Saint-Thégonnec. L’Église et ses annexes/2/5
CHAPITRE V
La reine des chaires à prêcher est sans contredit celle de Saint-Thégonnec. Par ses belles proportions, son ampleur, la profusion et la correction de ses ornements, elle constitue un monument auquel on ne doit même pas comparer les chaires trop vantées de Belgique, qui sont disproportionnées, prétentieuses, et sans logique dans leur composition.
Le support est constitué par une base surmontée immédiatement d’un chapiteau à feuilles renversées d’où partent des consoles ornées de grosses feuilles d’acanthe soutenant un boudin festonné et un épanouissement en quart de rond cave, orné de guirlandes, couronnes, draperies, cartouches et terminé par une petite baguette entourée d’une bandelette enroulée.
Puis vient la plinthe du bas de la cuve formée par un filet guilloché et un large torre arrondi tout couvert de feuilles et de fleurs de roses, laquelle descend aussi le long de l’escalier.
Aux angles de la cuve, sur cette grosse moulure sont assises les quatre vertus cardinales :
1° La Prudence tenant un serpent enroulé sur son bras droit ;
2° La Tempérance tenant une coupe fermée et une chaîne ;
3° La Justice. Miroir et draperie ;
4° La force. Colonne.
Dans les panneaux formant la cuve sont les quatre évangélistes en grand relief, sur riche fond d’architecture et de paysage et dans un encadrement de rosiers, de guirlandes et de festons.
La même ornementation se continue dans l’escalier pour entourer les médaillons des quatre grands docteurs d’Occident : saint Grégoire le Grand, saint Ambroise, saint Augustin et saint Jérôme.
La même richesse se trouve dans la main courante qui forme corniche pour contourner le haut de la cuve.
Au milieu du dosseret appliqué à la colonne est est un médaillon représentant le Seigneur donnant à Moïse les Tables de la Loi.
Dans les côtés deux anges tiennent d’une main une couronne de roses et de l’autre soutiennent le dais de l’abat-voix. Sous ce dais est le Saint-Esprit entouré d’une gloire et de nuages.
À chaque angle, au-dessus de la frise et de la corniche est un petit ange ailé ; plus haut des têtes d’anges ; puis le dôme tout couvert de roses ; et enfin debout, au sommet, une Renommée, le pied posé sur un globe et sonnant de la trompette.
Au-dessus de la chaire est une niche à volets, abritant le patron saint Thégonnec, et différentes scènes de sa vie en bas-reliefs.
En face une autre niche semblable qui contient la statue de Notre-Dame de Bon-Secours entourée d’un arbre de Jessé et des cinq sujets suivants : l’Annonciation, la Visitation, l’Adoration des Bergers et des Mages, la Présentation de l’Enfant Jésus au Temple [1]. »
Cette chaire est l’œuvre de François et Guillaume Lerrel, père et fils, maîtres sculpteurs de Landivisiau. Elle leur fut payée 1463 livres suivant leurs quittances du 2 octobre et du 3 novembre 1683 et du 5 janvier 1684.
L’abat-voix actuel est postérieur à la chaire à prêcher. Il daté de 1722.
En 1722, le sieur de Chesdeville de Saint-Pol-de-Léon peignit la chaire en couleur de bois pour la somme de 59 livres 7 sols.
Claude Le Chapalain du bourg de Saint-Thégonnec fut payé 6 livres et 12 sols pour faire une lucarne dans le mur du côté nord. « afin de donner du jour à la chaire ». Guillaume Le Tauc, tailleur de pierres, demeurant au bourg, reçut 3 livres 10 sols pour avoir fait un fondement de pierres de taille sous la chaire à prêcher. Enfin dénouement ordinaire de tous les marchés conclus par la fabrique, 16 livres pour frais de procédure au sujet du paiement de la chaire.
- ↑ Architecture bretonne, p. 205.