Traduction par Charles Longuet.
V. Giard et E. Brière (p. 43-56).
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IV
De la valeur et des prix

Citoyens, me voici arrivé à un point où je dois aborder le véritable exposé de la question. Je ne peux m’engager à le faire d’une manière très satisfaisante, car pour cela il me faudrait parcourir le champ entier de l’économie politique. Je ne peux, comme on dit en français, qu’« effleurer le sujet ».

Avant tout nous avons à nous demander : qu’est-ce que la valeur d’une marchandise ? Comment cette valeur se détermine-t-elle ?

Au premier aspect, il semble bien que la valeur d’une marchandise est chose toute relative, et qui ne peut être fixée sans considérer une marchandise dans ses rapports avec toutes les autres, Et de fait, quand on parle de la valeur, de la valeur d’échange d’une marchandise, on entend le rapport de quantité suivant lequel elle s’échange avec toutes les autres marchandises, Mais alors se présente cette autre question : ces proportions suivant lesquelles les marchandises s’échangent, comment se règlent-elles ?

L’expérience nous apprend qu’elles varient infiniment. Si nous prenons séparément une marchandise particulière, le blé, par exemple, nous trouverons qu’un quarter de blé s’échange contre différentes marchandises suivant une proportion dont on ne peut, pour ainsi dire, compter les variations. Et pourtant, sa valeur restant toujours la même, soit qu’on l’exprime en soie, en or, ou en toute autre marchandise, elle doit être chose distincte et indépendante de ces différents taux d’échange entre différents articles. Il doit être possible d’exprimer, dans une forme très différente, ces diverses équations entre diverses marchandises.

En outre, si je dis qu’un quarter de blé s’échange contre du fer dans une certaine proportion, ou que la valeur d’un quarter de blé est exprimée en une certaine quantité de fer, je dis que la valeur du blé et son équivalent en fer sont égaux à quelque chose, à une troisième chose, qui n’est ni du blé ni du fer, puisque je suppose que, eux, ils expriment la même grandeur sous deux formes différentes. L’un des deux, le blé ou le fer, doit donc, indépendamment de l’autre, être réductible à cette troisième chose qui est leur commune mesure.

Pour éclaircir ce point, j’aurai recours à un exemple géométrique des plus simples. Quand on compare des surfaces triangulaires de toutes les formes et de toutes les grandeurs possibles, ou bien quand on compare des triangles avec des rectangles ou avec tout autre figure rectiligne, comment procède-t-on ? On réduit la surface d’un triangle quelconque à une expression toute différente de sa forme visible. Après avoir trouvé, d’après la nature du triangle, que sa surface est égale à la moitié du produit de sa base par sa hauteur, on peut comparer entre elles les valeurs différentes de toutes sortes de triangles, et de toutes les figures rectilignes quelconques, parce qu’elles peuvent toutes se résoudre en un certain nombre de triangles.

Le même procédé doit pouvoir s’appliquer aux valeurs des marchandises. On doit pouvoir les réduire toutes à une expression qui leur soit commune, en se bornant à les distinguer par les proportions suivant lesquelles elles contiennent cette mesure identique.

Les valeurs échangeables des marchandises n’étant que les fonctions sociales de ces objets, et n’ayant rien de commun avec leurs qualités naturelles, il faut d’abord se demander : quelle est la commune substance sociale de toutes les marchandises ? C’est le travail. Pour produire une marchandise, une certaine quantité de travail doit y être appliquée, doit y entrer. Et je ne dis pas seulement de travail, mais de travail social. Quelqu’un qui produit un article pour son propre usage immédiat, en vue de le consommer lui-même, crée un produit, mais non une marchandise. En tant que producteur pourvoyant à son propre entretien, cet individu n’a pas de rapports avec la société. Mais pour produire une marchandise, un homme doit non seulement produire un article qui satisfasse à quelque besoin social, mais il faut encore que son travail lui-même soit une partie intégrante de la somme totale de travail exécuté par la société. Son travail doit être subordonné à la division du travail dans la société même. Il n’est rien sans les autres divisions du travail, et de son côté, il est lui-même indispensable pour constituer leur intégralité.

Si nous envisageons les marchandises en tant que valeurs, nous les envisageons exclusivement sous l’aspect unique de travail social réalisé, déterminé, ou, si l’on veut, cristallisé.

À cet égard elles ne peuvent différer qu’en représentant des quantités de travail plus grandes ou plus petites : par exemple, une plus grande somme de travail peut être incorporée dans un mouchoir de soie que dans une brique. Mais comment mesure-t-on des quantités de travail ? D’après le temps que dure le travail, en mesurant le travail à l’heure, à la journée, etc. Naturellement pour appliquer cette mesure tous les genres de travail sont réduits au travail moyen, au travail simple, qui est comme leur unité.

Nous arrivons donc à cette conclusion : une marchandise a une valeur parce qu’elle est une cristallisation de travail social. La grandeur de sa valeur, sa valeur relative dépend de la quantité plus ou moins grande de cette substance sociale qu’elle contient, c’est-à-dire de la somme relative de travail nécessaire à sa production. Les valeurs relatives des marchandises sont donc déterminées par les quantités ou sommes respectives de travail qui sont appliquées, réalisées, fixées dans ces marchandises. Les quantités corrélatives de marchandises qui peuvent être produites en un même temps de travail sont égales — ou bien la valeur d’une marchandise est à la valeur d’une autre marchandise comme la quantité de travail fixée dans l’une est à la quantité de travail fixée dans l’autre.

J’imagine que beaucoup d’entre vous vont me dire : mais, en réalité, y a-t-il donc une si énorme ou même y a-t-il la moindre différence entre déterminer la valeur des marchandises d’après le salaire et la déterminer d’après les quantités relatives du travail qu’exige leur production ? Vous devez pourtant savoir que la rémunération du travail et sa quantité sont deux choses tout à fait distinctes. Supposez, par exemple, que des quantités égales de travail soient fixées dans un quarter de blé et dans une once d’or. Je choisis cet exemple parce que Benjamin Franklin s’en est servi dans son premier Essai publié en 1721 sous le titre de : Modeste recherche au sujet de la nature et de la nécessité d’une monnaie de papier. Un des premiers il y mit le doigt sur la véritable nature de la valeur. — Nous supposons donc qu’un quarter de blé et une once d’or sont des valeurs égales ou des équivalents, parce que ce sont des cristallisations d’égales quantités de travail moyen, de tant de jours ou de tant de semaines de travail fixés dans l’un et dans l’autre de ces deux produits différents. En déterminant ainsi les valeurs relatives de l’or et du blé, est-ce que nous nous occupons en quoi ce soit du salaire de l’ouvrier agricole et de celui du mineur ? Pas le moins du monde. Nous laissons tout à fait en dehors, indéterminée, la façon dont leur journée ou leur semaine de travail a été payée et même la question de savoir s’il y a eu emploi de travail salarié. Si cela a eu lieu, les salaires ont pu être très inégaux. Le journalier dont le travail est réalisé dans le quarter de blé peut n’en recevoir que deux boisseaux, tandis que celui qui travaille à l’extraction du métal précieux recevra la moitié de l’once d’or. Ou bien il peut se faire que leurs salaires, en les supposant égaux, s’écartent dans toutes les proportions possibles de la valeur des deux marchandises produites. Ils peuvent s’élever à la moitié, au tiers, au quart, au cinquième, ou à toute autre fraction proportionnelle du quarter de blé ou de l’once d’or. Leurs salaires, bien entendu, ne peuvent pas dépasser la valeur des marchandises produites ; ils ne peuvent pas être plus qu’elles, mais ils peuvent être moins, à tous les degrés imaginables. Les salaires de ces deux producteurs seront limités par les valeurs des produits, mais les valeurs de leurs produits ne seront pas limitées par leurs salaires. Et, par dessus tout, les valeurs, les valeurs relatives du blé et de l’or, par exemple, auront été établies sans aucunement avoir égard à la valeur du travail employé, c’est-à-dire aux salaires. Déterminer la valeur des marchandises d’après les quantités relatives de travail qui y sont incorporées est donc une méthode tout à fait différente du procédé tautologique qui consisterait à déterminer la valeur des marchandises par la valeur du travail, par les salaires. Quoiqu’il en soit, c’est là un point que la suite de notre examen élucidera davantage.

Dans le calcul de la valeur échangeable d’une marchandise, nous devons ajouter à la quantité du travail employé en dernier lieu la quantité du travail antérieurement incorporé dans la matière première de la marchandise, et aussi celle du travail qui est entré dans les instruments, les outils, les machines et les bâtiments à l’aide desquels a fonctionné ce dernier travail. Par exemple, la valeur d’une certaine quantité de filés de coton est la cristallisation de la quantité de travail ajoutée au coton pendant le filage, de la quantité de travail précédemment incorporée dans le coton même, de la quantité de travail incorporée dans le charbon, l’huile et les autres matières employées, de la quantité de travail fixée dans la machine à vapeur, les broches, les bâtiments de la fabrique et ainsi de suite. Les instruments de production proprement dits, tels que : outils, machines, bâtiments, servent et reservent encore plus ou moins longtemps, pendant une série d’opérations successives qui se répètent. S’ils étaient tout de suite consommés complètement, leur valeur entière serait tout de suite transmise aux marchandises qu’ils aident à produire. Mais comme une broche, par exemple, ne s’use que graduellement, on fait un calcul de moyenne, basé sur la moyenne de sa durée et la moyenne de sa déperdition ou de son usure pendant une certaine période, soit une journée. De cette façon on calcule quelle part de la valeur de la broche est transmise au coton filé dans une journée, et, par conséquent, quelle part de la somme totale de travail incorporée dans un livre de filés, par exemple, est due à la quantité de travail précédemment incorporée dans la broche. Pour notre présent objet nous n’avons pas à nous arrêter plus longtemps sur ce point.

Il pourrait sembler que si la valeur d’une marchandise est déterminée par la quantité du travail consacré à sa production, la marchandise aura d’autant plus de valeur que l’ouvrier qui l’a faite sera plus indolent ou plus maladroit, puisqu’il y aura travaillé plus longtemps. Ce serait pourtant une grosse erreur. Rappelez-vous que j’ai employé l’expression de « travail social », et cette qualification implique bien des choses. Quand nous disons que la valeur d’une marchandise est déterminée par la quantité de travail « cristallisé » qu’elle contient, nous entendons la quantité de travail qu’il faut pour la produire en un état de société donné, en de certaines conditions sociales moyennes de production, avec une moyenne sociale donnée d’intensité, et une moyenne d’habileté du travail employé. Quand, en Angleterre, le métier mécanique vint faire concurrence au métier à bras, il ne fallut plus que la moitié du temps de travail antérieur pour transformer une quantité donnée de filés en un mètre de cotonnade ou de toile. Le malheureux tisserand qui continuait à se servir de l’ancien métier fit des journées de dix-sept et dix-huit heures, au lieu des neuf ou dix qu’il faisait auparavant. Et pourtant le produit de vingt heures de son travail ne représenta plus que dix heures sociales de travail, les dix heures socialement nécessaires pour transformer une certaine quantité de filés en articles textiles. Son produit de vingt heures n’avait donc pas plus de valeur que son produit précédent de dix.

Si donc c’est la quantité de travail socialement nécessaire incorporée dans les marchandises qui règle leur valeur d’échange, tout accroissement de la quantité de travail qu’il faut pour produire une marchandise doit en augmenter la valeur, comme toute diminution doit l’abaisser.

Si les diverses quantités de travail nécessaires pour produire les diverses marchandises restaient constantes, leurs valeurs relatives aussi resteraient constantes. Mais tel n’est point le cas. La quantité de travail nécessaire pour produire une marchandise change sans cesse, à mesure que changent les puissances, les forces productives du travail employé. Plus les forces productives du travail sont grandes, plus il y aura de produits achevés en une durée de travail donnée ; plus les forces productives du travail sont petites, moins il y aura de produits achevés dans le même temps.

Si, par exemple, le mouvement ascendant de la population obligeait à cultiver des terres moins fertiles, on n’obtiendrait la même quantité de production que grâce à une plus grande dépense de travail, et la valeur des productions agricoles s’élèverait en conséquence. D’un autre côté, si, avec les moyens actuels de production, un seul fileur transforme en filés, dans une seule journée de travail, une quantité de coton plusieurs milliers de fois supérieure à celle qu’il aurait pu filer pendant le même temps avec le rouet, il est évident que chaque livre de coton isolément absorbera plusieurs milliers de fois moins de travail qu’elle n’en absorbait auparavant, et, par conséquent, la valeur ajoutée par le filage à chaque livre de coton isolément sera des milliers de fois moindre qu’auparavant. La valeur des filés tombera d’autant.

À part des différences dans l’énergie naturelle et dans l’habileté technique acquise, chez les différents peuples, les forces productives du travail doivent dépendre principalement :

1o Des conditions naturelles du travail, telles que la fertilité du sol, la richesse minière, etc. ;

2o Du perfectionnement et des progrès des forces sociales du travail, tels qu’ils résultent de la production en grand, de la concentration du capital et de la coopération — le « concours de forces » — du travail, de la subdivision du travail, du machinisme, des perfectionnements de procédés, des applications d’agents chimiques et d’agents naturels, de l’abrègement du temps et de l’espace à l’aide de nouveaux moyens de communication et de transport, enfin de tout autre système par lequel la science met les agents naturels au service du travail et qui en développe le caractère social ou coopératif. Plus les forces productives du travail sont grandes, moins il y a de travail employé à la même quantité donnée de produit, et, partant, plus est petite sa valeur. Nous pouvons donc poser ceci en loi générale :

Les valeurs des marchandises sont en raison directe de la durée du travail employé à les produire, et elles sont en raison inverse les forces productives du travail employé.

N’ayant parlé jusqu’ici que de la Valeur, j’ajouterai quelques mots sur le Prix, qui est une forme particulière que prend la valeur.

En lui-même, le prix n’est que l’expression monétaire de la valeur. Les valeurs de toutes les marchandises de ce pays, par exemple, sont exprimées en prix d’or, tandis que sur le continent elles sont principalement exprimées en prix d’argent. La valeur de l’or ou de l’argent, comme celle de toutes les autres marchandises, est déterminée par la quantité de travail nécessaire pour se les procurer. Vous échangez une certaine somme de vos produits nationaux, où une certaine somme de votre travail national est cristallisée, contre la production des pays fournissant l’or et l’argent, production où fut cristallisée une certaine quantité de leur propre travail. C’est de cette façon, en réalité par un troc, que vous apprenez à exprimer en or et en argent les valeurs de toutes les marchandises, c’est-à-dire les quantités respectives de travail qu’elles contiennent. En observant d’un peu plus près et plus à fond l’expression monétaire de la valeur, ou, ce qui revient au même, la conversion de la valeur en prix, vous apercevrez que c’est là un procédé par lequel on donne aux valeurs de toutes les marchandises une forme indépendante et homogène, par lequel on les exprime comme quantités d’un même travail social. En tant qu’il n’est que l’expression monétaire de la valeur, le prix a été appelé prix naturel par Adam Smith, et par les physiocrates français prix nécessaire.

Quel est donc le rapport entre la valeur et les prix-courants, entre les prix naturels et les prix du marché ?

Vous savez tous que le prix-courant est le même pour toutes les marchandises de la même espèce, quelque différentes que soient les conditions de production pour les producteurs individuellement. Le prix-courant exprime seulement la quantité moyenne de travail social nécessaire, dans les conditions moyennes de production, pour fournir au marché une certaine quantité d’un certain article. Il est calculé sur la masse totale d’une marchandise d’une certaine espèce.

À ce point de vue le prix-courant de la marchandise et sa valeur « coïncident ». De l’autre côté, les oscillation des prix-courants, qui tantôt s’élèvent au-dessus, tantôt s’abaissent au-dessous de la valeur ou du prix naturel, dépendent des fluctuations de l’offre et la demande. L’écart du prix au-delà ou en deçà de la valeur est continuel, mais comme le dit Adam Smith : « Le prix naturel est le prix central vers lequel les prix des marchandises ne cessent de graviter. Divers accidents peuvent parfois les tenir suspendus fort au-dessus de ce point et parfois les précipiter un peu au-dessous. Mais quels que soient les obstacles qui les empêchent de se fixer dans ce centre de repos et de continuité, ils y tendent constamment ».

Je ne peux, pour l’instant, analyser minutieusement ce sujet. Il suffit de dire que si l’offre et la demande s’équilibrent, les prix-courants des marchandises correspondront à leurs prix naturels, c’est-à-dire à leurs valeurs, déterminées d’après les quantités respectives de travail qu’exige leur production. Mais l’offre et la demande doivent constamment tendre à s’équilibrer, bien qu’elles ne le fassent qu’en compensant une fluctuation par une autre, une hausse par une baisse, et vice versa. Si, au lieu de se borner à considérer les fluctuations journalières, on analyse les mouvements des prix courants pendant de plus longues périodes, comme l’a fait, par exemple, M. Tooke dans son Histoire des Prix, on trouvera que les fluctuations des prix-courants, les déviations par lesquelles ils s’écartent de la valeur, leurs mouvements ascendants et descendants se paralysent et se compensent ; de telle sorte que, en dehors de l’effet des monopoles, et de quelques autres modifications que je dois laisser de côté en ce moment, les marchandises de toute espèce se vendent, en moyenne, à leurs valeurs respectives, à leurs prix naturels. Les moyennes des périodes pendant lesquelles se compensent les fluctuations des prix-courants sont différentes pour différents genres de marchandises, parce qu’il est plus facile d’ajuster l’offre à la demande avec tel genre qu’avec tel autre.

Si donc, en gros, et quand on embrasse des périodes de temps assez longues, toutes les espèces de marchandises se vendent à leurs valeurs respectives, il est absurde de supposer que le profit, non dans des cas individuels, mais les profits constants et ordinaires des différentes industries proviennent des prix des marchandises, c’est-à-dire de ce qu’elles ont été vendues à un prix supérieur à leur valeur. L’absurdité de cette notion éclate aux yeux dès qu’on la généralise. Ce qu’un homme gagnerait constamment comme vendeur, il le perdrait non moins constamment comme acheteur. Qu’on n’aille pas dire qu’il y a des gens qui sont acheteurs sans être vendeurs, ou consommateurs sans être producteurs. Ce que ces gens-là paient aux producteurs, il faut d’abord que ceux-ci le leur donnent pour rien. Si un homme commence par vous prendre votre argent, puis vous le rend en payant l’achat de vos marchandises, jamais vous n’arriverez à vous enrichir en les lui vendant très cher. Ce genre d’opération pourrait bien diminuer une perte, mais il ne ferait jamais réaliser un profit.

Ainsi donc, pour expliquer la nature générale des profits, il faut partir du principe que : en moyenne, les marchandises se vendent à leurs valeurs réelles, et que : les profits viennent de ce qu’elles se vendent ainsi, c’est-à-dire proportionnellement à la quantité de travail qu’elles contiennent. Si l’on ne peut expliquer le profit en partant de là, alors on ne peut pas l’expliquer du tout.

Cela a l’air d’un paradoxe contraire à l’observation de tous les jours. C’était aussi un paradoxe de dire que la terre tourne autour du soleil et que l’eau se compose de deux gaz extrêmement inflammables. La vérité scientifique est toujours un paradoxe, au jugement de l’expérience journalière, qui ne saisit que l’apparence trompeuse des choses.