Reglement et methode, pour les ecoles

Extrait du fac-similé dans : Clément-Marcel Martinais, Un Pédagogue méconnu. Le Diacre Ambroise Paccory (1649-1730) Sa réponse à M. Esparon, Supérieur et Directeur du Séminaire et des Ecoles de Lyon (1702), 1976, entre les p.144-145


REGLEMENT

ET

METHODE,

POUR

LES ECOLES.

Par M ***

A PARIS, Chez François H. Muguet, premier Imprimeur du Roy, ruë neuve N. Dame, à la Croix d’Or.

X. DCC. X.

p.6 :

Venez-donc, mes chers enfans, venez avec asseurance : il n’y a point pour vous de pieges à craindre sur le chemin ; il n’y a point de serpent caché dans l’herbe. Il se fera entre nous un commerce de biens spirituels : car pour vos biens temporels, ce n’est point ce que je cherche. Je vous ferai part de ma doctrine & de mes lumieres, & vous me ferez part de vos prieres : ou plutost nous prierons les uns pour les autres, afin d’avoir tous part au salut. Ainsi nous causerons les uns & les autres de la joïe à nos anges tutélaires.

EXTRAIT D’une Lettre écrite au Directeur des Ecoles
de Charité d’une Ville considerable.

C’est vôtre humilité, Monsieur qui vous porte à demander des avis à un homme comme moy, sur les Ecoles dont vous avez la direction. Ce n’est de mon côté que le desir que j'ai de vous obliger, gui m'engage à vous dire dans la simplicité de mon cœur ce que j'en pense. Aprés avoir lû vôtre lettre, & y avoir fait une serieuse réflexion, je vous avoüe que j'ai été fort surpris d'apprendre qu'il y a dans vos Ecoles un si petit nombre d’enfans, sur tout dans une ville aussi

p. 7 :

peuplée, & des Paroisses aussi grosses que les vôtres. Cela peut venir du défaut des Pasteurs, qui n'instruisent pas, & des parens peu persuadez de l'obligation où ils sont, de procurer à leurs enfans une éducation Chrêtienne, & de leur faire apprendre la Religion avec ces maximes & ses devoirs. Si les uns & les autres en étoient convaincus autant qu'ils le devroient, ils n'auroient pas moins de zéle & d'émulation pour envoïer les enfans aux Ecoles Chrêtiennes, qu'ils font paroître d’indifference pour un si grand bien.

Mais, Monsieur, il faut l'avoüer, la principale cause d'une indolence si funeste ne vient souvent que des Maîtres d’Ecole. Nous l'avons vû ici par experience. C’est la reputation des Maîtres, c’est leur application à bien faire l'Ecole, à former les enfans sur le plan de l'Evangile, qui en ont attiré un si grand nombre. On a vû d'abord les parens se remuer pour cela, ravis de trouver l'occasion de procurer un si grand avantage à leurs enfans, sur tout sans qu'il leur en coûte rien. Nous en avons des centaines dans nos Ecoles, & deux Maîtres travaillans de concert dans le même lieu, l'un pour les petits, l'autre pour les plus avancez, en ont des deux