Quiconque a peint Amour, il fut ingenieux

Quiconque a peint Amour, il fut ingenieux
Les Amours, Texte établi par Hugues VaganayGarnier2 (p. 304).

I

Quiconque a peint Amour, il fut ingenieux,
Non le faisant enfant chargé de traicts et d’ailes,
Non luy chargeant les mains de flames eternelles,
Mais bien d’un double crespe enveloppant ses yeux.
Amour hait la clarté, le jour m’est odieux :
J’ay, qui me sert de jour, mes propres estincelles,
Sans qu’un Soleil jaloux de ses flames nouvelles
S’amuse si long temps à tourner dans les cieux.
Argus regne en Esté, qui d’une œillade espesse
Espie l’amoureux parlant à sa maistresse.
Le jour est de l’Amour ennemy dangereux.
Soleil, tu me desplais : la nuict m’est bien meilleure :
Pren pitié de mon mal, cache toy de bonne heure :
Tu fus, comme je suis, autrefois amoureux.