Projets de trente fontaines pour l’embellissement de la ville de Paris/Planche I


EXPLICATION DES PLANCHES.



PLANCHE PREMIÈRE.



FONTAINE DE LA PLACE SAINT-ANDRÉ-DES-ARTS.


L’irrégularité de la place Saint-André-des-Arts, établie sur l’emplacement de l’ancienne et célèbre église de ce nom, démolie en 1804, m’a déterminé à donner à la fontaine que j’ai composée pour son embellissement une forme circulaire, comme la plus propre à une telle localité. Cette fontaine se compose de deux vasques superposées et de dimension différente ; la plus grande repose sur un piédestal octogone, orné de mascarons, de feuilles aquatiques, d’oves, de têtes de fleuve, et la seconde est supportée par une colonne cannelée en spirale, autour de laquelle se groupent quatre nymphes entrelacées et tenant divers attributs. Ces Naïades sont élevées au-dessus de la vasque principale par un dez à huit pans, afin que la perspective ne détruise pas l’effet qu’elles doivent produire de tel point de vue qu’on les regarde, et ne soient dans aucun cas coupées à l’œil par la saillie de la grande vasque. Un jet-d’eau, qui s’élance du centre de cette composition et qui la domine, retombe dans la vasque supérieure, dont l’eau, transformée en nappe, couvre d’un voile transparent et vaporeux la nudité des nymphes avant de se rendre dans la vasque inférieure, dont elle s’épanche également en nappe dans le bassin d’usage qui forme soubassement à la composition. Ce bassin est entouré d’un trottoir dont le pavé, dessinant des losanges et des compartiments réguliers, est formé de dalles de pierre variées de nature et de couleur ; seize bornes les protègent.




FONTAINE DE LA PLACE DES PETITS-PÈRES.


La fontaine actuelle, construite en 1671, près du couvent des Augustins déchaussés, dits Petits-Pères, devant être démolie pour régulariser la place sur laquelle elle se trouve, je propose de lui substituer celle-ci, qui serait placée dans l’axe de l’église et en avant du portail, de manière à être vue du carrefour où aboutissent les rues Notre-Dame-des-Victoires, du Mail, Vide-Gousset, et des Petits-Pères. Comme celle déjà décrite, et par les mêmes motifs, sa forme est circulaire ; son bassin est surélevé de deux marches ; le pavé qui l’entoure est protégé par huit bornes. Au centre du bassin s’élèvent quatre socles, ornés de coquilles et de feuilles d’eau, sur lesquels sont placés des Dauphins dont les queues enroulées aident à supporter une vasque principale. Cette vasque repose sur un fût de colonne décorée de feuilles marines ; au milieu, et sur un piédestal d’où s’échappent quatre jets sortant des mufles de Lions marins, sont quatre petits Génies enfants, se tenant par la main et adossés au fût d’une espèce de candélabre qui porte une vasque supérieure, de laquelle s’élance un jet bien fourni qui achève de donner la vie au monument.




FONTAINE DE LA PLACE BEAUVEAU.


Des quartiers du Paris actuel, ceux du Roule et du faubourg Saint-Honoré sont les plus dépourvus de fontaines publiques. Celle que je propose pour la place Beauveau formerait point de vue aux Champs-Élysées ; elle se composerait de deux vasques supportées chacune par des espèces de tambours ou fûts de colonnes, ornés de feuilles et d’ornements aquatiques. Au centre de la vasque supérieure s’élèverait une statue de Vénus sortant des eaux et tenant une coquille marine, d’où partirait un jet-d’eau qui, en retombant, la couvrirait d’un voile transparent et se répandrait ensuite, de vasque en vasque, par des têtes de lion, jusque dans le bassin d’usage. Comme je l’ai dit dans l’introduction de ce recueil de fontaines, le fer fondu pour les sculptures et les vasques, la pierre dure pour les autres parties de ces monuments, en rendraient l’exécution aussi facile que peu coûteuse et durable.