Revue des Romans/Sophia L. Francis

Revue des romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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FRANCIS (miss Sophie L.), romancière anglaise du XIXe siècle.


CONSTANCE DE LINDINSDORF, ou la Tour de Wolfenstadt, trad. par Mme Perin, 4 vol. in-12, 1807. — Miss Francis est une élève de mistress Radcliffe, et une élève digne de suivre ses pas mystérieux et mélancoliques au milieu des ruines et des vieux châteaux ; voici une faible idée de la manière dont elle a conçu son sujet : Le comte Adolphe de Lovensberg et Frédéric, son frère, trouvent à onze heures du soir une jeune fille que l’on chasse avec ignominie d’un des palais de Vienne ; ils la secourent, et en deviennent éperdument amoureux. Pressée de raconter son histoire, la belle Constance ne peut s’y résoudre, mais elle remet à la personne qui l’a recueillie un cahier où se trouve le récit de ses malheurs. En ce moment entre un scélérat, Constance disparaît avec lui ; on ouvre le cahier, qui ne contient que du papier blanc. Cependant, Adolphe est tellement épris qu’il ne peut croire Constance coupable, et il se décide à la chercher. Il la retrouve enfermée dans une tour où son frère l’a fait conduire. Au moment où Adolphe va la délivrer, Constance disparaît de nouveau, par ordre du baron de Ravensburg, son grand-père. Ici l’histoire de la mère vient se mêler à celle de la fille. Constance est retirée des mains de son grand-père et mariée à Adolphe ; mais au moment même de la cérémonie, elle meurt empoisonnée, et est enterrée dans les caveaux du château. Toutefois, elle n’est point réellement morte : un médecin, gagné par le grand-père, lui a administré une potion somnifère. Constance est transportée de nuit dans un couvent près de la ville de Trente ; son père et Adolphe sont informés de son sort, parviennent à la délivrer, et cette fois enfin Adolphe et Constance arrivent après tant d’orages au port paisible de l’hymen. — La lecture de ce roman est réellement attachante, et plaira à ceux pour qui les Mystères d’Udolphe, Éléonore de Rosalba, etc., ont été une lecture délicieuse.

LA SŒUR DE MISÉRICORDE, ou la Veille de la Toussaint, trad. par Mme Viterne, 4 vol. in-12, 1809. — La Sœur de la Miséricorde est l’histoire la plus épouvantable qui ait jamais été écrite dans le genre des romans noirs ; on y trouve tout ce qui peut charmer, attendrir, faite sangloter, pâlir, frissonner les amateurs ; des mystères, des spectres, des orages, des voix surnaturelles, des clairs de lune, de vieilles tours, etc., etc. Le livre commence comme mille autres seraient bien heureux de finir, par un tremblement de terre, et cette convulsion de la nature ne fait que préparer doucement le lecteur aux nombreux événements qui vont succéder. Nous n’entreprendrons pas de suivre l’auteur dans ce dédale incroyable et merveilleux ; une telle complication de faits et de prodiges échappe à l’analyse, et il ne faut pas d’ailleurs priver les curieux de la surprise. Il nous suffira de dire que, quelque éclatant que soit le début, l’ouvrage tient encore plus que ce début ne promet.

On a encore de miss Francis : L’Inconnu, ou la Galerie mystérieuse, 5 vol. in-12, 1810. — Angela Guicardini, ou le Bandit des Alpes, 5 vol. in-12, 1817.