LES CONTES DE SAMUEL BACH, in-8, 1835. — Ce livre, qui portait dans le principe le titre d’Il Vivere, se compose de cinq romans formant le développement d’une idée philosophique. — Idéolo, c’est l’homme sans croyance, ballotté de rêve en rêve, et flottant sans cesse dans l’incertitude comme un navire sans lest. Aujourd’hui Idéolo est métaphysicien, fait du fantastique avec Hoffmann, ou de la passion avec Werther ; demain il est Pantagruéliste et Byronien ; puis devient philosophe à la mode antique, et s’affuble du manteau de Diogène ; enfin, comme il faut bien en venir à s’occuper de questions matérielles, il met sa plume au service de qui voudra la payer. — Dans Lord Chatterton, l’auteur a voulu prouver que les jouissances matérielles étouffent l’intelligence et le cœur. — Dans Héliogabale, nouvelle dont le style est remarquable de fraîcheur et de coloris, on montre le symbolisme et le spiritualisme des religions anciennes se développant sur deux lignes parallèles dans le vulgaire et les initiés, Héliogabale et Lucius Apulée. — Le sujet de Kam-Rup a été fourni à l’auteur par un poëme indoustan de Tahein Uddin, traduit par M. Garcin de Tassy. — Galyot termine le livre de Samuel Bach. L’auteur a voulu peindre dans cette nouvelle l’inquiète maladie du siècle, qui fait déserter aux jeunes gens les carrières positives et les pousse dans les sentiers perdus de la gloire, où ils s’égarent pour la plupart.
LES ROMANS ET LE MARIAGE, 2 vol. in-8, 1838. — Dans ce joli roman, qui pourra bien ne pas plaire à tout le monde, M. de Ferrière, écrivain plein de verve, de finesse et de caustique gaieté, a pris la plume pour flageller quelques-unes des affections contemporaines, pour se moquer de ces espèces de précieux et de précieuses, qui répètent encore aujourd’hui, comme du temps de Molière, « qu’il fait sombre dans leur âme. » Ce sont les mélancoliques, race auprès de laquelle on aperçoit les échevelés, les artistiques, les anti-matrimoniaux, les chefs de religions et les vaporeux. Dans ce livre, où l’on a le plaisir de se trouver en bonne compagnie, où l’on échappe à l’homicide, au parricide, au fratricide, où l’on ne respire ni l’odeur du bagne, ni celle de l’échafaud, l’auteur s’élève contre toutes les exagérations actuelles. Le vrai mérite de son œuvre, à laquelle on peut reprocher le défaut d’unité, mais qui est bien sentie et bien conçue, est d’avoir montré l’influence des idées fausses, des exaltations, des fougues factices, sur les meilleures natures et sur les éducations les mieux disciplinées. Il a prouvé très-péremptoirement que les mauvaises mœurs sont de fort mauvais ton ; que les véritables passions se mêlent toujours de pudeur, de réserve et même de repentir ; que la sensibilité ne gagne rien à ce renversement effréné de toutes les lois morales ; que le mariage, au lieu d’être l’esclavage et la honte, constitue au contraire l’honneur et la vie de la femme, qui ne serait rien sans lui.