’exil.

Le tombeau et le mausolée de l’Empereur sont d’une richesse incomparable, formés des marbres les plus précieux et les mieux ciselés.

Tout y respire la grandeur et l’immortalité.

Mais ce qui est encore plus émouvant, c’est de lire le testament du grand homme, écrit en lettres d’or autour de la corniche de la coupole qui couronne son monument :

« Je veux que mes restes reposent sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français que j’ai tant aimé. »

En lisant cette touchante inscription, toute cette épopée napoléonienne dont le récit remua souvent mon âme, passa dans mon imagination ;

Il me semblait voir ce héros légendaire encore debout, sur le rivage de l’île Ste-Hélène, lorsqu’il croyait relire dans les vagues écumantes, qui venaient se briser à ses pieds, les pages palpitantes de sa vie orageuse.

Je ne pus retenir quelques larmes.

À quelques pas de là, est la chapelle des Invalides, qui est un modèle d’architecture.

Sur la corniche sont exposés les drapeaux enlevés à l’ennemi par Napoléon sur les champs de bataille.

Ces drapeaux troués par les balles, noircis par la poudre, déchiquetés par la mitraille, sont des trophées précieux qui semblent animés, nous rappelant un passé glorieux, mais qui ont coûté cher à la France.

Au nombre des autres monuments qui font l’admiration de l’étranger, je mentionnerai :

L’arc du Carroussel, place du Carroussel, l’Arc de triomphe de l’étoile, érigé à l’extrémité des Champs Élysées, dans le décor féerique de douze avenues convergentes, orné d’inscriptions commémoratives des victoires napoléoniennes ;

L’Hôtel de la Monnaie, la Bourse, le Petit Palais, le Grand Palais, le Trocadéro, souvenir des expositions universelles, la colonne de Juillet, place de la Bastille, la colonne Vendôme, place Vendôme, la Banque de France, le palais de Justice, les Halles centrales, l’Hôtel de Ville, le Palais de la Légion d’Honneur, le musée du Luxembourg, l’Opéra, l’Élysée, jadis le dernier asile de Napoléon au lendemain de la bataille de Waterloo, et aujourd’hui résidence du président de la République, le palais Bourbon, où siègent les députés français ; C’est là qu’on voit ce fameux tableau représentant Mirabeau qui répond au messager de Louis XVI, ordonnant la dissolution de la Constituante :

« Nous sommes ici par la volonté du peuple, et nous n’en sortirons que par la force des bayonnettes. »

Le Panthéon, où reposent les restes et les monuments de plusieurs célébrités françaises, est remarquable par son architecture et de superbes peintures représentant les principaux épisodes de la vie de sainte Geneviève, la patronne de Paris, de saint Denis et de Jeanne d’Arc.

La tour Eiffel, ou tour de 300 mètres, l’une des merveilles du monde, dont il ne faut pas oublier de faire l’ascension si vous aimez avoir des émotions sublimes.

La France, par cette construction gigantesque, étonna l’univers, puis elle l’étonna encore plus par la conquête de l’air, et les aviateurs français sont au premier rang parmi les explorateurs des régions éthérées.

Ils ont conquis l’espace au prix de leur vie, en vrais martyrs de la science et du progrès.

Le touriste doit aussi visiter le Crédit Lyonnais, qui reçoit dans de somptueux salons les Canadiens ayant des lettres de crédit à échanger pour des billets de la banque de France, ou de l’or français ; le tribunal de commerce, la Porte St-Denis, chef-d’œuvre de l’architecte Blondel, représentant les principales victoires des armées de Louis XIV :

L’archevêché, rue de Grenelle, bâtisse aux belles proportions, construite au XVIIe siècle, l’Hôtel des Postes et Télégraphes, où sont aussi installés les téléphones ; la Sainte Chapelle, bâtie en 1248 sur l’ordre de saint Louis, roi de France ;

Le Palais du Sénat,

L’Opéra Comique, le Châtelet,

Les jardins du Luxembourg, où l’on admire la fontaine Médicis.

Du palais des Tuileries, célèbre sous l’empire français, incendié par la commune en 1871, il ne reste que deux ailes reliées au Louvre.

Les principales gares sont la gare St-Lazare, les gares du Nord et de l’Est, la gare Montparnasse, la gare de Lyon et celle d’Orléans.

Les ponts les plus remarquables sur la Seine, sont : le pont Alexandre III, le pont de la Concorde, le pont de Solférino, les ponts des Invalides, de l’Alma, des Arts, d’Austerlitz, de Bercy, et les ponts Royal et National.

Paris possède de nombreux hôpitaux et instituts médicaux, dirigés par les maîtres de la science, où affluent de nombreux patients de toutes les parties du monde, tels que l’Institut Pasteur, l’Hôtel-Dieu, l’hôpital de la Charité. Ceux de St-Antoine, Necker, Lariboisière, Bichat, Boucicault, etc., sont intéressants à visiter ; les Halles centrales et les abattoirs qui alimentent cette immense agglomération humaine,

Le jardin des plantes et le jardin d’acclimatation méritent aussi l’attention du visiteur.

Parmi les lieux d’embellissements, citons encore la place de la Concorde avec son fameux obélisque, ses deux fontaines, et ses statues artistiques symbolisant les principales villes de France : Lyon, Marseille, Bordeaux, Nantes, Brest, Rouen, Lille et Strasbourg.

En voyant la statue de Strasbourg, ornée de couronnes et de drapeaux, je pensai à ce couplet sublime composé pour l’Alsace et la Lorraine, par le patriotisme français et adressé aux Allemands :

« Vous avez pris l’Alsace et la Lorraine,
Et malgré vous nous resterons français
Vous avez pu germaniser la plaine,
Mais notre cœur vous ne l’aurez jamais. »

Il ne faut pas oublier de visiter les champs Élysées, les jardins des Tuileries, où pour trois sous j’avais le plaisir d’entendre la célèbre fanfare de la Garde Républicaine, plaisir qui m’avait coûté trois dollars à Montréal.

Mais il ne faut pas en conclure que l’on va à Paris pour y faire des économies.

Il faudrait une plume plus habile que la mienne pour décrire le bois de Boulogne, ses avenues, ses petits lacs, ses cascades, son hippodrome, son allée des acacias, ses pavillons élégants, ses méandres de verdure et de fleurs, ses boulevards enchanteurs où circulent gaiement les promeneurs avides d’air frais, les équipages somptueux, et les quarante mille automobiles de Paris.

Une excursion en-dessous de la cité reine, par le chemin de fer souterrain, le « Métropolitain », ne manque pas d’intérêt.

Certaines rues ont des noms bizarres, tels que l’Echaudé, Coq-Héron, Satan, Quatre-Vents, Enfer, Vide-Gousset, etc.

Pour un voyageur dont le gousset est bien garni, il n’est peut-être pas prudent de passer après minuit par la rue Vide-Gousset.

La police de Paris est la mieux organisée du monde entier.

Sans vous en apercevoir, vous êtes observé tout le temps, et les quartiers généraux de la gendarmerie sont informés qu’à telle heure vous étiez à la gare du Nord, à telle heure à l’hôtel Continental, et à telle heure à l’opéra.

Ce qui fait l’attraction de Paris, ce sont ses rues larges et toutes luisantes de propreté ; ses avenues, ses boulevards ornés d’arbres, de fontaines, de statues commémorant les hommes célèbres de tous les siècles, ses parcs incomparables, ses hôtels princiers, ses curiosités scientifiques, artistiques et historiques, ses vastes musées, ses nombreux théâtres qui malheureusement sont plus fréquentés que ses églises, ses édifices somptueux, ses conservatoires, ses universités, ses instituts, ses travaux d’embellissement hardis et gigantesques, en font la ville la plus moderne et la plus populaire, le gai rendez-vous de tous ceux qui veulent jouir et qui ont des fonds à dépenser.

Grâce à l’entente cordiale, les relations entre la France et la Grande-Bretagne se rapprochent de plus en plus, et l’on voit souvent de riches Anglais, venir passer une villégiature à Paris, pour secouer le « spleen », s’y égayer et prendre un bain de soleil.

Les environs de Paris : Versailles, St-Denis et Fontainebleau sont célèbres : Versailles, par le palais de Louis XIV converti en musée ; St-Denis, par ses tombeaux des Rois de France, et Fontainebleau, où Napoléon signa son abdication, en 1814, dans le palais splendide qui existe encore.