Rayons perdus (1869)/Après une lecture

Alphonse Lemerre (p. 108-109).

APRÈS UNE LECTURE.


Henriette, Henriette, hélas ! combien de femmes
Ont conçu, comme toi, la sainte ambition
De rendre une âme belle à l’égal de leurs âmes,
Et meurent, comme toi, de leur déception !

Oh ! combien, comme toi, pauvre ange au noble rêve !
S’ensanglantent les pieds, se déchirent les mains
À vouloir soutenir une lutte sans trêve,
Et consument leur vie en efforts surhumains !

Combien ont cru pouvoir, dans un cœur jeune encore,
Verser l’enthousiasme & réveiller la foi,
En sentant, comme toi, l’amour qui les dévore
Se perdre sans écho, sont mortes comme toi !


Ô toi la bien nommée ! ô lys de la vallée !
Ô la plus délicate entre toutes les fleurs !
Si ta tige se rompt, tu meurs inviolée,
Comme un lis trop chargé de rosée ou de pleurs !


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