Revue des Romans/Élise Voïart

Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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VOÏART (Mlle Élisa).


LA VIERGE D’ARDUÈNE, tradition gauloise, ou Esquisses des mœurs et des usages de la nation avant l’ère chrétienne, in-8, 1820. — Dans ce roman poétique, Mlle Élisa Voïart a peint avec enthousiasme cette Gaule antique où les femmes étaient presque divinisées. Frappée de l’influence que dans tous les temps son sexe exerça sur nos mœurs, elle en a cherché l’origine, et a cru la trouver fondée sur des principes religieux, évanouis dans le vague des siècles, mais conservés jusqu’à nos jours par des traditions populaires : les Gaulois et les Germains, selon Tacite, attribuaient à leurs femmes quelque chose de divin ; la reconnaissance et l’amour, continue Mlle Voïart, rendirent ce culte durable ; on vit des bois et des fontaines consacrés partout aux femmes bienfaisantes, aux mères déifiées ; leurs conseils étaient des lois, leurs paroles des oracles ; le doux empire des druidesses succéda au pouvoir sanguinaire des semnothées ; et longtemps après que la Gaule eut perdu sa liberté, ces femmes sacrées, retirées dans le sanctuaire des forêts, conservèrent avec un soin religieux leurs couronnes de chêne et leurs serpes d’or. — Théodemir, fils d’un roi sicambre, est le héros de cet ouvrage : sa naissance est longtemps inconnue. Il aime la fille de Diciomar, roi de la tribu des Ardennes ; ce roi meurt ; Hemdal, druide hypocrite et ambitieux, trahit son pays dans l’espoir d’en obtenir la faveur de Rome, et d’être élu grand druide par sa protection. Il favorise l’amour d’Isarn, jeune guerrier fougueux et corrompu ; son dessein est de le placer sur le trône de Diciomar, et de lui donner la main d’Idoine, fille de ce prince ; leur parti l’emporte. Les Romains paraissent ; mais Thédomir, qui s’est déjà rendu célèbre en Germanie par sa vaillance, arrive, combat les Romains, les défait, triomphe de son rival, épouse Idoine, et, d’après les ordres des fées protectrices, l’emmène, ainsi que sa tribu, dans le pays des Sicambres. — La simplicité de cette action dramatique est enrichie par un grand nombre de scènes variées, sur lesquelles un style harmonieux, une imagination tantôt riante tantôt mélancolique, répandent beaucoup de charme ; c’est une galerie de tableaux qui attachent par la nature de leurs sujets autant que par la vivacité de leurs couleurs ; les mœurs du pays et du siècle y sont peintes avec talent et vérité.

Nous connaissons encore de cet auteur : L’Algérien, 2 vol. in-12, 1830. — Le Mariage de l’amour, in-8, 1834. — Mignonne, imité de l’allemand, in-8, 1834. — Et plusieurs traductions de romans allemands d’Auguste Lafontaine et de Mme Pichler.