Protection des forêts au Canada, 1912/06

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Partie VI

Rapport du Comité des Forêts, Commission
de la Conservation, 1912

(Présenté à l’Assemblée Annuelle à Ottawa)

Il est sans contredit que les deux entreprises les plus importantes, menées à bonne fin par la Commission, au cours de ces années dernières, sont : la création de la Réserve Forestière des Montagnes Rocheuses, et le contrôle, par le gouvernement, des incendies allumés par les chemins de fer, grâce aux modifications apportées à la loi des chemins de fer, et à l’adoption de règlements appropriés à cette fin par les Commissaires des chemins de fer.

À part le recensement des forêts dans les comtés de Peterborough et de Hamilton, Ontario, effectué l’été dernier, sous la direction du Dr. B. E. Fernow, et la conclusion d’une étude sur la taxation des forêts au Canada par M. A. Donnell, les principaux travaux du Comité des Forêts pendant l’année écoulée, ont porté sur les divers points du problème des incendies des forêts. Le Forestier de cette Commission a été aussi nommé Inspecteur en chef des incendies par la Commission des Chemins de fer. Cet homme a, naturellement, consacré la plus grande partie de son temps à l’organisation, sur place, du travail consistant à prévenir les incendies causés par les chemins de fer. Toutefois, quelques-unes des phases générales du travail forestier ont été étudiées et sont mentionnées en ce rapport. Pour en faciliter la discussion et l’étude, le rapport a été divisé en plusieurs sections, ainsi qu’on l’a indiqué.


Situation des Incendies Causés par les Chemins de fer

I. Lignes Soumises au Contrôle de la Commission des Chemins de fer

L’émission de l’ordonnance No. 16,570 par la Commission des Chemins de fer, à la date du 22 mai 1912, a ouvert une nouvelle ère de protection contre les incendies allumés par les chemins de fer au Canada.

Cette mesure a pour origine la requête, présentée en 1909, par le gouvernement de la Colombie-Britannique, à l’effet que la Commission ajoute une clause relativement aux moyens préventifs à prendre contre les incendies, allumés par les chemins de fer, le long des lignes en cette province, à celles déjà en existence, et qui exigent que les locomotives soient munies de pare-étincelles qui, tout en étant indispensables, ne sont cependant pas encore absolument efficaces.



La Nouvelle Législation

La Commission de la Conservation a grandement contribué à l’adoption des lois de 1911, qui exigent des compagnies de chemins de fer un service de patrouille par leurs employés ; c’est aussi cette Commission qui a puissamment aidé à la rédaction et à l’acceptation finale de l’ordonnance 16,570.

Outre la mise en usage des pare-étincelles sur les locomotives, les dispositions relatives à la défense de faire usage de lignite, et la construction de coupe-feux, contenues dans les ordonnances antérieures, la nouvelle ordonnance exige des patrouilles spéciales de la part des employés des chemins de fer, l’enrôlement de toute l’escouade des employés sur les lignes de chemins de fer en un corps de protection contre l’incendie ; la destruction par le feu de toute matière inflammable sur le passage de la voie, et l’application de l’ordonnance au temps de la construction aussi bien qu’à celui de la mise en service des voies ferrées. Cette ordonnance, qui fait retomber sur les compagnies de chemin de fer elles-mêmes, le cas échéant, la responsabilité de prévenir les incendies, le long de leurs lignes, va plus loin que toute autre législation similaire des États-Unis ou du Canada ; et l’on peut dire à juste titre, que le Canada occupe, sous ce rapport, le premier rang sur ce continent. Quant aux lignes du Canada, qui ne relèvent pas de la juridiction de la Commission, les obligations imposées aux compagnies de chemins de fer, en ce qui regarde les moyens préventifs contre l’incendie, sont décidément plus avancées dans la Colombie-Britannique, l’Ontario, et Québec que dans toutes les autres provinces.

Vers la fin de mai, le Forestier de la Commission de la Conservation a été nommé Inspecteur en chef des incendies pour la Commission des Chemins de fer, grâce à l’entente conjointe de l’Hon. M. Sifton et de feu Mabee, Commissaire en chef des Chemins de fer.



Organisation de l’Escouade de Protection

On s’est occupé immédiatement de l’organisation du travail de protection contre les incendies allumés par les chemins de fer. Des pourparlers ont été échangés entre les fonctionnaires des chemins de fer dans l’Ouest et les représentants du département des Terres de la Colombie-Britannique et des divisions des Forêts et des Parcs au département de l’Intérieur. L’Inspecteur en chef des incendies a adressé ensuite des lettres d’instructions aux différentes compagnies de chemins de fer de la Colombie-Britannique, de l’Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba, qui prescrivaient les mesures à prendre par chacune d’elles, en vue de prévenir et de maîtriser les incendies, pendant le reste de la saison.

Pour assurer le mise en vigueur de ces diverses prescriptions, des arrangements ont été faits en vertu desquels certains fonctionnaires de la division Forestière de la Colombie-Britannique et de celles des Forêts et Parcs du Dominion, ont été nommés inspecteurs d’incendies par la Commission des Chemins de Fer. Ces inspecteurs locaux ont été revêtus du pouvoir de modifier les prescriptions, conformément aux sites locales. On arrive ainsi à assurer une protection adéquate moyennant un minimum de frais pour les compagnies de chemins de fer. En certains cas, ces hommes ont dû consacrer tout leur temps à ce travail ; en d’autres, ils l’ont effectué concurremment avec leurs autres occupations régulières.

Quelque retardement est survenu, par suite des difficultés, éprouvées par les compagnies de chemins de fer à engager des équipes additionnelles d’hommes ; ailleurs, les patrouilles prescrites n’ont pas été nécessaires, vu les pluies extraordinairement abondantes de la saison. Le plan adopté a fonctionné à merveille. La dernière partie de la saison des incendies a été anormalement pluvieuse, de sorte que les pertes causées par les feux sont très légères, et les membres de la nouvelle organisation n’ont pas été occupés outre mesure. Grâce à une meilleure organisation sur laquelle il sera permis de compter, le travail de l’année 1913 devra être exécuté d’une manière très satisfaisante.



Coupe-Feux

Les règlements concernant la construction des coupe-feux sont demeurés pratiquement les mêmes qu’ils étaient les années précédentes, à l’exception de ceux qui ont été requis pour le Manitoba, et qui sont une addition à ceux de l’Albert a et de la Saskatchewan. Le Gardien en chef des incendies du département de l’Agriculture de l’Alberta, a été promu au grade d’Inspecteur des gardiens d’incendies ; on propose d’adopter un plan semblable pour la Saskatchewan. On étudie maintenant la question des coupe-feux, en vue de faire correspondre ce qui sera nécessaire aux conditions locales, moyennant un minimum de frais pour les compagnies, tout en occasionnant le moins de perte et de dérangement possible aux propriétaires fonciers.



Nettoyage du Passage de la Voie

On a fait aussi beaucoup en surveillant de près des dispositions de l’article 297 de la Loi des chemins fer, qui ordonnent la destruction de toute matière inflammable le long du passage de la voie.



Locomotives Chauffées au Pétrole

Le travail d’organisation dans l’ouest une fois terminé, la saison des incendies de 1912 était trop avancée pour entreprendre la même besogne dans l’est. Toutefois, la Commission des Chemins de fer a entrepris d’obtenir la coopération des gouvernements d’Ontario, Québec, Nouveau-Brunswick, et Nouvelle-Écosse. Quelques-uns de ces gouvernements ont adopté le plan sans délai, d’autres ont procédé plus lentement ; la cause du retard provenant surtout de la nomination de l’Inspecteur provincial des incendies. Il sera également nécessaire de nommer un certain nombre d’inspecteurs subalternes dans l’Ontario, Québec et le Nouveau-Brunswick, pour aider l’inspecteur à organiser les détails du travail à exécuter. On espère néanmoins, que l’organisation sera complétée ultérieurement, et que les dispositions de l’ordonnance, relatives aux patrouilles, seront étendues à tout le Dominion, pendant la saison des incendies de 1913.


2. Lignes non Soumises au Contrôle de la Commission
des Chemins de Fer


Chemins de Fer du Gouvernement

Afin de compléter toute protection possible en vertu de l’ordonnance 16, 750, en ce qui regarde les lignes qui relèvent de la Commission des Chemins de fer, on a recommandé que les chemins de fer Intercolonial et Transcontinental National, qui ne relèvent pas de cette Commission, organisent une protection contre les incendies, en conformité du plan tracé dans l’ordonnance 16, 570. Bien que l’on ait effectué une certaine somme de travail de protection contre les incendies, ce n’est pas encore suffisant, et l’on a laissé peser lourdement le fardeau de la patrouille sur les autorités provinciales. La Loi des Chemins de fers et l’Ordonnance 16,570 obligent le gouvernement du Dominion à exiger des compagnies de chemins de fer une protection efficace contre les incendies qui peuvent s’allumer le long de leurs voies ferrées. Il est tout à fait logique que les chemins de fer du gouvernement donnent eux-mêmes l’exemple.



Chemins de Fer Provinciaux Chartrés

Dans les différentes provinces, la situation, en ce qui regarde les chemins de fer qui ont obtenu des Chartres provinciales, est la suivante :

Nouveau-Brunswick. — Dans le Nouveau-Brunswick, une modification de 1911 stipule que chaque compagnie de chemin de fer, sur avis de l’Arpenteur Général devra fournir, entre le 1er  mai et le 1er  décembre de chaque année, un automobile à grande vitesse, monté par au moins trois hommes, pour faire une patrouille, quinze minutes après le passage d’un train à travers une forêt ; l’Arpenteur Général désigne la partie de la ligne qu’il faudra visiter. Les frais d’une telle patrouille sont à la charge de la compagnie du chemin de fer. Cette exigence est par trop rigide, et l’on est sous l’impression que son efficacité serait accrue de beaucoup, si l’on donnait à l’Arpenteur Général toute liberté de choisir le genre de patrouille et le temps qui lui conviendraient le mieux. En d’autres termes, le gouvernement pourrait s’inspirer des points généraux de l’ordonnance 16,570. Toutefois, l’observation de la loi, telle qu’elle existe actuellement, pourrait protéger efficacement les forêts situées sur le parcours des lignes provinciales chartrées. Le point essentiel, en ce moment, est la formation d’une organisation spéciale qui serait chargée de l’exécution de tout le travail de protection contre l’incendie des forêts par toute la province. Nous croyons savoir que le gouvernement s’occupe maintenant de ce sujet.

Nouvelle-Écosse. — En Nouvelle-Écosse, le chemin de fer Halifax and Southwestern est la seule ligne, le long de laquelle il existe quelque grave danger d’incendie, qui soit sujette à la juridiction de la province. Les directeurs du chemin de fer ont volontairement contribué beaucoup à empêcher les ravages causés par les incendies ; mais on croit que cette situation devrait être définitivement réglée par une loi, à la manière des autres provinces.

Québec. — Dans la province de Québec, cette question a été mise à point, par une ordonnance de la Commission des Utilités Publiques Provinciales, laquelle est presque identique à celle qui porte le numéro 16,570 de la Commission des Chemins de fer.

Ontario. — Dans l’Ontario, les dispositions d’une loi provinciale semblent faire face aux nécessités d’une manière satisfaisante : des gardiens d’incendies sont, aux termes de cette loi, placés le long des lignes de chemins de fer, et les dépenses d’entretien payées par les compagnies intéressées.

Provinces des Prairies. — Les chemins de fer du Manitoba, de la Saskatchewan, et de l’Alberta sont presque tous soumis à la juridiction de la Commission.

Colombie-Britannique. — La Loi de Forêts Provinciales de 1912, qui donne au ministre des Terres pleins pouvoirs, en ce qui regarde la protection des forêts contre les incendies, causés par les chemins de fer, renferme les mesures voulues pour les exigences du pays.

Quant à ce qui regarde les lignes chartrées par les provinces, la situation n’est pas si grave qu’elle peut le paraître de prime abord le réseau de ces lignes non soumises à la Commission, n’est qu’un très faible pourcentage de celui des chemins de fer du Canada. Cependant, la question mérite nouvelle considération en quelques-unes de ces provinces.


Destruction des Branchages

On discute depuis longtemps le sujet de la destruction des branchages et des houppes abandonnés par les exploitants de forêts, mais à part ce qui a été écrit sur papier, on n’a mis à exécution, au Canada, aucune mesure définitive. Ces débris sont certainement le plus grand obstacle à la protection efficace des forêts contre le feu.

La nouvelle orientation politique adoptée dans la Colombie-Britannique, relativement à ce problème est la plus avancée du Canada, puisqu’elle donne pleins pouvoirs au ministre des Terres, quant à la prescription des mesures à prendre et à leur mise en vigueur à l’aide de l’organisation de la division des Forêts complètement équipée.

Lors de l’émission de nouveaux permis et des renouvellements de ceux déjà en existence, les gouvernements du Dominion et des Provinces devraient, tout en faisant observer les dispositions relatives au reboisement, s’occuper plus activement de la protection des forêts contre les incendies, par la destruction des branchages. En plusieurs cas ce n’est pas tant le manque de lois ou de règlements qui fait défaut, mais plutôt l’outillage administratif sur place pour mettre en vigueur les dispositions établies. En conséquence, il importe de prendre des mesures plus complètes, afin de faire exécuter les décisions prises, en augmentant le personnel des forestiers et en élevant le niveau de ce personnel, par le moyen de la classification selon le mérite.

En vue de rendre efficaces les mesures que les chemins de fer sont tenus de mettre en vigueur, pour la protection des forêts contre les incendies, le long de leurs lignes, il importe d’établir des dispositions concernant la destruction des matières inflammables adjacentes au passage des voies ferrées à travers les forêts. Il est nécessaire de faire disparaître les matières inflammables, sur une large bande, de chaque côté du passage de la voie ferrée, et de rendre cette condition fondamentale, lors de l’émission ou du renouvellement d’un permis. On devrait exiger les mêmes précautions, le long des routes de voitures, passant à travers certaines parties des forêts.


Protection Coopérative Contre l’Incendie

Un des événements les plus encourageants de l’année dernière, relativement à une meilleure protection contre les incendies des forêts de l’est, est la fondation de l’Association Protectrice des Forêts du St. Maurice. Elle est composée de propriétaires de coupes de bois dans la vallée de St. Maurice, Québec. Pendant la dernière saison, elle a retenu les services d’un directeur, de trois inspecteurs et de 50 forestiers pour surveiller ces forêts. Grâce à cette mesure préventive, 97 commencements d’incendies ont été éteints ; un seul incendie, survenu dans une ancienne exploitation, a causé un dommage notable. En plus de l’établissement des patrouilles, on a commencé des travaux d’améliorations permanentes, telles que le tracement de sentiers, l’installation de communications téléphoniques et des postes de surveillants. Les dépenses sont couvertes par une contribution versée par les propriétaires de coupes de bois, proportionnellement à l’entendue de leurs concessions, et par une certaine somme fournie par le gouvernement de Québec, à titre de protection de la propriété provinciale. Espérons que l’exemple de cette organisation se multipliera. Des résultats semblables ont été obtenus par la formation d’associations coopératives d’exploitants de bois dans les états du nord-ouest, sur la côte du Pacifique.


Inventaire des Forêts et Statistiques des Incendies



Inventaire des Forêts Provinciales

Avant de dresser d’une manière intelligente et d’adopter un plan d’administration des forêts, il est indispensable de connaître les conditions de son exécution. À ce sujet il importe grandement de faire un inventaire général des ressources forestières du Canada et de leur localisation. On s’est complu à publier que ces ressources étaient illimitées, mais tel n’est pas, paraît-il, le cas. La tâche d’entreprendre, directement, cet examen des forêts par la Commission de la Conservation, serait une tâche énorme, qui nécessitera des années de travail, l’organisation d’un immense personnel et des crédits considérables. Mais, il y aurait moyen de procéder autrement.

La province de la Nouvelle-Écosse a effectué pareil inventaire, pendant les étés de 1909 et 1910, sous la direction du Dr . B. E. Fernow. La division des Forêts, du département des Terres de la Colombie-Britannique, a commencé un inventaire des forêts de cette province. Il est absolument logique qu’un tel genre de travail soit exécuté par l’intermédiaire d’organisations locales, et il importe que cette Commission recommande d’agir selon un pareil plan. La division des Forêts, au ministère de l’Intérieur, devrait entreprendre cette tâche dans les provinces de l’Alberta, de la Saskatchewan, et du Manitoba. Dans les provinces de Québec et de l’Ontario, le travail des organisations déjà existantes devrait être étendu ; au Nouveau-Brunswick, l’Arpenteur Général est tout désigné pour la direction de l’entreprise.



Statistiques des Pertes Causées par les Incendies

On recommande aussi à cette Commission d’insister, auprès des gouvernements intéressés, pour qu’ils établissent un système de recueil de statistiques ayant trait aux pertes attribuables aux incendies des forêts. Les données antérieures, en plusieurs cas, sont très incomplètes et pour ainsi dire inutiles. Nous ne possédons que peu de renseignements dignes de foi sur le nombre d’acres de forêt, la valeur du bois et les autres propriétés détruites par le feu. De pareilles données sont nécessaires, afin de connaître les mesures préventives déjà en action, sur lesquelles seront basées les nouvelles à établir.

Extension des Réserves Forestières dans le Nord de l’Ontario



Terres non Arables

M. J. H. White, de la faculté Forestière de l’université de Toronto, a fait, pour la Commission, une reconnaissance d’une partie du Nord de l’Ontario, au cours de l’été dernier. Il ressort de cette investigation qu’une grande portion de l’Ontario, à l’ouest de Sudbury, et au sud de la ligne du partage des eaux, est impropre à l’agriculture, mais est capable de produire du bois. Les incendies ont dévasté d’immenses étendues en ces régions, principalement au temps de la construction des voies ferrées. Toutefois, beaucoup de rejetons ont repoussé, et ils ne demandent qu’une bonne protection pour se rendre à maturité. Il reste encore, loin des lignes des chemins de fer, une certaine quantité de bois marchand ou des coupes de bois, qui n’ont pas été comprises dans les réserves forestières.



Une Réserve Forestière Possible

Quoiqu’il en soit, tout le territoire situé au sud de la zone argileuse, entre les réserves de Temagami et de Nipigon devrait être compris dans des réserves forestières permanentes. Nul doute que cette région rapportera de grands profits plus tard à la province. Mais, c’est une si vaste étendue, et les chances de revenus immédiats sont si peu assurées, que la province ne serait guère justifiable, à présent, d’entreprendre une telle corvée.


Agrandissement des Réserves Forestières du Dominion

Au cours de 1911, la Commission de la Conservation s’est occupée activement de l’établissement de la Réserve Forestière des Montagnes Rocheuses, et a contribué notablement au succès de l’acquisition de cette immense région, qui a porté la superficie des réserves forestières du Dominion de 3,000 à environ 25,000 milles carrés.



Réserves Projetées dans l’Ouest

Durant tout l’été dernier, la Division Forestière du ministère de l’Intérieur a continué l’examen des terres forestières dans l’ouest, des rapports en ont été préparés : ils recommandent d’ajouter environ 10,708 milles carrés, c’est-à-dire une addition de 43 pour cent, aux réserves forestières du Manitoba, de l’Alberta, de la Saskatchewan et de la zone des chemins de fer dans la Colombie-Britannique.

Presque toute cette étendue est impropre à la culture, mais elle pourra produire du bois. Les incendies en ont dévasté une grande portion, de sorte que le bois marchand est très rare, en ces endroits. Toutefois, en plus du bois de sciage qui abonde ça et là, on rencontre de grandes quantités de bois de pulpe, et une vaste étendue couverte de jeunes arbres qui, protégés efficacement contre l’incendie, deviendront du bois de commerce, pendant que les autres ressources s’épuisent. Vu qu’une partie de ces terres boisées se trouve à proximité des nouveaux colons, établis dans les provinces des Prairies, la mise en réserve de cette région et sa protection contre l’incendie sont d’une grande importance. C’est pour cela que l’on recommande d’ajouter ces terres à celles des réserves forestières permanentes.

Du total de cette étendue 72 pour cent se trouvent dans l’Alberta, c’est-à-dire 7,698 milles carrés. Les deux tiers de cette superficie, soit environ 5, 023 milles carrés feraient partie de la réserve forestière de Lesser Slave, située au sud du lac Lesser Slave, et à l’est du chemin qui passe entre Edson et le district de Peace River, dont la ligne de limite est la rivière Athabaska, le reste est formé de plusieurs additions de la réserve des montagnes Rocheuses, dont l’examen des lignes frontières n’était pas complété, lors de l’adoption de la Loi des Réserves Forestières. Ces étendues sont situées à l’est de la limite actuelle et sont composées, en grande partie de bas de collines et de marécages.

Huit et quatre et demi pour cent, respectivement de la totalité du territoire, dont on recommande l’addition à la réserve forestière, sont dans le Saskatchewan et le Manitoba. Ces terres sont couvertes d’épinettes, de sapins et de trembles ; la surface est en partie marécageuse et en partie sablonneuse ; ces terrains n’ont aucune valeur pour la culture agricole, mais conviennent très bien à la plantation forestière et peuvent fournir du bois à de grandes sections des prairies. On a déjà concédé une partie des ces terrains pour l’exploitation de bois sur permis ; en certains endroits, il se fait un immense abatage et sciage de bois.



Réserves Projetées en Colombie-Britannique

L’étendue que l’on recommande d’ajouter à la réserve forestière en Colombie-Britannique comprend, approximativement, 15.5 pour cent du total. Ces régions sont les terres montagneuses boisées, dans la zone des chemins de fer, et sont d’une grande importance pour la protection des sources des cours d’eau que l’on dirige, au moyen de systèmes d’irrigation, sur les régions où l’eau est si essentielle, pour tirer le meilleur parti possible des terres sous culture.


Réserve à Gibier dans les Montagnes Rocheuses

On apprendra, avec plaisir, que la division Forestière du Dominion se propose de recommander de consacrer la partie méridionale de la réserve forestière des montagnes Rocheuses à la protection du gibier. Cette réserve projetée se trouve au nord du « Glacier National Park, » lequel est situé dans la partie nord-ouest du Montana, et qui sert aussi de refuge au gibier. L’établissement d’un pareil refuge, au sud-ouest de l’Alberta qui touche au « Glacier National Park, » a été recommandé depuis plusieurs années par le « Camp Fire Club of America », et par un grande nombre d’hommes de marque au Canada. Il est certain que la proposition de la division Forestière, si elle est adoptée, rendra d’immenses services en ce qui regarde la conservation de la vie animale dans la région des montagnes Rocheuses.

Il importe aussi grandement que le gouvernement de la Colombie-Britannique suive cet exemple, et qu’il établisse une réserve à gibier dans la partie sud-est de la Colombie-Britannique qui touche à la région de l’Alberta appelée à être crée en pareille réserve, recommandée par la division Forestière du Dominion, laquelle s’étendra vers l’est jusqu’à la rivière Flathead, coïncidant ainsi avec la limite de l’ouest du « Glacier National Park ».


Forêts de la Nouvelle-Écosse

Pendant les étés de 1909 et 1910, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a ordonné de faire l’examen des conditions forestières de cette province, sous la direction du Dr . B. E. Fernow. Un résumé succinct des résultats a été présenté à l’assemblée annuelle de l’an dernier, et la Commission a publié récemment un rapport complet sur cet examen.

Il appert que l’on ne pourrait pas convertir en culture agricole plus de 20 pour cent de la superficie du pays ; que 10 pour cent de ces terres sont absolument stériles, et que 70 pour cent sous forêt ou pouvant être affectés à cette fin, sont dans un état très précaire, mais sont susceptibles d’amélioration. Le bois marchand sera détruit entièrement d’ici à vingt ou vingt-cinq années, si on continue à l’abattre dans la proportion présente.

La province, comme on l’a clairement démontré, est grandement intéressée à la conservation de ses ressources forestières, et l’on a recommandé au gouvernement de nommer un forestier provincial, possédant la technique des forêts, lequel étudierait la situation dans les différentes localités et agirait en qualité de conseiller ou d’instructeur, c’est-à-dire de professeur ambulant. On recommande à la Commission d’endosser cette proposition et d’insister auprès du gouvernement de la Nouvelle-Écosse, afin qu’il la mette en pratique.

On devrait, sans doute, faire la même recommandation au Nouveau-Brunswick.


Résumé et Conclusions

Il est recommandé :

1. Que le Commission approuve le principe de la coopération entre la Commission des chemins de fer et les organisations fondées dans le but de protéger les forêts contre les incendies du Dominion et des gouvernements provinciaux, dans l’administration et la mise en vigueur de règlements et de mesures préventifs préparés par la Commission des chemins de fer, selon le plan suivi maintenant dans l’ouest, et tel que proposé pour l’est.

2. Que l’on insiste auprès du gouvernement du Dominion, pour qu’il établisse un système de protection contre l’incendie, le long des chemins de fer Intercolonial et Transcontinental National, semblable à celui tracé dans l’ordonnance 16,570 de la Commission des Chemins de fer.

3. Que les gouvernements du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse soient instamment priés d’organiser des équipes de travailleurs distinctes, chargées principalement du travail de protection contre l’incendie des forêts, et de l’inspection de toutes les lignes, ainsi que de la mise à exécution du travail de protection dans toutes les parties de la province ; et que tout ce travail, le long des lignes chartrées par le province, soit exécuté d’après les règlements déjà en force, ou qui pourront être faits, lorsque la chose sera nécessaire.

4. Que la Commission insiste auprès du Dominion et des gouvernement provinciaux, qui n’effectuent pas déjà un pareil travail, sur la question de la destruction efficace des branchages lorsqu’il s’agira d’accorder de nouveaux permis ou de renouveler les anciens. Il importe surtout d’exercer une attention spéciale sur ce sujet pour protéger le pays le long des voies ferrées et les routes du trafic. C’est surtout dans l’Ontario, le Nouveau-Brunswick, et la Nouvelle-Écosse, et dans la division Forestière du ministère de l’Intérieur qu’il est essentiel d’établir une nouvelle organisation forestière, pour étudier et administrer cette partie du travail.

5. Que la Commission approuve l’organisation des associations coopératives des propriétaires de coupes de bois contre l’incendie, et le principe de contribution par les gouvernements provinciaux, en proportion des profits qu’ils en retirent.

6. Que l’on prie instamment le gouvernement du Dominion de commencer l’étude de la somme et de la nature des ressources forestières, et des autres terres à bois sur lesquelles il a juridiction directe ; et que l’on insiste auprès des gouvernements provinciaux de l’Ontario, de Québec, et du Nouveau-Brunswick, pour qu’ils adoptent un pareil système de protection.

7. Que l’on demande aux gouvernements fédéral et provinciaux de recueillir systématiquement des statistiques complètes des pertes causées par les incendies de forêts, partout où l’on a maintenant établi un tel recueil.

8. Que la Commission approuve la coopération, avec le gouvernement de l’Ontario, dans un examen des conditions forestières, en dehors des réserves forestières, dans la partie nord de cette province, au sud de la zone d’argile ; et que l’on invite la province à prêter son concours en ce sens, ainsi que le développement d’un plan de mesures récupératives dans le bassin de la rivière Trent.

9. Que l’on démontre au gouvernement du Dominion la nécessité d’une décision en faveur de nouvelles additions aux réserves forestières, telles que proposées par la Division Forestière.

10. Que l’on adopte le projet de fonder une réserve à gibier dans la portion méridionale de la réserve forestière des montagnes Rocheuses, et dans la portion sud-est de la Colombie-Britannique qui touche au « Glacier National Park » ; et que l’on insiste à cette fin auprès du gouvernement du Dominion et de celui de la Colombie-Britannique.