Quelques remarques sur les fonctions de la Grèce et de Rome dans la propagation du Christianisme/III


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III


Que n’a-t-on pas inventé cependant pour obscurcir ces éclatantes vérités ? Je ne parlerai pas des divers travestissements, ou des dislocations auxquelles on a soumis l’histoire ecclésiastique. Ceci nous mènerait trop loin ; mais je ferai mention de certains traits curieux pour montrer jusqu’à quel point de trouble on est arrivé.

On s’est imaginé que l’évangile selon Saint Marc doit avoir été composé originairement en latin, puis traduit en grec. Baronius embrasse cette idée de tout son sérieux et tache de la soutenir dans ses Annales, par des arguments auxquels la saine critique ne trouve aucune valeur. Qu’importe. Depuis le seizième siècle on vous montrait à Venise l’original, l’autographe même, de l’Évangile que Saint Marc aurait écrit en latin et qu’il aurait laissé à Aquilée lors de son passage dans ces contrées. Dans plusieurs autres villes on vous montrait des feuillets détachés de ce code sacré.[1] Il ne faut pas trop s’en étonner puisqu’à Bologne on vous montrait le code même du Pentateuque en hébreu qu’avait possédé, ou copié de sa main, Esdras lui-même.[2]

L’abbé L. Bonard, dans une étude sur la jeunesse de Saint Paul dit de cet apôtre : « il s’exprimait avec la même facilité dans les trois grandes langues du monde civilisé, l’hébreu, le grec, le latin. »[3] Où a-t-il trouvé, l’auteur, que Saint Paul s’exprimait en latin et avec la même facilité qu’en grec et en hébreu ? Il aurait beaucoup obligé ses lecteurs s’il leur montrait les sources où il a puisé ses informations. Entendait-il parler du don des langues réparti aussi à Saint Paul, d’une manière miraculeuse, comme au reste des apôtres, après sa conversion ? Mais alors pourquoi s’arrêter seulement à ces trois langues et ne pas dire toutes également ? L’apôtre n’aurait qu’à y gagner décidément.

M. Albert de Broglie est plus explicite encore ; il nage en pleine sécurité sur ce qu’il se met à raconter : « Bien que né, dit-il, dans l’Asie-Mineure, et familier avec la dialectique grecque, Saint Paul est, par ses études, par ses voyages, par sa qualité de citoyen romain, par ses rapports constants avec la capitale du monde, même avant de l’avoir habitée, un homme d’Occident, un membre de la société latine. Il est à son aise devant les magistrats romains il leur parle leur langue » et tout le reste à l’avenant.[4]

En quoi la qualité de citoyen romain, ou concédée par faveur à un syrien ou à un oriental, ou achetée[5] à prix d’argent pour soi ou pour sa famille, afin de se soustraire aux avanies et aux exactions des gouverneurs romains pouvait-elle contribuer à le rendre un homme d’Occident ? En quoi pouvait-elle contrebalancer ses études sous Gamaliel ou son cours de dialectique sous quelque professeur grec de Tarse ? Quels furent ces rapports constants avec la capitale du monde avant qu’il l’eût habitée ? Suffirait-il d’une lettre adressée aux Romains, fussent-ils des romains génuines pour constituer des rapports constants avec la capitale du monde ? Ou prendrait-on au sérieux un pastiche de correspondance[6] entre Saint Paul et Sénèque ? L’auteur ne semble pas tomber dans cette lourde méprise une fois qu’il ajoute que « il a conféré peut-être avec Sénèque. » Ce doute montre qu’on ne tient point compte de cette correspondance qui, si elle eût existé, aurait dû rendre nécessaire et inévitable une entrevue entre Sénèque et Saint Paul lorsque ce dernier se rendit à Rome. Où a-t-il rencontré que Saint Paul parla en latin devant les magistrat romains ? De nulle part du Nouveau testament il ne ressort que Jésus-Christ ou ses apôtres, ou les Juifs en Orient parlassent en latin avec les magistrats romains. Pas même par l’intermédiaire d’un interprète. On n’envoyait pas en Orient des magistrats romains qui ne connussent la langue principale de l’Orient, le grec. Les Grecs et les Orientaux ne se souciaient nullement d’apprendre le latin pour le parler en Orient. Et à Rome même ils en avaient autant de besoin qu’aujourd’hui un français aurait du turc à Constantinople ou de l’arabe à Alexandrie. L’ouvrage de M. Broglie est convenablement pourvu de renvois et de citations sur des objets pour lesquels on n’élève aucune contestation. Pourquoi cette pénurie ici ?

Ch. Lenormant, dans ses Études sur les fragments Coptes du Concile de Nicée,[7] poussé par le même esprit, va jusqu’à dire que dans les sessions de ce concile les propositions les plus importantes furent traitées en latin ! « C’est ainsi, poursuit-il, qu’Hosius avait proposé en latin la rédaction du Symbole qu’Hermogène de Césarée traduisit immédiatement en grec pour les évêques qui ne comprenaient pas la langue de l’Occident. » Mais pourquoi s’arrêter en si beau chemin ? Pourquoi dire les plus importantes des résolutions et pas toutes ? Qui vous en empêche ? Tous les auteurs ecclésiastiques, sans aucune exception, et pour ne citer que Fleury et Tillemont parmi les modernes,[8] disent d’après les textes mêmes, qu’Hermogène écrivait ce qui était dit par Hosius. Par quel miracle l’écrire s’est-il transfiguré en traduire ? Sur quelles données l’auteur s’est-il permis une pareille altération ?

Et combien pouvaient-ils être, parmi les trois cent treize pères orientaux ceux, qui, à ce que dit l’auteur, ne comprenaient pas le latin ? Si ce n’est tous, à voir tout ce que nous avons exposé jusqu’ici, ce devraient être presque tous. Et ce serait pour ce presque tous qu’on aurait dû s’exprimer en latin ?

Les cinq ou six personnes venues des régions occidentales de l’empire, étaient les presbytres Victor et Vincent, députés de la part de l’Évêque de Rome, empêché d’y assister, au rapport des historiens, à cause de son grand âge, et les évêques Cécilien de Carthage, Hosius de Cordoue, Nicaise de Digne, Eustorge de Milan et Capiton de Sicile. Pour les mêmes motifs on peut présumer que tous devaient être d’origine ou d’éducation grecque. Quant au dernier, quoique portant un nom latin il ne saurait y avoir le moindre doute.[9] La Sicile était un pays grec et presque entièrement peuplée de Grecs. Jusqu’au dixième siècle on n’y connaissait en général d’autre langue liturgique que la langue grecque. C’est par la conquête des Normands que la langue latine commença à y prendre pied à côté de la langue grecque, et par celle des Angevins qu’elle supplanta en très-grande partie cette dernière. Le temps fit le reste. Ch. Lenormant paraphrasant, à son gré, le manuscrit copte, veut faire entendre qu’il y avait encore d’autres évêques occidentaux, mais qu’on avait attaché moins de prix à citer leurs noms « parce que, dit-il, leur réunion était moins nécessaire, leur foi étant moins suspecte. » Celle donc des autres occidentaux d’Hosius, de Nicaise, d’Eustorge, qui ont signé, était-elle suspecte ! Celle des orientaux qui ont signé était-elle suspectée également de tous ! Et celle du pape Sylvestre pour lequel signaient ses deux députés, était-elle suspecte ! C’est admirable d’invention. Et puis, que dites-vous de ce mot réunion ? Ne vous semble-t-il pas que nous voguons vers l’an mil ? S’agissait-il à Nicée de réunion ou de suprême décision ?[10]

M. de Broglie qui, dans son ouvrage précité, se trouve heureux de citer celui de M. Lenormant et de le suivre en ce qui regarde la langue en général, sentant bien l’inanité de cette révélation copte, tâche, de son mieux, d’augmenter le nombre des évêques appartenant à l’occident en comprenant dans leur énumération Pédérote d’Héraclée, Protogène de Sardique, Alexandre de Thessalonique.[11] Mais où a-t-on jamais vu considérer les pays, situés en deçà de la Haute Illyrie, comme appartenant aux régions de l’occident ? En quelle autre partie de son ouvrage, l’auteur a suivi une pareille ligne de démarcation ?

Hosius lui-même, évêque de Cordoue en Espagne, était natif d’Alexandrie, ou de toute autre ville grecque d’Égypte, comme on peut le voir par la mention qu’en fait Zosime, dans son histoire ecclésiastique, en le désignant par le nom générique d’égyptien.[12] Avant d’avoir assisté au concile de Nicée, Hosius avait été délégué par Constantin à Alexandrie pour tâcher d’apaiser les troubles surgis à l’occasion des discussions qui ont été soulevées par Arius, au dire des uns, ou des dissensions au sujet de la célébration des Pâques, au dire des autres.[13] Il fut choisi évidemment par l’empereur comme une personne originaire de ce pays, le connaissant mieux que tout autre et, par là, plus apte à mener, à bonne fin, l’objet de cette mission. Que fait-il cependant, M. Broglie, de cet originaire d’Égypte ? Il le fait désigner par Zosime comme un magicien arrivé d’Espagne, « celui que l’historien Zosime appelle l’égyptien ou mage venu d’Espagne. »[14] Est-ce que jamais dans le style grec au latin de cette époque le mot égyptien ; devint synonyme de magicien comme le fut, par exemple, celui de chaldéen ? Nous pouvons épargner aux lecteurs la peine d’aller compulser les dictionnaires grecs ou latins, où ils ne trouveront rien de semblable, puisque l’auteur, dans un autre endroit de ce même ouvrage, l’appelle, lui aussi, d’après le même Zosime tout bonnement un Égyptien.[15] Comment Hosius pouvait-il être considéré comme magicien par Zosime lorsque, dans ce même paragraphe cité par l’auteur, Zosime dit que cet Égyptien ayant persuadé à l’empereur Constantin d’abandonner l’ancienne religion pour embrasser le christianisme, fut la cause de son impiété qui lui fit voir de mauvais œil les pratiques de la magie ?[16]

Une fois la détermination bien arrêtée de prendre Hosius pour un Espagnol, l’auteur poursuit : « C’était, sans doute, un événement bien curieux qui devait émouvoir la population frivole d’Alexandrie que de voir arriver du fond de l’occident un évêque ne parlant que le latin et encore sans pureté et même avec l’accent. »[17] Où a-t-on trouvé que les Alexandrins comprenaient le latin et encore qu’ils le savaient au point de pouvoir discerner, soit qu’une personne le parlât dans toute sa pureté ou non, soit qu’elle le prononçât avec l’accent du Latium ou de la province ? D’où peut-on inférer qu’Hosius, fût-il même de naissance et d’origine purement espagnole, ne connût ou ne parlât que le latin seulement pendant que tout ce qu’il y avait de distingué en Occident à cette époque connaissait aussi le grec ?

En arrivant à Alexandrie, poursuit plus loin l’auteur « Hosius se fit enseigner le sens des termes grecs qui lui étaient étrangers, qu’il répéta en balbutiant les mots d’hypostase et de substance ?[18] Pour cela l’auteur s’en rapporte à l’Histoire Ecclésiastique de Socrate. J’ouvre l’endroit indiqué et je n’y trouve ni qu’Hosius eût besoin de se faire expliquer ces mots en latin, ni qu’il ne pût prononcer les mots grecs qu’en balbutiant. Et voilà ce dont il s’agit.

Socrate, racontant les discussions qui eurent lieu dans un concile tenu par Saint Athanase et autres évêques à Alexandrie, après celui de Nicée, fait mention d’un autre qui le précéda dans la même ville d’Alexandrie.[19] Là, dit-il, Hosius, qui avait été envoyé par l’empereur Constantin pour tâcher d’apaiser les troubles suscités par Arius, désirant en même temps réfuter l’opinion de Sabelius, souleva (lui Hosius) la question sur la substance et l’hypostase ; ce qui devint un autre sujet de dispute. Le concile qui se tint ensuite à Nicée, poursuit Socrate, ne daigna pas même en faire la moindre mention. Mais puisque dans la suite quelques uns ont voulu disputer de nouveau sur ce sujet, dans ce dernier concile on décréta alors sur la Substance et l’Hypostase.

Il résulte clairement de tout cela qu’Hosius n’avait nullement besoin de se faire expliquer les termes d’une question qu’il avait étudiée d’avance et suscitée inopinément lui-même. En second lieu qu’il ne s’agissait pas de traduire ces termes en latin, mais de donner leur signification précise scientifique, ou théologique, en grec. Hosius ne se serait jamais aventuré à soulever de telles disputes s’il ne connaissait parfaitement le grec.

Revenons au concile de Nicée. À l’appui de la supposition qu’Hosius s’y est exprimé en latin je n’y vois qu’une amplification oratoire composée par Gélasius, évêque de Cyzique, et qualifiée d’Histoire du concile de Nicée. Là (Livre II, § 12) il est dit qu’Hosius, prononça, de la part du concile, une exposition du dogme de la Trinité qu’un autre traduisit en grec. Mais, au nom du respect, de soi-même peut-on jamais prendre au sérieux cette ridicule rhapsodie que tous les critiques, sans exception, considèrent comme une fiction et que le jésuite Feller même, dans son Dictionnaire historique, qualifie tout bonnement de roman ? Pour ne rien dire des autres inepties dont il fourmille on y voit un mannequin de philosophe, du nom imaginaire de Phédon, qui oppose successivement diverses objections sur cette ou contre cette exposition et que plusieurs Pères, parmi lesquels figure aussi Hosius, viennent, chacun à son tour, pour les réfuter. Après ce long et fastidieux dialogue le mannequin, enfin, reste confondu ; convaincu de ses erreurs il se convertit, en définitive, à la foi orthodoxe.

Ce Gélasius, qui a vécu cent cinquante ans après la tenue de ce concile, voyant, à ce qu’il paraît, qu’Hosius était appelé évêque de Cordoue dans les Espagnes, ne connaissant pas son origine orientale, et jugeant de l’état des choses et des personnes d’alors d’après celui de son temps, doit s’être dit qu’Hosius, en sa qualité d’Espagnol, ne pouvait pas discourir en grec ; il fallait donc que quelqu’un lui servît d’interprète. Voilà l’explication de cette lourde bévue ; bévue d’autant plus facile à commettre que Gélasius, sous le nom d’Histoire, ne faisait que composer un exercice oratoire. Aucun des auteurs sérieux n’a daigné la ramasser. D’ailleurs, l’information nette et précise que nous trouvons dans Zosime ne laisse aucun doute à ce sujet.

À défaut même de cette information de Zosime comment peut-on concevoir qu’Hosius eût su prendre une part aussi considérable dans les affaires ecclésiastiques de son temps sans qu’il eût connu parfaitement la langue grecque et ne fût d’origine, ou tout au moins d’éducation, grecque ? Ceci eût été moralement impossible. Il pouvait bien connaître aussi le latin, mais ce n’était pas Alexandrie ou Nicée la place où il pouvait s’en prévaloir ; ni les objets sur lesquels on discutait ceux où il aurait pu lui être de quelque utilité.[20] Constantin lui-même, pendant tout le cours de ce concile, ne se servit qu’une seule et unique fois de la langue latine : celle-ci même au discours d’ouverture du concile, évidemment pour soutenir le décorum d’un empereur romain, mais dans toute la suite il parlait avec tout le monde en grec, langue qu’il connaissait aussi bien que la latine.[21] Et c’est ici le cas le plus approprié de dire en empruntant les expressions du grand poète de l’Italie, que Constantin, par égard pour les pasteurs, se fit grec.[22] Il y en a eu un qui, avant Constantin, aussi grand, plus grand que Constantin, quoique dans un autre sens, se fit aussi grec.

C’est un parti pris de vouloir fourrer le latin où il ne peut avoir nul accès. Un autre personnage, qui jouit d’une grande renommée en France, le père Lacordaire, dans une des Conférences qu’il a tenues dans une église de Toulouse, disait à son bénévole auditoire.[23] « Tout acte de la souveraineté divine est aussi un acte de la raison divine, et c’est pourquoi Platon voulant nommer Dieu l’appelait Logos. Cicéron Summa Ratio, l’Évangile Verbum. » N’a-t-il pas craint que l’Évangéliste, indigné d’une telle outrecuidance, ne fit sortir du sanctuaire quelque voix tonnante qui lui criât : « non. Non, ce nom m’est inconnu, moi je ne l’appelais que du même nom qu’a prononcé Platon. » Mais que craignit-il jamais, l’évangéliste de Dominique le Sanglant, pour être pris d’un tel scrupule ? Cette habileté du père Lacordaire ne vise à rien moins qu’à conférer le sacrement de la Confirmation à la découverte du père Hardouin. Ce savant jésuite a retrouvé enfin que le Nouveau Testament avait été composé originairement en langue latine, d’où apparemment il a passé en celle des Grégeois.[24]




Tout ce que nous venons d’exposer ne regarde que les premiers siècles du christianisme ; ce qui est l’objet de ces remarques. Dans la suite l’élément latin a commencé lui aussi à exercer une certaine action à part, mais toujours subordonnée,[25] autant que dura la puissance d’un empire romain en Occident. Ce fut seulement après le septième siècle que l’élément latin commença à jouer un rôle à soi bien prononcé et qui, dans les temps postérieurs, a jeté un grand éclat. Dans quel sens et par quels moyens ? ce n’est pas ici le lieu d’en parler.

Ébloui cependant, ou gagné par les effets d’un pareil succès, on s’évertue à lui trouver des origines aussi grandioses qu’on le peut. Toutes les voies sont bonnes. Mais où conduisent-elles en définitive ? Pour ne parler que de celles dont nous avons fait mention, on arrive, par l’une, aux conceptions monstrueuses de E. Lassaulx, par l’autre, aux absurdités du père Hardouin. C’est à ces mêmes résultats où poussent les deux pointes du père Lacordaire ; l’une sur cette révélation du père Hardouin, l’autre celle dont nous avons parlé au commencement de ce travail[26] sur la pourpre sanglante des Césars comme servant de revêtement au siége apostolique de l’évêque de Rome. Celles-ci résument les autres.


FIN.
  1. Brunet de Presle, la Grèce depuis la conquête romaine. Édit. Univ. Pitor. p. 40.
  2. Iconomos, ibid. Tome III. p. 65.
  3. Le Correspondant du 25 décembre 1865. p. 856.
  4. L’Église et l’Empire romain, Série I, Vol I. p. 101.
  5. Actes des Apôtres, chap. XXII. 28.
  6. Il y a bien longtemps que cette mystification a été démasquée ; dernièrement elle a été mise toute à nu dans une récente publication. — Sénèque et Saint Paul par Ch. Aubertin, 1869.
  7. Insérées dans les Mémoires de l’Académie des Belles-Lettres et publiées dans une brochure p. 5.
  8. Hist. Éccl. Liv. II. chap. XIII. — Mémoires Vol. II. p. 656.
  9. Remarquons-le, en passant, la dérivation d’un nom propre n’est pas un indice immanquable et bien certain de l’origine de la personne qui le porte. Plusieurs latins portaient des noms grecs, comme par exemple, Ambroise, Jérome, Grégoire, et plusieurs grecs portaient des noms latins, comme nous l’avons vu pour Valérius, le prédécesseur de Saint Augustin au siége d’Hipponne ; Clément, Justin, Tatien etc. Nous ferons remarquer, en outre que dans ces premiers siècles on ne voit pas, que nous sachions du moins, dans un évêché oriental siéger une personne, venant de l’occident ; pendant qu’il y a plusieurs exemples du contraire.
  10. Ce n’est pas la seule chose qu’on a à signaler dans cette Étude ; il y en a tant qu’il faudrait composer une contre Étude pour les relever. Il y en a également dans divers endroits de son Cours d’Histoire, professé au Collège de France en 1844 — 1846. Peut-être que j’en parlerai en d’autres occasions. — Feu Ch. Lenormant esprit bien pénétrant partout ailleurs, se trouble étrangement dès qu’il touche à l’histoire ecclésiastique on n’y reconnaît plus cet homme, à plusieurs autres égards supérieur. Il est affligeant pour nous autres grecs de devoir relever de telles taches ; il faut que nos positions respectives se dessinent franchement et nettement en ce qu’elles se touchent comme en ce qu’elles s’éloignent.
  11. Broglie, Ibid. part. I, tome II. p. 16.
  12. « Αιγυπτιος τις εξ Ιβηριας ελθων και ταις εις τα βασιλεια γυναιξι συνηθης γενομενος. » ect. L. 2. ch. 29.

    Les Romains professaient le plus profond mépris pour les indigènes d’Égypte au point de les exclure de la faculté de devenir citoyens romains, pendant qu’ils l’accordaient à toutes les autres populations de l’empire. Zosime, par dépit, en payen qu’il était, désigne Hosius comme égyptien, au lieu de le désigner par la dénomination de sa ville natale que ce fût Alexandrie ou toute autre cité grecque d’Égypte.

  13. Socrate Hist. I, §. 7. Sozom. Hist. I, §. 16.
  14. Tome I, p. 261.
  15. Tome II, p. 187. — « Αιγυπτιας τις εξ Ιβηριας ελθων και ταις εις τα βασιλεια γυναιξι συγγενομενος. » L. II, ch. 29.
  16. « Αφεμενου μεν των πατριων, μετεχοντος δε ων ο Αιγυπτιος αυτω μετεδιδου της ασεβειας, την αρχην εποιησατο την μαντικην εχειν εν υποφια. »
  17. Tome I, p. 384.
  18. Tome I, p. 386.
  19. Socrate Hist. Livr. III. chap. 7 et Livr. I, chap. 7.
  20. Voir l’ouvrage précité de Milmann p. 32.
  21. « Ελληνιζων τε τη φωνη οτι μηδε ταυτης αμαθως ειχε. » Euseb. in Vita Constant. L. III, § 13. Même sans ce témoignage d’Eusèbe si Constantin se fut élevé à l’empire d’une basse origine et condition on pourrait avoir des doutes s’il savait ou non le grec : mais fils d’un des Césars, il était moralement impossible qu’il ne l’eût appris par son éducation.
  22. « Per cedere al pastor si fè Greco. »
    (Paradis — Chant. XX, 58.)

    Le poète cependant le dit pour un motif tout différent, égaré, comme il l’était, par le crédit dont jouissaient alors les Pseudo-Décrétales.

  23. Confér. troisième, citée dans le Correspondant du 15 juillet 1856.
  24. Comm. sur le Nouveau Testament, cités par. P. V. Leclerc, Pensées de Platon p. 477.
  25. Voir l’appendice 2.
  26. Ce n’est pas le seul spécimen de l’idée payenne que le Père Lacordaire se fait du christianisme ; il y en a d’autres encore, et parmi ceux-ci il y en a qui nous touchent d’une manière bien grave. J’aurais lieu d’en parler ailleurs, si on pouvait avoir le soutien et les fonds nécessaires pour la réalisation d’un projet concerté avec quelques amis, qui consiste à fonder soit un ouvrage périodique soit une publication successive de divers opuscules touchant certaines questions de notre histoire religieuse, en connexité avec la politique, depuis l’époque byzantine jusqu’à ces derniers temps. Elles ne sont pas sans relations directes ou indirectes avec notre état et nos péripéties actuels ; de même avec les projets qu’une certaine politique perverse nourrit sur nous et sur nos contrées. Nous les considérerons du même point de vue que celui de cet opuscule.