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Les ÉphémèresAlfred Moret (p. 133-134).

PRIÈRE


 
Mais c’est dans le malheur que l’amour se révèle.
(Mme E. de Girardin, Il m’aimait)


 
Toi qui, par tes vertus, as fait naître en mon âme
Un sentiment profond, une céleste flamme ;
Toi qui, par un regard, sais agiter mon cœur,
Ou le faire renaître à l’espoir, au bonheur ;

Ô toi, dont un seul mot m’afflige ou me torture ;
Toi, qui feins d’ignorer le tourment que j’endure ;
Oh ! daigne m’écouter ! daigne entendre ma voix,
Qui s’élève en ce jour pour la dernière fois.
Rends-moi donc, Idéa, la puissance infinie
Qu’un ange ou qu’un démon te donne sur ma vie !
Vois mes nuits sans sommeil, et mes jours sans repos ;
Faible nocher battu sans cesse par les flots,
Et d’écueil en écueil jeté par la tempête,
Je ne puis rencontrer un abri pour ma tête.
Quand pourrai-je, ô mon Dieu, me voir surgir au port ?
Ah ! j’en aperçois un, le plus sûr…c’est la mort ! ! !

5 mai 18…