Revue des Romans/Frederick Marryat

Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839


MARRYAT (le capitaine), romancier anglais du XIXe siècle.


PIERRE SIMPLE, ou Aventures d’un officier de marine, traduit par Defauconpret, 2 vol. in-8, 1837. — Le capitaine Marryat, vrai marin comme l’a été Cooper, a retracé dans ce roman des aventures ordinaires, qui toutes ont pu arriver à un marin dont la vie aurait été traversée par un grand nombre d’accidents et de dangers. Pierre Simple est un jeune homme d’une famille noble, mais d’une branche cadette et pauvre, qui entre à quatorze ans dans la marine anglaise, avec le grade de midshipman, et en sort plus tard pour se marier et recueillir l’héritage de la pairie que lui laisse la mort d’un de ses oncles, lord Privilége. Cet échange de sujets entre la flotte et la chambre haute, en Angleterre, n’est pas rare, et de là vient que l’on voit sur les navires tant de belles manières, de dignités, de mœurs élégantes, et, dans quelques coins de la société la plus élevée de Londres, des habitudes de tavernes, des vices ramenés sur tous les points du globe, des désordres miraculeux, où les plus grands seigneurs d’Angleterre, les seuls grands seigneurs qu’il y ait encore au monde, n’ont pas de rivaux dès qu’ils veulent s’en mêler. — Pierre Simple est un jeune homme de quatorze ans, cadet d’une noble et opulente famille, qui, en vertu du doit d’aînesse, est destiné à mourir de faim, à moins qu’il n’obtienne de vivre aux dépens de l’État, dans un de ces emplois qui sont comme la taxe des pauvres de l’aristocratie anglaise. Pierre Simple, qui n’a jamais vu la mer, est embarqué comme midshipman. Comme il est doué de deux bonnes qualités, de l’honneur et du courage, il leur doit bientôt un zélé protecteur, O’Brien, plus âgé que lui, et qui s’attache à sa destinée de l’amitié la plus dévouée. Dès la première croisière, en donnant la chasse à un bâtiment français dans le golfe de Gascogne, la frégate s’étant approchée de la côte, est surprise par un ouragan, et poussée avec une force irrésistible sur les brisants ; mais le sang-froid du capitaine sauve le bâtiment d’un naufrage qui paraissait inévitable. Bientôt après, Pierre Simple assiste à l’attaque d’une batterie de côte, reçoit une balle dans la cuisse, et pendant que son fidèle ami O’Brien essaye de le sauver, ils sont faits tous deux prisonniers. Au lieu d’aller en prison, Pierre Simple, à cause de sa blessure, est recueilli chez un colonel français, et soigné par sa jeune fille ; rien de pur, rien de poétique comme l’attachement que se vouent bientôt ces deux aimables enfants. Mais à peine la blessure de Pierre Simple est-elle guérie, qu’il est forcé d’aller retrouver en prison son ami O’Brien, avec lequel il ne tarde pas de s’évader. De retour dans sa patrie, Pierre Simple surprend à son grand-père une recommandation à l’amirauté en faveur d’O’Brien, et aussitôt, ce qui avait été refusé aux bons services, à l’intelligence et à la bravoure du jeune officier, est accordé à l’apostille d’un lord tombé en enfance. O’Brien est nommé capitaine d’un brick de dix-huit canons, et pour comble de bonheur, Pierre Simple en est le lieutenant. O’Brien part pour aller en croisière devant la Martinique ; un jour il envoie Pierre Simple, avec les embarcations du navire, pour aller enlever un bâtiment, mais un ouragan furieux brise les chaloupes sur le rivage, et Pierre Simple, après avoir couru le danger de périr, est une seconde fois fait prisonnier. Or, tandis que Pierre Simple devenait lieutenant, le colonel qui l’avait recueilli dans sa première captivité devenait général, et était nommé au commandement de la Martinique. On comprend que cette seconde captivité ne fut pas bien dure. — Et la jeune fille ? La jeune fille était devenue une femme d’une beauté touchante, son cœur seul n’avait pas changé, il était toujours à Pierre Simple. Se marièrent-ils ? D’après la marche ordinaire des romans, cela paraît hors de doute. Cependant, tout ce que nous pouvons dire ici, c’est que Pierre Simple partit de la Martinique sans être uni à celle qu’il aimait, et que de grands malheurs le frappèrent ensuite. — Pierre Simple est un ouvrage attachant, dont plusieurs éditions ont constaté le succès justement mérité.

Nous connaissons encore du même auteur : Jacob fidèle, ou les Marins d’eau douce, 2 vol. in-8, 1836. — Monsieur le Midspidman aisé, 2 vol. in-8, 1837. — Rattlin le Marin, 2 vol. in-8, 1837. — King’s Owin, 2 vol. in-8, 1837. — Caïn le Pirate, 2 vol. in-8, 1837. — Newton Forster, 2 vol. in-8, 1837. — Le Pirate et les trois Cutters, 2 vol. in-8, 1837. — Frank Mildmay, 2 vol. in-8, 1837. — Snarley Yow, 2 vol. in-8, 1837. — Le Pacha à mille et une queues, 2 vol. in-8, 1837.