Rondeau sur les métamorphoses d’Ovide

Rondeau sur les métamorphoses d’Ovide
Chapelle


RONDEAU SUR LES MÉTAMORPHOSES D’OVIDE
Mises en rondeaux par Benserade.

À la fontaine où l’on puise cette eau
Qui fait rimer et Racine et Boileau
Je ne bois point ou bien je ne bois guère.
Dans un besoin si j’en avois affaire,
J’en boirois moins que ne fait un moineau.

Je tirerai pourtant de mon cerveau
Plus aisément, s’il le faut, un rondeau,
Que je n’avale un plein verre d’eau claire
                 À la fontaine.

De ces rondeaux un livre tout nouveau
À bien des gens n’a pas eu l’heur de plaire ;
Mais quant à moi, j’en trouve tout fort beau,
Papier, dorure, images, caractère,
Hormis les vers, qu’il falloit laisser faire
                 À La Fontaine1.



1 Voici ce qu’on lit dans le Ménagiana, t. 2, p. 375, au sujet de cette petite pièce : « Dans le temps qu’on faisoit les présents des Métamorphoses d’Ovide en rondeaux, nouvellement imprimées au Louvre, H. de Benserade, qui en est l’auteur, en envoya un exemplaire très bien relié à un de ses amis, avec une lettre où il le prioit de lui en écrire son sentiment. Cet ami lui envoya quelques jours après ce rondeau (le rondeau suit). » Après quoi M. de La Monnoie ajoute : Ce rondeau, qu’on attribue à Chapelle, est irrégulier ; il n’est pas clos et ouvert, et les rimes n’y sont pas dans leur ordre au troisième couplet ; mais le sens des vers y est d’une grande finesse. Tout ce qu’on pourrait dire, c’est que la maîtresse pensée en paroît empruntée du Roman bourgeois de Furetière, p. 14 : « Cela seroit bien aussi nécessaire que tant de figures de combats, de temples et de navires, qui ne servent de rien qu’à faire acheter plus cher les livres. Ce n’est pas que je veuille blâmer les images, car on diroit que je voudrois reprendre les plus beaux endroits de nos ouvrages modernes. » Quoique l’opinion commune soit que le rondeau qu’on vient de lire est de Chapelle, on lui donne pourtant un autre auteur dans le livre intitulé : La vie de Pierre du Bose, ministre du Saint Évangile, enrichie de lettres, harangues, dissertations et autres pièces importantes qui regardent ou la théologie ou les affaires des Églises réformées de France, dont il avoit été long-temps chargé. Roterdam, Leers, 1694, in-8º. À la page 577 commence un recueil de vers grecs, latins et françois, composés par M. du Bose en diverses occasions, avec quelques autres faits à sa louange. Notre rondeau termine ce recueil, sans que l’éditeur donne aucune preuve qu’il soit du sieur du Bose, dont les vers sont bien éloignés d’avoir la finesse et la légèreté de ce petit ouvrage. (S.-Marc.)