Souvenir de Fontainebleau

Souvenir de Fontainebleau
chanson
par E. Félix Henricy
dédiée au corps de musique des sapeurs-pompiers
de Lille




Air : Dis-moi, soldat, dis-moi, t’en souviens-tu ?


D’autres que moi, dans un brillant langage,
En vers pompeux, rediront vos succès.
Ma muse, amis, commence son voyage,
Tremble toujours pour ses faibles essais.
Un souvenir en ce moment m’inspire,
Ah ! puisse-t-il animer mon pinceau.
Fais un effort, ô ma chétive lyre,
Car je voudrais chanter Fontainebleau.

Dans ce bas monde, on a tous sa bataille,
Le ciel le veut, acceptons ses décrets.
Le soldat meurt, frappé par la mitraille,
Le pauvre auteur tombe sous les sifflets.
Mais en ce jour, éloignons la tristesse,
Que rien ne vienne assombrir mon tableau.
Ma muse, allons, soyons dans l’allégresse,
Puisque je vais chanter Fontainebleau.

Le dix-neuf juin est une grande date,
Avec orgueil, répétons-le souvent.
Heureux celui qui dit : Oh ! je me flatte,
Ce beau jour-là, d’avoir gardé mon rang.
Mais plus heureux, notre chef de musique,
Qui prépara ce triomphe si beau,
De notre Henri, la baguette magique
Sut nous guider, vaincre à Fontainebleau.

Encore un chant, ô ma chétive lyre,
Soutiens ma voix, car je la sens faiblir.
Oh ! que ne puis-je élégamment vous dire
Ce que j’éprouve à ce grand souvenir.
De ce Concours, gardons tous la mémoire ;
Qu’un feu sacré jaillisse de nouveau,
Fasse espérer encore une victoire,
Un grand succès, comme à Fontainebleau.

Rien qu’un seul mot, et ma plume s’arrête,
Car je craindrais de vous importuner.
Mes bons amis, pour notre belle fête,
Daignez en chœur avec moi répéter ;
Mais pour cela, remplissons tous nos verres,
Et nous rangeant sous le même drapeau,
Jurons, jurons de vivre tous en frères,
D’exécuter comme à Fontainebleau.

Un seul couplet pour notre capitaine,
Oh ! c’est trop peu pour tout son dévoûment ;
Nous le savons, il sait braver la peine,
Veiller à tout sans perdre un seul moment.
À sa santé buvons mille rasades,
Et si le vin nous trouble le cerveau,
Chantons plus fort : Vivent nos camarades,
Jorès, Darras, Bénard, Fontainebleau.


Novembre 1859.