Quand j’étais enfant en Chine
La Revue blancheTome XXIII (p. 284-291).

Quand j’étais enfant en Chine[1]


I
mon enfance

Un jour de l’année 1861, je naquis. Je ne peux pas vous dire la date plus exactement, parce que l’année chinoise diffère de l’année américaine, et, nos mois étant lunaires, c’est-à-dire comptés par les révolutions de la lune autour de la terre, sont plus courts que les vôtres.

Nous calculons le temps d’après l’avènement des Empereurs et par périodes de six ans à partir de ce point. L’année de ma naissance, 1861, fut la première du règne de l’Empereur Tong-Tché.

Nous avons douze mois, ordinairement, et nous disons, au lieu de Janvier, Février, etc., Lune Régulière, Deuxième Lune, Troisième Lune. Tous les trois ans revient la Grande Année, elle renferme un mois de plus ; en sorte que nos années lunaires rattrapent vos années solaires.

Comme j’étais un garçon, je fus un sujet de réjouissance dans ma famille et parmi nos nombreux amis. Si, par hasard, j’avais été fille, c’eût été tout autre chose. J’en dirai le motif dans le chapitre sur les petites filles de mon entourage. Mon très vieux grand-père sourit de joie, quand la nouvelle lui parvint à Fong-Chuen, à trois cents milles dans l’Est, où il tenait un emploi de sous-chancelier lettré.

Les congratulations plurent, sous la forme de présents : riches vêtements, bijoux, pieds de cochon. Ces dons affluèrent juste un mois après ma naissance ; ce jour est célébré comme celui du baptême en Amérique. Ce jour-là, que nous appelons l’Accomplissement de la Lune, mon nom me fut donné.

Le surnom de Li me vint du domaine que ma famille possède en commun, et lorsque l’on eût ajouté Yan-Fou, qui signifie Trésor par la faveur impériale, cela fit Li-Yan-Fou. Mais je n’arrange pas mes divers noms suivant la coutume américaine.

Les noms que nous recevons en cette circonstance ne sont pas comme les vôtres, Jack, Harry ou Dick, mais des mots usuels choisis dans le dictionnaire à cause de leur joli sens, ou parce qu’on leur suppose le pouvoir d’éloigner les influences funestes. Vous devez savoir qu’en Chine, aussitôt qu’un enfant est né, on étudie les présages, et parfois l’on prédit les vicissitudes de sa destinée avec une surprenante précision.

En vue de chasser les influences malignes de la tête d’un enfant, la classe riche dépense souvent de très fortes sommes.

À chaque dieu, surtout au Génie de la Longévité, l’on fait des vœux, l’on promet des offrandes annuelles, si le dieu se fait le protecteur de l’enfant et le tire des mauvais pas ; et alors, bon gré mal gré, l’idole est supposée tenue d’être le gardien tutélaire du nouveau-né. Ainsi d’aveugles diseurs de bonne aventure sont payés pour intercéder en faveur du baby auprès de leur idole particulière. Si vous viviez en Chine, vous connaîtriez toute la séquelle d’amulettes que portent les jeunes garçons. Elles sont quelquefois d’or ou d’argent, mais souvent ces colliers sont composés de simples morceaux de papier sur lesquels sont des caractères mystérieux tracés par des bonzes ; ces mots sont supposés efficaces pour chasser les mauvais esprits. Les bonzes, les diseurs de bonne aventure, les loueurs de pagodes, les voyants, les astrologues font de ces petits objets un fructueux commerce. Pour ces talismans, et la bienveillance de l’idole étant une question de vie ou de mort, de bonheur ou de malheur futur pour l’enfant, le pauvre aussi bien que le riche dépense l’argent nécessaire, et, pendant toute la vie de leur progéniture, les parents paient une redevance annuelle pour ces amulettes.

Au jour correspondant à mon jour de baptême, les amis vinrent me voir et féliciter ma famille, et il y eut fête en mon honneur.

Lorsque les convives s’en vont, ils emportent chacun une tranche de porc rôti comme un souvenir pour le retour.

Car vous saurez que le porc rôti est le plat national de la Chine, aux jours de réjouissance. Aucune circonstance ne va sans cela, ni solennité religieuse, ni cérémonie en l’honneur des ancêtres, ni mariage, ni anniversaire.

Une particularité de la fête dont je parle fut que ma mère eut la permission de prendre tant qu’elle voulut de pieds de cochon assaisonnés au gingembre. C’est une croyance qu’une femme pourra allaiter plus abondamment son baby, si elle se rassasie de ce mets délicieux.

Les remarques que j’ai faites depuis me conduisent à supposer que, comme c’était l’hiver, j’étais emmailloté dans des langes, et je crois que le poids de ces vêtements aurait étouffé un baby américain de constitution ordinaire. D’abord, il y avait plusieurs chemises de dessous, en coton ; puis, une jaquette, puis une seconde jaquette ; puis, une robe ouatée ; ensuite, une jupe de calicot éclatant ; enfin, sur le tout, une bavette ou mentonnière. Je portais aussi un bonnet ; mais l’on ne me mit pas de souliers avant que je fusse capable de marcher. Ma tête était rasée, excepté une mince touffe, qui était le commencement, l’embryon, puis-je dire, de ma queue future.

Puisque nous avons parlé de l’hiver, sachez que le climat de ma ville natale est semblable à celui de Canton qui est situé à 75 milles plus au nord. Quoique la neige n’y tombe point et que la glace y soit chose inconnue, l’air y est assez froid pour rendre le feu désirable. Mais les maisons chinoises — et cela me paraît aujourd’hui assez bizarre, — sont construites en vue de l’été, et plutôt contre la chaleur que contre le froid. Et l’on n’y connaît pas les installations telles que bouches de chaleur, fourneaux, calorifères. Pour nous prémunir contre le froid, nous recourons à des vêtements épais, et les manches sont d’une coupe très longue, à cet effet. Une conséquence comique de cela est que jeunes et vieux paraissent deux fois plus gros en hiver qu’en été.

Comme enfant, j’eus mes jouets : clochettes, crécelles et autres bibelots. Mais il n’y a pas, en Chine, cet objet béni qu’est le berceau, dans lequel on câline et balance l’enfant pour l’endormir ; il n’y a pas de couchette séparée. Je dormais avec ma mère et je ne doute pas que je ne me sois parfois égosillé à crier parce que j’avais trop chaud ; car, les vêtements de nuit, qui étaient multiples et chaudement ouatés me couvraient quelquefois tout entier et me rendaient la respiration très difficile. J’étais suffoqué, asphyxié, et je tentais de crier ; et ma mère faisait tout, hors de me donner un peu d’air et de liberté. Innombrables furent les drogues que l’on m’administra ; car les médecins chinois prétendent qu’ils peuvent guérir les criailleries nocturnes des enfants.

Les mères américaines ne se forment pas une idée de la tyrannie que les mères chinoises supportent de la part des médecins et des vendeurs de charmes, qui escomptant leurs craintes superstitieuses, quand il s’agit du bien-être et de la santé des enfants.

Dans la journée, j’avais pour m’asseoir une chaise de bambou ; elle était munie d’une planche de rebord, qui glissait en avant et en arrière et me servant de table pour mes jouets et de barrière : en cette posture obligée j’ai passé des heures, cependant que ma mère me veillait en filant le lin.

Nos coutumes orientales sont trop simples pour que nous ayons inventé le luxe des voitures d’enfants. Nous avons à la place notre écharpe de transport. Elle consiste en une pièce de toile épaisse, d’environ deux pieds carrés, brodée intérieurement, coloriée extérieurement de belles images, et ayant une bande aux quatre coins. Pour me placer dans cette écharpe de transport, le seul véhicule que j’eusse, ma mère ou une servante devait se baisser. J’étais alors posé sur son dos, et deux cordons passaient sur la poitrine de la porteuse ; les deux autres autour de sa taille. Mes jambes, durant la course, sautaient hors de taille, mais néanmoins, c’était pour moi un très confortable siège, quoique je doute que ce fût aussi plaisant pour celle qui me portait.

Mes plus précoces souvenirs se rapportent au salon du rez-de-chaussée dans la maison de mon aïeul ; l’aile droite du logis avait été laissée à mon père au temps de son mariage. C’était une pièce longue et étroite, avec des murs de brique nue, dans lesquels il n’y avait pas de fenêtres sur la rue. L’air et la lumière venaient par une longue et étroite ouverture percée dans le toit. Mais, aussi bien que la lumière et l’air, la pluie tombait par là.

L’ameublement du salon était simple : un canapé de bambou, une table carrée, quelques chaises à large dossier droit, quelques bancs longs et étroits, et une paire de tabourets.

On remarque partout en Chine cette ascétique simplicité.

Je me souviens très bien de l’inconfortable lit chinois. Des planches servaient de montants, et des bancs supportaient ces planches. À nos lits, il y avait, pour surmonter le tout, la charpente d’un lourd baldaquin qui, au temps où il était neuf, était évidemment sculpté et doré. De ce baldaquin pendaient des moustiquaires. Le sol était recouvert de briques d’un pied carré pour tapis. Il n’y avait aucune cheminée ; pas d’ustensiles de chauffage ; quelques modestes ornements. En été, ces pièces étaient fraîches et agréables. Mais le vent et le froid de l’hiver les rendaient ensuite sans attraits.

II
la maison et la famille

La première enfance est un aimable stage de la vie pour un Oriental. C’est le seul temps où il reçoive des marques d’affection. Les habitudes de la famille en Chine sont telles, que, dès qu’un enfant commence à comprendre, non seulement on l’instruit à obéir, mais on ne lui laisse plus aucune liberté d’action.

Toute personne en Chine est sous la stricte sujétion de quelqu’un. L’enfant, lui, est le sujet de ses parents ou de son gardien. Eux, à leur tour, sont subordonnés à leurs parents.

Le magistrat est considéré comme le père du peuple qu’il gouverne, et l’Empereur est, devant ses sujets, dans le rapport de père à enfants. Les femmes sont soumises à leurs pères ou à leurs maris.

Obéissance et respect plutôt qu’affection, voilà ce que l’on demande à l’enfant chinois. C’est pourquoi sa vie domestique est contrainte et engourdie. Là, l’enfant n’atteint son type idéal que lorsqu’il est accoutumé à refréner ses impulsions affectueuses, lorsqu’il contient toutes ses émotions, lorsqu’il est uniformément respectueux envers ses supérieurs. Conséquemment, l’enfant est stylé à marcher obséquieusement derrière ses maîtres, à ne s’asseoir que lorsqu’il y est invité, à ne parler que si quelque question lui est posée, à saluer ses supérieurs correctement de leurs titres. Ce serait pour lui le comble de l’impolitesse, de prononcer le nom de son père ou d’appeler par leurs noms ses oncles ou ses frères aînés. Les enfants disent à leur père : « A-dé », ou, si l’on veut « A-ye » ce qui correspond à « papa ». Maman » en chinois est « A-ma ». La syllabe A est un préfixe dicté par la recherche de l’euphonie et les convenances de la prononciation.

Dans le même ordre d’idées, nous disons « A-suk » à un oncle, « A-ko » à notre frère aîné, « A-ha » à notre sœur aînée. Les cousins du côté paternel sont comptés comme frères. L’enfant doit se lever de sa chaise quand ils approchent. S’il est pris à partie pour quelque chose qu’il ait faite, il ne doit jamais répliquer, ni chercher une justification.

Une telle faute ne serait pas aisément pardonnée : un double châtiment viendrait aussitôt corriger le coupable. Combien de fois me suis-je repenti de mon imprudence à contredire mes parents, mes oncles, mes professeurs ! Souvent, je tentais de fournir des explications sur une apparence de mauvaise conduite. Mais les Chinois n’acceptent pas de discussions sur de semblables sujets. Il vaut mieux, pour un fils accusé, un pupille, un serviteur, souffrir la punition en silence, même s’il a conscience de n’avoir pas mal agi. Cela paraît vraiment déraisonnable, et, en fait, cela nourrit une morosité, un esprit caché de rébellion, avec la seule crainte d’être surpris. Mais les Chinois estiment cette méthode absolument nécessaire pour le maintien de l’autorité. Dans chaque famille, le rotin est toujours prompt à la maison, vu la majestueuse colère que provoque l’outrage aux lois familiales. Il n’entre pas dans mon intention de représenter les Chinois comme naturellement cruels. Ils ne le sont pas. Simplement, ils maintiennent dans la famille la discipline par des moyens empruntés à un autre âge. Les parents et les maîtres ont enduré les mêmes traitements. Les coutumes de leurs ancêtres commandent cela, les enseignements de Confucius prescrivent cela, et les lois de l’Empire y apportent le concours de leur autorité.

En réalité, dans les classes inférieures et moins éduquées, nous trouvons la discipline familiale moins stricte que dans les milieux plus élevés de la nation. Quant à moi, il m’advint de naître dans la plus haute des conditions moyennes. Il n’y a pas en Chine de caste, dans le même sens qu’il en existe aux Indes. En Chine, la faveur, la littérature, les emplois officiels anoblissent une famille et peuvent l’élever d’un rang inférieur à une situation prépondérante. Les règles et le gouvernement de ma famille étaient aussi rigoureux que possible. J’ai vécu les années de mon enfance dans un effroyable état d’esprit. Comme tous ceux de cet âge, j’avais besoin de crier, de sauter, de galoper, de montrer mes répugnances ou mes affections, de laisser la bride à la vie animale, à mes impulsions pleines d’étourderie. Mais, comme le poulain qui traîne les harnais, j’étais refréné et courbé. Ma langue était enchaînée, mes pieds étaient entravés par ma crainte de mes aînés. Mon père était un homme austère, comme avait été son père à lui. Il est resté très nettement dans mon souvenir, à cause des peurs qu’il m’a causées.

Pourtant, il était foncièrement bon et doux.

Bien que les circonstances dans lesquelles j’ai essuyé des punitions aient été relativement rares, je me souviens de la constante impression de frayeur que j’éprouvais, quand j’avais commis quelque action contraire à la conduite que doit tenir un jeune Chinois bien né. Le rotin de bambou était suspendu au-dessus de ma tête comme l’épée de Damoclès. Ma mère, qui vit encore, me sauva maintes fois de ses coups, en me donnant un avertissement opportun ou en cachant mes méfaits à la connaissance de mon père. Mais elle n’était pas indulgente au point de m’épargner un châtiment que j’eusse absolument mérité.

Notre famille se composait de mon père et de ma mère, d’un frère de quatre ans plus âgé que moi, d’une sœur de deux ans plus jeune, de moi enfin. J’eus deux sœurs qui moururent avant ma naissance, par le cours de la nature ; laissez-moi l’ajouter, car l’horrible coutume de l’infanticide des filles n’était, en ce qui concerne notre région dans l’Empire, connue que par les livres et fort réprouvée[2].

J’ai dit précédemment que nous occupions un côté de la maison de mon aïeul. Le bâtiment n’avait qu’une entrée. Le plan ci-joint en offre la description.

A, comprend tout l’espace, au-dessus duquel une ouverture laisse voir le ciel et qui correspond au compluvium des habitations romaines. Il y avait cinq de ces ouvertures dans notre maison. Par là, venaient l’air, le vent, la pluie. Vous pouvez facilement imaginer que ce sont là, dans les maisons chinoises, de faciles entrées et sorties pour les brigands et les voleurs. La nuit, il semble qu’il n’y ait de protection contre les gens de cette espèce que dans la vigilance et le courage des veilleurs qui, frappant les heures de la nuit sur une pièce de bambou et faisant la ronde, avertissent les malfaiteurs d’avoir à s’esquiver, s’ils sont trop près. Le veilleur chinois remplit le double emploi de gardien et d’horloge ambulants. Et, quoique les horloges soient d’un usage commun, mes compatriotes n’ont pas encore adopté, pour connaître l’heure, l’usage des sonneries.

Si vous examinez le plan, vous verrez que la maison n’a qu’une seule entrée régulière. Ayant passé le seuil, vous êtes dans le vestibule, qui ouvre sur le compluvium par trois portes à deux battants ; toutes servent dans les grandes occasions ; mais, en temps ordinaire, on n’ouvre qu’une des portes de côté. Après avoir franchi le vestibule et être descendu par une marche dans le compluvium, vous avez la pleine vue de la salle d’audience, qui est décorée et qui sert dans les circonstances solennelles, comme les jours du nouvel an, les mariages, les funérailles, ou pour d’autres éventualités, comme la réception de personnages distingués. De chaque côté, il y a une aile, la bibliothèque, et l’appartement des hommes. Le seul passage vers celui des femmes traverse la salle d’audience. C’est là qu’il y a trois couples de portes, deux étant toujours fermées, celle du côté droit restant ouverte pour l’usage journalier. Un paravent est devant l’entrée ; car la pire chose qui puisse arriver est que les visiteurs mâles regardent dans l’appartement des femmes et voient les membres féminins de la famille.

1. Jardin. — 2. Chambres — 3. Cuisines — 4. Petit salon. — 5. Parloir des dames. — 6. Petit salon des hommes. — 7. Salle d’audience. — 8. Ailes. — 9. Bibliothèque. — 10. Salle d’études. — 11. Vestibule. — A. Ciel ouvert.

Mon aïeul avait la chambre située derrière le parloir des dames, car cette pièce est généralement considérée comme la meilleure à cause de sa situation centrale. L’autre aile était occupée par un oncle et sa famille. Derrière cette partie de la maison étaient la cuisine et les chambres des serviteurs et des servantes. Le jardin possédait un puits.

Je crois que je vous ai donné l’impression d’une habitation divisée en deux parties : la façade appartenant aux hommes, et le derrière aux femmes. Quant à la chambre de mon aïeul, aucune femme de la famille ne pouvait en passer le seuil, hors les grandes circonstances.

Je ne fais pas mention de caves, puisqu’il n’y en avait pas. Les murs étaient de briques couleur d’ardoise. La toiture de tuiles reposait sur ces briques et sur des poutres, depuis le vestibule jusqu’au jardin.

Les chambres étaient hautes et aérées. Sans les orages et sans les vents d’hiver, elles eussent été très confortables. Je l’ai dit déjà, la maison était simplement meublée. Le hall d’audience était la salle des fêtes. Une longue table de milieu, avec des vases et des bibelots curieux, se trouvait derrière une autre, carrée, en acajou. Elle était flanquée de deux rangs de sièges du même bois, séparés par de petites tables à thé qui supportaient les tasses des hôtes. Il y avait une paire de pliants garnis de cuir.

Sur les murs, des aquarelles.

Yan-Fou-Li
(A suivre.)


Traduit par Léon Charpentier.


  1. Les impressions d’enfance et de jeunesse que l’on va lire ont été écrites en anglais par un Chinois, Yan-Fou-Li. Yan-Fou-Li, un peu après sa douzième année, séjourna à Shanghaï. Ensuite, il partit pour l’Amérique, débarqua à San-Francisco et s’établit dans la Nouvelle-Angleterre.

    On s’est attaché particulièrement, en cette traduction de ses souvenirs, à rendre le caractère de douce puérilité qui apparaît toujours dans la pensée et sans le style d’un Céleste.

  2. Les infanticides de filles ont été constatés dans les provinces de Canton, Fo Kien, Tché-Kiang, Chang-Si, par un édit des deux reines-mères régentes, publié par la Gazette de Péking, les 13e et 14e jour de la Deuxième Lune (29 et 30 mars 1866). Cet édit invitait les préfets et sous-préfets des villes à organiser des orphelinats destinés à recueillir les enfants abandonnés. « De la sorte, disaient les régentes, les pauvres ne pourront plus objecter leur pauvreté, pour se justifier du crime abominable de tuer les enfants qu’ils ont engendrés. »