Si mille œillets, si mille liz j’embrasse

Si mille œillets, si mille liz j’embrasse
Les Amours, Texte établi par Hugues VaganayGarnier1 (p. 34-35).

XXIX

Si mille œillets, si mille liz j’embrasse,
Entortillant mes bras tout à l’entour,
Plus fort qu’un cep, qui d’un amoureux tour
La branche aimée, en mille plis cnlasse :

Si le soucy ne jaunist plus ma face,
Si le plaisir fait en moy son séjour,
Si j’aime mieux les ombres que le jour,
Songe divin, ce bien vient de ta grâce.
Suyvant ton vol je volerois aux cieux :
Mais son portrait qui me trompe les yeux,
Fraude tousjours ma joye entre-rompue.
Puis tu me fuis au milieu de mon bien,
Comme un éclair qui se finist en rien,
Ou comme au vent s’évanouyt la nuë.