Revue des Romans/Anatole Gerber

Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
◄  Genlis Gilbert  ►


GERBER (Anatole).


ROSANE, DÉSORDRE, CRIME ET VERTU, in-8, 1832. — Sous ce titre, l’auteur, dont le nom nous paraît supposé, publie trois nouvelles charmantes, qui se distinguent de l’immonde fatras de saletés qu’on nous a jeté depuis quelque temps sous ce titre banal. Dans la première, un jeune homme abandonne toute son âme au désordre d’une passion qui s’exalte sans que la raison y mette aucune mesure, ni aucune direction ; celle qu’il aimait meurt misérablement ; le choc qu’il en reçoit cause une blessure profonde à sa force morale ; il retourne enfin aux occupations de la vie, reprend son état et se marie. Mais l’enveloppe du cœur a été déchirée, et le mal qui a frappé sa jeunesse le rend inhabile à goûter les paisibles douceurs d’un intérieur domestique. — Dans la seconde nouvelle, supérieure aux deux autres sous le rapport du charme et du style et de l’intérêt de composition, un jeune homme séduit une jeune fille de paysan, timide et belle ; il l’aime et semble tout oublier pour elle et pour cet amour auquel ils s’abandonnent tous deux avec ivresse et volupté. Tout à coup un parti avantageux qu’on lui propose détourne ses regards de la jeune fille ; il s’étourdit un instant, puis se vend sans réflexion pour un domaine de campagne qui a tenté son ambition. La pauvre fille, de son côté, est obligée d’épouser le boucher de l’endroit, égorgeur de bestiaux, farouche et brutal, qui souille et froisse sans pitié la pauvre fleur des champs transplantée du toit paternel au domicile conjugal. Une occasion la rapproche de son ancien amant ; elle est sans force, et ses bras s’ouvrent au vice, sous l’empire duquel elle demeure désormais écrasée. Outrageusement châtiée et frappée par son mari, la figure déchirée et le sein meurtri, elle s’offre à la présence de celui qui lui doit tant d’amour, et qui maintenant n’a pas le moindre droit de protection pour la garantir de l’injure. Le lendemain le boucher est trouvé mort d’un coup de feu. L’amant et la femme, dénoncés par la clameur publique, sont arrêtés ; la femme s’étrangle dans sa prison ; son complice, acquitté par le jury, mais condamné sans appel par l’opinion, quitte le sol qui l’a vu naître, et va chercher sous un climat lointain une autre mort ou une autre fortune. — La dernière nouvelle est une esquisse de mœurs prise dans la classe prolétaire, qui a beaucoup d’analogie avec une nouvelle de Florian, intitulée : Selmours, nouvelle anglaise.

Séparateur