Revue des Romans/Joséphine Sirey

Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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SIREY
(Joséphine Lasteyrie du Saillant, dame), nièce de Mirabeau.


*MARIE DE COURTENAY, in-12, 1818. — L’héroïne de ce roman est une veuve de quarante ans que les passions ont respectée. Elle est mère de trois enfants, et touche au moment d’être grand’mère ; un jeune homme, dont le cœur est vierge encore, s’éprend de la belle Marie ; elle refuse, s’éloigne de lui, et par cette fuite précipitée, oblige son amant à épouser une nièce charmante qui a le bonheur de ressembler à sa tante. On ne peut rien de plus simple que cette fable, où l’auteur a voulu, comme elle le dit elle-même, offrir un modèle et des consolations à son sexe. — Marie de Courtenay est un joli petit ouvrage bien moral, bien pensé, bien écrit, et qui a le mérite d’être court. À la vérité, les événements ne s’y pressent pas sous la plume ambitieuse de l’auteur ; mais tous les personnages agissent comme ils le doivent ; les demoiselles y sont chastes, les femmes mariées pures et exemptes de tout reproche ; les jeunes gens réservés, doux, polis et surtout très-tendres. Mme  Sirey semble avoir eu pour but de prouver qu’il appartient au charme des qualités du cœur et à la grâce de l’esprit, encore plus qu’aux attraits de la jeunesse, d’inspirer ces sentiments profonds et durables, qui seuls peuvent flatter une femme douée de quelque élévation. — C’est un roman, diront quelques esprits chagrins qui ont le malheur de ne pas croire à la vertu. Oui, sans doute, c’est un roman, mais un roman comme malheureusement on en écrit peu aujourd’hui.

*LOUISE ET CÉCILE, 2 vol. in-12, 1822. — Deux jeunes personnes élevées ensemble et amies dès l’enfance, ont cependant des caractères tout opposés. Louise, sensible, généreuse, ne conçoit le bonheur que dans le tumulte des passions ; l’existence n’est pour elle qu’une suite d’émotions rapides de tristesse et de joie. Son amie, au contraire, redoute tout ce qui peut agiter la vie et en troubler le repos ; elle est bonne, dévouée, mais ses vertus ont l’empreinte de la froideur. Un affreux malheur, suite de la contrainte qui devait, selon elle, assurer la joie de son avenir, vient bouleverser son existence. Louise subit aussi la peine de son caractère irritable, tendre, passionné et jaloux. Les deux amies sont malheureuses, l’une par excès de prudence, l’autre par une confiance illimitée dans le destin. — Les lecteurs trouveront dans ce roman, unies au charme du style, une sensibilité vraie et profonde, une raison forte et une âme élevée.

On a encore de cet auteur : *La Mère de famille, in-8, 1833-34, publié sous la forme d’un Journal, dont il n’a paru que les 12 numéros formant cet unique volume. — Conseil d’une Grand’mère aux jeunes femmes, in-8, 1836.