Revue des Romans/Amaury Duval

Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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DUVAL (Amaury), né à Rennes en 1760.


L’ÉVÊQUE GOZLIN, 2 vol. in-8, 1832. — Adalbert, fils de Rollon, vaillant chef des Normands, voyage sous la conduite de Nitard. Au moment de leur arrivée à Paris, on prépare, au palais des Thermes, le mariage d’Adélaïde, sœur d’Eudes, comte de Paris. Ellis, abbé de Saint-Germain des Prés, n’attend plus, pour commencer la cérémonie, que la fiancée ; mais on la cherche vainement. Bientôt Adalbert, Adélaïde et Nitard, descendent la Seine dans une barque, et arrivent à Charlevanne, où est placé le camp de Rollon. Prêt à partir pour l’expédition qu’il projette contre l’Angleterre, Rollon présente Adélaïde à sa femme Judith, et confie à Adalbert le commandement de son armée. Adalbert, d’après les conseils de Sigefroi, marche sur Paris. Les Normands tentent un premier assaut ; mais l’éloquence et le courage de Gozlin, évêque de Paris, inspirent aux assiégés un enthousiasme surnaturel ; l’ennemi est repoussé ; l’armée des Normands est forcée de se retirer sur les bords de la Seine. Nous ne poursuivrons pas plus loin l’analyse du roman, pour ne pas ôter au lecteur le plaisir d’apprendre par quelle série d’événements l’auteur amène la mort de Gozlin. Avant de quitter la terre, l’évêque de Paris veut confier à un saint ermite le récit de ses fautes. Il prie Adalbert d’envoyer chercher un anachorète, autrefois compagnon de ses déréglements. Adalbert transmet ce message à Judith, qui, pour obéir à son fils, se hâte d’aller à la cellule de l’ermite ; mais elle ne trouve qu’un corps glacé. Elle prend la robe et le capuchon du moine, se place dans la litière envoyée par Adalbert, et arrive au chevet de Gozlin, de qui elle reçoit la confession. Bientôt ses sanglots jettent le trouble et le délire dans l’âme de l’évêque, qui reconnaît dans Judith sa première maîtresse. Adalbert, placé dans une chambre voisine, ne peut retenir plus longtemps son impatiente curiosité. Aux paroles entrecoupées qui s’échappent des lèvres de Gozlin, il comprend que celui-ci est son père et qu’il doit le jour à un crime. Judith, après avoir recueilli les dernières paroles de l’évêque, va les transmettre au comte de Paris, et, au récit de cette révélation inattendue, Eudes ne s’oppose plus au mariage d’Adélaïde et d’Adalbert, et il signe le traité de paix. — Ce livre est moins un roman qu’une histoire agréable pleine d’érudition, dans laquelle l’auteur a voulu donner une idée complète de l’état des mœurs et de l’esprit national au IXe siècle.