Revue des Romans/John Banim

Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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BANIM, romancier anglais.


LA BATAILLE DE LA BOYNE, 5 vol. in-12, 1818. — Banim a voulu retracer dans ce roman le dernier effort de JacquesII pour reconquérir un trône qu’il avait si imprudemment perdu. Les quatre héros de son livre, unis par l’amour et l’amitié, séparés par la religion et la politique, sans cesse jetés dans les intérêts contraires, servant sous des bannières différentes, se retrouvent face à face au milieu des violences de leurs partis. Là apparaissent ces soldats mercenaires que la soif de l’or fait courir sous les drapeaux du premier venu qui veut les payer, qui se mettent à l’enchère des plus offrants fanatiques ; puis ces bandes de voleurs sans patrie, sans foi, sans Dieu, pillant, tuant, incendiant avec une égale avidité, celui-ci pour celui-là, le papiste dévoué ou l’anglican résolu, moines ou prédicants, catholiques ou réformés, tous, sans exception, sont animés d’une rage indicible, et les ministres d’un Dieu de paix sont partout les plus terribles artisans de discordes. — Ce livre ne peut être indifférent à ceux qui veulent connaître l’origine, de l’oppression où a si longtemps gémi l’Irlande ; ils y trouveront des descriptions de mœurs fort pittoresques, et des détails de coutumes empreints d’un vif coloris de localité. Le XVIIe siècle en Irlande, avec une cour proscrite, traînant un luxe misérable une étiquette aristocratique, à travers des plaines ravagées et sur un territoire où la fidélité chancelle, est une révélation d’un intérêt singulier. La sottise des grands, la niaiserie des vanités, s’y trouvent peintes dans toute leur misère. On ne sait jamais trop ces événements-là, et pourtant l’histoire en est pleine.

L’ANGLO-IRLANDAIS DU XIXe SIÈCLE, roman historique irlandais, traduit pas Defauconpret, 4 vol. in-12, 1819. — Banim s’est proposé un but analogue à celui de Walter Scott : il a voulu peindre les mœurs locales de l’Irlande, sa patrie, mais sans employer les mêmes moyens ni les mêmes couleurs que son devancier. Les sujets qu’il affectionne, qui conviennent à son esprit, ce sont ces esquisses de l’Irlande actuelle, d’une nation vive, énergique, passionnée, naïve et spirituelle, qui lutte contre la tyrannie des préjugés et des hommes. Le travers qu’il s’est attaché à peindre dans la personne de l’Anglo-Irlandais est celui d’un grand nombre de ses compatriotes que la vanité exile loin de leur pays, au milieu d’une société dont ils s’efforcent en vain d’imiter les manières et d’acquérir les suffrages, et qui cherchent inutilement à cacher leur origine étrangère. — Gérald Blount est le fils d’un seigneur irlandais, lord Clangore, qui a participé puissamment au fameux acte d’union, et qui, par suite de cet acte, a passé en Angleterre, et s’est attaché au sort du ministre auteur principal de cette grande mesure. Les préjugés de son père ont éloigné soigneusement Gérald de tout contact avec l’Irlande ou ses habitants : son éducation a été toute anglaise ; il lui doit toutes les préventions du beau monde contre le peuple, contre le langage, les mœurs, les usages et le génie national de sa patrie véritable ; mais sa destinée est de rectifier par l’expérience ces fausses notions accréditées par l’ignorance et la mauvaise foi. Le hasard le conduit, sans qu’il s’en doute, sur cette terre où il a fait serment de ne jamais mettre les pieds, et le rapproche de cette population énergique et spirituelle que les lieux communs de la conversation anglaise l’avaient habitué à considérer tout au plus comme une réunion de brutes sans intlligence et sans vertu ; le hasard lui fait aussi connaître et adorer les charmes et l’esprit d’une fille de l’Irlande ; et Gérald Blount fait amende honorable au beau pays qu’il a si longtemps méconnu, et qu’il a enfin appris à mieux apprécier, sans cependant fermer les yeux sur la situation déplorable où l’ont plongé la tyrannie et l’injustice d’une nation rivale.

L’APOSTAT, ou la Famille Nowlau, histoire irlandaise, trad.  par Defauconpret, 4 vol. in-12, 1829. — L’Apostat est à la fois un roman d’intrigue et un roman de passion. C’est une charmante composition, dont les caractères sont nettement et fortement dessinés ; l’intrigue est bien liée, quoique parfois un peu compliquée ; les situations sont neuves, pathétiques, nombreuses et bien soutenues ; enfin, la vraisemblance est assez généralement respectée.

CROHOORE NA BILHOGE, ou les White-Boys ; roman historique irlandais, traduite par Defauconpret, 3 vol. in-12, 1829. — Crohoore appartient à la famille de ce nain mystérieux que Walter Scott nous a fait connaître dans un des contes de son hôte ; il domine les autres personnages principaux du roman, dans lequel on trouve des figures et des scènes imposantes, où l’on reconnaît avec plaisir la nature prise sur le fait, et rendue avec bonheur et talent. Tel est Andy Houlohan, le frère de lait et l’inséparable compagnon du malheureux Pierce Shea, véritable héros de l’histoire ; telles sont plusieurs situations où se développe, dans le dialogue et dans le récit, le caractère gai, naïf, affectueux et enclin à la superstition, de cet enfant de la verte Irlande.

LE CANDIDAT, 2 vol. in-12, 1836. — Le Candidat est un tableau de mœurs électorales, qui retrace dans sa forme générale et dans ses moindres circonstances, une élection en Irlande. La scène s’ouvre à Londres : le vicomte de Warrington, un des plus célèbres dandys de la capitale, est vivement pressé par ses créanciers, que son père, lord Grandville, ne veut pas payer. Le jeune vicomte, pour éviter la contrainte par corps, est réduit à prendre un parti extrême. Il faut qu’il épouse une riche héritière ou qu’il entre au parlement, les membres du parlement britannique étant inviolables, même pendant l’intervalle des sessions. Le beau Warrington fait de nécessité vertu ; il consent à devenir homme d’État pour éviter la prison ; il dit adieu aux plaisirs de Londres, et part pour l’Irlande, recommandé par un ami de son père, M. Willemot, seigneur campagnard qui a une grande influence dans son comté. L’auteur nous peint avec une grande délicatesse et un naturel exquis l’intérieur de la famille Willemot ; puis vient la description de la grande bataille électorale. Après des intrigues de tout genre, de terribles vexations, nombre d’arrestations arbitraires, plusieurs duels, force coups de poings, et de coups de bâton, et cinq ou six meurtres, lord Warrington est élu membre du parlement, et se marie avec Isabelle Willemot. — Le Candidat a le mérite d’offrir des portraits peints d’après nature, des mœurs prises sur le fait, des révélations pleines de goût et d’impartialité.

Banim est aussi l’auteur de : John Doé, 2 vol. in-12, 1829. — Padhrè na Moulh, 2 vol. in-12, 1829. — Les Croppis, 4 vol. in-12, 1832. — Le Chasseur des Spectres et sa Famille, 2 vol. in-8, 1833. — Les Réfugiés, 5 vol. in-12.