Rimes familières/Cave canem

Rimes familièresCalmann Lévy (p. 23-25).


CAVE CANEM


 
Le chien n’est qu’un animal ;
Mais l’homme, par qui tout change,
De l’animal fait un ange,
De la bête un idéal ;

D’un museau noir, un poème
De jais brillant au soleil.
Rien sous les cieux n’est pareil
Aux pattes du chien qu’on aime,

 

À ses oreilles, tombant
Avec grâce, ou redressées,
Selon que vont les pensées
De cet être captivant.

Un sourire est dans sa queue :
Le grand poète l’a dit.
Si quelque intrus en médit,
On l’évite d’une lieue.

À son chien se confiant
Chacun pousse le courage
Jusqu’à braver de la rage
Le péril terrifiant.

Devant Azor qu’on admire
Le genre humain disparaît.
Pour plus d’une, que serait
Un amant, près de Zémire !

 

Ce fantoche intelligent
Grâce aux erreurs que je blâme
(Peut-être en les partageant)
Prend le meilleur de notre âme.