Première Introduction à la philosophie économique/Notice

Première Introduction à la philosophie économique
ou analyse des États policés (1767)
Texte établi par Auguste DuboisPaul Geuthner (p. v-xix).

La Première Introduction à la Philosophie économique ou Analyse des États policés fut publiée pour la première fois en 1771 sans nom d’auteur. Celui à qui ce livre est dû, l’abbé Nicolas Baudeau, s’y qualifiait simplement « un disciple de l’Ami des Hommes ». Il avait alors quarante et un ans[1] et il n’était pas un inconnu pour le public. Dès ses débuts comme écrivain les questions économiques l’avaient attiré[2] ; puis il s’était converti à la Physiocratie et à partir de janvier 1767 il avait mis au service exclusif de l’École de Quesnay, des Économistes, comme l’on disait alors, le journal qu’il avait fondé en novembre 1765 les Éphémérides du citoyen[3].

Qui donc l’initia à la science nouvelle ? Nous pensons que ce fut le marquis de Mirabeau. C’est pour cette raison, croyons-nous, qu’il s’intitule disciple de l’Ami des Hommes[4] et que citant ses maîtres il place Mirabeau avant Quesnay[5]. Car sûrement ce n’est pas que Mirabeau ait formé une École dans l’École D’ailleurs Bandeau reconnaît Quesnay comme son chef et il rappelle, avec une évidente satisfaction, que c’est par lui que Quesnay a été dénommé le Confucius de l’Europe[6] ; aux yeux de cet homme enthousiaste de la civilisation et de la philosophie chinoises, il ne pouvait pas avoir de titre plus beau, plus glorieux ; par ce titre il entendait placer Quesnay au rang des plus grands hommes que le monde eût jamais produits. Quesnay fut son maître, Mirabeau fut son précepteur, telle est à notre avis l’explication des termes dont Bandeau se sert dans le présent ouvrage pour retracer la généalogie de sa doctrine.

D’une note insérée par Dupont de Nemours dans les Éphémérides de 1769[7] il résulte cependant que ce furent Le Trosne et Dupont qui amenèrent Baudeau à la foi physiocratique. Et en effet, au moment où les Éphémérides sont sur le point de devenir un organe exclusivement physiocratique l’on trouve dans ce journal[8] une polémique engagée par son rédacteur avec Le Trosne qui écrit de son côté dans le Journal de l’Agriculture ; nous y voyons que Baudeau cède peu à peu et finit par s’avouer vaincu. Au début de la discussion, en avril 1766[9], Baudeau dit en parlant de son contradicteur : « Sans être encore décidément en tout de son parti nous nous tenons jusqu’ici dans un juste milieu entre ses nouvelles Maximes et les anciennes du vulgaire[10]. » Ces nous qui soulignons les mots encore décidément et jusqu’ici[11] qui indiquent que déjà Baudeau est en route vers la conversion et se défend mollement. Dans la feuille du 2 mai 1766 il élève pourtant encore des objections[12] ; mais dans celle du 20 juin, au cours d’un article sur l’État actuel des sciences et des arts, il déclare : « Nous allons plaider avec chaleur la cause des Philosophes économistes, parmi lesquels nous désirons ardemment de pouvoir quelque jour occuper une place[13]. »

C’est à cette date de juin 1766 que Dupont fixe la conversion du fondateur des Éphémérides et Dupont se glorifie d’avoir vaincu les dernières résistances de Baudeau rien que par une demi-page d’observations insérée dans le Journal de l’Agriculture. Néanmoins la profession de foi officielle du néophyte, annoncée dans les numéros du 18 août et du 1er septembre, ne paraît que dans ceux du 24 et du 27 octobre[14]. Dans l’intervalle du 20 juin au 24 octobre la polémique continue avec le Trosne ; mais il est clair que dès lors elle n’est plus que simulée ; sans doute elle n’a plus d’autre but que de préparer progressivement la clientèle des Éphémérides à l’orientation toute nouvelle que ce périodique allait prendre : sans cette précaution, les lecteurs du journal eussent été profondément stupéfaits. Dans cette période, d’ailleurs, Baudeau ne parle plus en son nom quand il contredit Le Trosne : c’est à un « ingénieux anonyme » qu’il attribue les objections opposées à ce dernier[15]. Bien mieux, dans le numéro du 1er septembre[16], il insère purement et simplement un Mémoire dû à l’un de ses correspondants et qui sous le titre fallacieux de Lettres sur la marine des anciens constitue en réalité un manifeste purement physiocratique. Lui-même, et en son propre nom, dans la feuille du 3 octobre[17], traite en physiocrate, avec tous les termes de l’École, de la question de l’esclavage dans sa Réponse à la lettre d’un Américain sur l’esclavage des nègres ; et dans presque tous ses, articles parus depuis le mois de juillet se révèlent des traces de Physiocratie[18]. C’est donc bien, comme le rapporte Dupont, au mois de juin 1766 que se produisit l’adhésion de Baudeau à la doctrine de l’École de Quesnay. Baudeau vint trouver Dupont et les deux contradicteurs, dit encore ce dernier, « s’expliquèrent, s’entendirent, s’embrassèrent, se promirent d’être toujours compagnons d’armes, frères et émules »[19].

Comment comprendre dès lors que dans l’ouvrage que nous rééditons ici Baudeau se qualifie disciple de l’Ami des Hommes, cite Mirabeau et Quesnay comme étant ses maîtres et garde le silence sur Le Trosne et Dupont ? C’est que, si Baudeau fut converti par eux, il fut instruit par les ouvrages de Mirabeau. La polémique de Le Trosne ne portait que sur un point très particulier : la théorie de la Balance du Commerce appliquée au trafic colonial ; ce fut la Philosophie rurale du marquis de Mirabeau qui lui enseigna la Physiocratie et lui donna l’explication des mystères du Tableau économique. Dans un passage cité par M. de Loménie, Mirabeau complète sur ce point le témoignage de Dupont : les premières dissertations économiques de Baudeau n’étaient encore, dit-il, « que des papotages où l’abbé, qui alors ne savait rien, battait l’eau à son aise. Dupont qui traitait dans le Journal de l’Agriculture les questions selon les principes se heurta avec l’abbé. Les deux adversaires firent connaissance. Dupont donna à lire à Baudeau la Philosophie rurale et l’abbé qui est l’esprit le plus primesautier que nature ait jamais fait et que j’ai appelé le Saul économique se retourna dans les vingt-quatre heures, entendit le Tableau qui fut à lui et il n’a fait chemin que depuis lors[20] ».

Converti et initié, Baudeau eut à cœur de vulgariser la doctrine qui lui avait été révélée. Outre des ouvrages et articles de caractère physiocratique sur des questions spéciales[21], il publia dans les Éphémérides de 1767, 1768 et 1770 une Explication du Tableau économique à Madame de ***[22], où les principes de l’École sont lumineusement exposés mais ce n’était encore là, somme toute, que le commentaire d’une œuvre du Maître. Aussi peut-il déclarer que sa Première Introduction à la philosophie économique est le premier Traité[23] de Physiocratie qu’il ait composé c’est là, dit-il, un « ouvrage élémentaire » nous rappellerions plutôt un Cours moyen de Physiocratie, de même que l’Origine et les Progrès d’une science nouvelle de Dupont en est une sorte d’A B C, et l’Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques de Mercier de la Rivière une sorte de Cours supérieur.

Il n’a pas, ajoute-t-il, l’ambition de faire œuvre originale quant au fond[24]. Et il n’y a pas là une fausse modestie de sa part : il n’enseigne que les théories de Quesnay. Mais ces théories il les a repensées ; son œuvre porte l’empreinte de sa personnalité et, surtout quant à la forme, elle présente, parmi toute la littérature physiocratique, une individualité très marquée.

C’est avant tout une œuvre didactique, une œuvre de classification et de définitions. L’auteur tente de réduire par l’analyse la structure si complexe des sociétés civilisées « à un petit nombre de premiers éléments dont la combinaison forme les plus grands États[25] », de présenter « un système simple et clair suivant lequel on puisse classer les parties qui composent réellement les États policés et assigner leurs rapports d’une manière facile à retenir et à mettre en pratique[26] ». L’auteur s’efforce, en outre, de compléter la terminologie de l’École. Que l’on se reporte à l’Index alphabétique que nous avons placé à la fin de ce volume, que l’on cherche les définitions des mots biens, subsistances, matières premières, richesse, richesses de durée, richesses de consommation. subite, etc., et l’on verra combien Baudeau est convaincu de la nécessité, pour la science économique naissante, d’une langue précise. Peut-être même certaines de ses distinctions paraîtront-elles quelque peu subtiles ; peut-être feront-elles songer aux Docteurs du moyen âge : dans l’économiste l’ancien professeur de théologie reparaît quelquefois[27].

Ce qui frappe aussi dans la Première Introduction à la Philosophie économique c’est que Baudeau, à la différence d’autres disciples de Quesnay, n’aborde pas le système par les grandes notions mi-partie d’ordre physique mi-partie d’ordre métaphysique d’Ordre naturel, de Droit naturel, de Propriété personnelle. Sa méthode est beaucoup plus réaliste. Il nous conduit d’emblée au milieu des « États policés » et il nous donne immédiatement une vue d’ensemble de leur activité économique. Nous apercevons les hommes occupés les uns à tirer du sein de la nature les subsistances et les matières premières (art productif), les autres à les transformer et à les déplacer (art stérile), d’autres enfin à assurer les services d’instruction, de protection et d’administration (art social) sans lesquels l’art productif et l’art stérile dépériraient. Et de là le plan général, très simple, de l’ouvrage où l’on pourrait découper quatre grandes parties si l’auteur n’avait cru pouvoir se contenter d’une série de chapitres. La première[28] contient une étude de chacune des classes d’individus que nous avons distinguées du premier coup d’œil : classe propriétaire — qui comprend le Souverain et les propriétaires proprement dits — pratiquant l’art social ; classe productive adonnée à l’agriculture et aux industries extractives ; classe stérile adonnée à l’industrie et au commerce. Notons-le en passant, Baudeau précise que l’industrie extractive, sur laquelle Quesnay avait gardé le silence, fait partie de la classe productive ; il comble également une autre lacune du Tableau économique en distinguant les salariés des chefs d’entreprise dans la classe productive et dans la classe stérile. Viennent ensuite l’analyse des rapports du Souverain avec l’ensemble des classes de l’État[29], puis l’analyse des rapports du Souverain avec chacune de ces classes prises individuellement[30], et enfin l’analyse des relations des diverses nations entre elles[31]. La Première Introduction à la Philosophie économique procède donc beaucoup plus du Tableau économique de Quesnay que de son Droit naturel. C’est sur une substructure descriptive, qui va du simple au composé, que Baudeau bâtit l’édifice de sa philosophie économique. Celle-ci est sans doute dominée tout entière par la notion d’Ordre naturel, mais l’Ordre naturel n’apparaît ici que comme le dernier aboutissement de l’anatomie et de la physiologie sociales. Au lieu de descendre du ciel vers la terre, l’auteur suit la marche inverse.

Et avant de nous élever jusqu’à Dieu il nous fait passer par l’homme. La Première Introduction à la philosophie économique se caractérise encore, en effet, par l’aspect psychologique qu’y revêt la théorie économique. C’est d’abord par la psychologie de l’homme qu’y sont expliqués les phénomènes concrets que l’observateur découvre au sein des « États polices ». Inutile d’ajouter qu’il s’agit de la psychologie de l’homme de tous les temps et de tous les pays l’École physiocratique a pris nettement position contre le relativisme de Montesquieu. L’instinct de la conservation qui se manifeste par la recherche de la jouissance et l’aversion de la douleur, tel est le moteur qui donne le branle initial à l’activité économique et tel est le point de départ des explications fournies par Baudeau. Mais l’homme policé ne se contente pas, comme la plupart des bêtes, de puiser au jour le jour sa subsistance dans la nature qui l’entoure ; il ne se contente même pas d’amasser comme certains animaux plus industrieux, il produit : « Il a poussé la réflexion, la prévoyance et l’adresse jusqu’au point de préparer, d’assurer, de multiplier les productions naturelles d’où dépendent sa conservation et son bien-être[32]. » Ainsi est né l’art productif. Ce n’est pas tout. La réflexion, l’adresse, l’expérience ont appris aux hommes à varier presque à l’infini les objets de leurs jouissances par les formes différentes qu’ils savent donner aux productions de la simple nature, par les divisions et les altérations qu’ils leur font subir, par la manière dont ils les assemblent ou les incorporent l’une à l’autre[33]. » Les facultés supérieures de l’homme lui permettent donc non seulement de multiplier mais encore de transformer les produits de la nature ainsi est né l’art stérile. C’est également, par une filiation assez inattendue, de trois notions d’ordre psychologique : savoir vouloir, pouvoir, que dérive l’art social. « Pour que l’industrie productive et l’industrie façonnante fleurissent dans un État, il faut que les hommes sachent, il faut qu’ils veulent, il faut qu’ils puissent se livrer aux travaux de l’art fécond, à ceux de l’art stérile. Savoir suppose l’instruction, l’exemple ou le loisir de réfléchir et d’inventer. Vouloir suppose la liberté d’opérer et la certitude de profiter de son travail. Pouvoir suppose des moyens de penser par avance, des instruments, des préparations, des secours[34]. » Instruction, protection, administration, voilà par suite » ce qui fait la première essence des États policés. « C’est par ces trois moyens véritablement efficaces que les arts productifs et les arts stériles y fleurissent de plus en plus. L’instruction opère que les hommes savent pratiquer ces arts utiles et agréables ; la protection opère qu’ils le veulent ; la bonne administration opère qu’ils le peuvent. Tous les trois sont proprement l’exercice de l’autorité. L’art d’exercer l’autorité, de la perfectionner de plus en plus est celui que j’appelle art social, le premier de tous, le principe et la cause de tous les autres[35]. » L’État n’est ainsi qu’une émanation des facultés individuelles. Psychologique aussi est la définition suivante de la société, définition que Tarde n’eût pas reniée : « J’appelle société les communications des hommes entre eux, la combinaison de plusieurs intelligences, de plusieurs volontés, de plusieurs forces réunies et tendantes au même but, les relations multipliées par l’instruction, par l’exemple, par l’émulation[36]. »

Remarquons enfin combien est accentué le caractère éthique des théories d’art de Baudeau. Celui qui diminue la masse des productions et par conséquent des jouissances commet un crime[37]. « Le contraire du crime qui détruit, c’est la bienfaisance qui augmente la masse générale des biens ou la somme totale des jouissances par une espèce de création… Entre la bienfaisance créatrice et l’usurpation destructive, il y a la justice qui consiste à mériter sa portion dans la masse générale existante, sans concourir à son accroissement, mais aussi sans nuire, sans empêcher, sans usurper… Donc à considérer les hommes suivant le mérite ou la moralité de leurs actions, il y en a qui concourent simplement à l’entretien de la masse des biens actuellement existants ; il y en a qui concourent à sa diminution, qui détruisent, qui empêchent. Les premiers sont justes, les seconds sont bienfaisants, les autres sont criminels[38]… » Cette morale régit la conduite des particuliers, elle suffit notamment à trancher la question si débattue du luxe permis et du luxe condamnable. L’auteur ne fait ici qu’effleurer cette théorie, mais il l’avait longuement développée dans les tomes I et II des Éphémérides de 1767, en deux véritables Traités Du luxe et Du faste public et privé qui constituent un apport important à la Physiocratie. Sur ce point Quesnay n’avait édicté qu’une règle vague : QU’ON NE PROVOQUE POINT LE LUXE DE DÉCORATION. Le commentaire qu’il avait donné de cette maxime ne fournissait guère d’éclaircissements[39] ; les principes fondamentaux de son système permettaient toutefois d’aboutir à une solution précise aucun de ses disciples n’a croyons-nous, formulé la solution physiocratique de ce problème du luxe avec autant de logique et autant de netteté que Nicolas Baudeau. La morale dont notre auteur pose les règles primordiales dans le passage cité plus haut régit également la conduite des Souverains : elle leur prescrit par exemple la liberté économique, l’impôt unique sur le produit net, elle leur ordonne de répandre l’instruction et surtout l’instruction économique, de veiller à la sûreté des propriétés, etc. Elle régit enfin la conduite des Nations : elle leur commande le libre-échange et la fraternité.

Et cette morale est toute dans la dépendance de l’Économie politique au lieu que de nos jours certaines écoles prétendent subordonner la seconde à la première. La Formule du Tableau économique est l’instrument qui mesure la valeur morale de chacun.

Tels sont les caractères distinctifs de la Première Introduction à la philosophie économique. Assurément ces caractères ne sont pas absents des autres œuvres physiocratiques. Nous voulons dire seulement qu’ils sont ici accentués d’une manière toute particulière, d’où il résulte que si l’œuvre n’est pas très originale, elle est loin cependant d’être banale. Le lecteur lui reconnaîtra sans doute aussi, comme nous, le mérite de la clarté et même d’une certaine élégance, nous voulons parler de l’élégance que comporte un ouvrage scientifique. « Ne cherchez point dans cet ouvrage élémentaire les charmes d’une lecture amusante vous y seriez trompé[40] », dit Baudeau bien des gens, au xviiie siècle, ne pardonnèrent pas aux Économistes de ne pas les amuser. Sachons-leur gré, quant à nous, d’avoir créé la science économique en s’efforçant de résoudre les problèmes qu’elle soulève autrement que par des traits d’esprit.

A. Dubois,
Professeur d’Économie Politique et d’Histoire des Doctrines économiques à la Faculté de droit de l’Université de Poitiers.


OUVRAGES ET ARTICLES COMPOSÉS PAR BAUDEAU

Antérieurement à son adhésion à la Physiocratie.


Idées d’un citoyen sur l’administration des finances du Roi (1763) ; Idées d’un citoyen sur la puissance du Roi et le commerce de la nation dans l’Orient (1763) ; Idée d’une souscription patriotique en faveur de l’’agriculture, du commerce et des arts (1765) ; Idées d’un citoyen sur les besoins, les droits et les devoirs des vrais pauvres (1765).

Dans les Éphémérides de 1766 :

De l’esprit agricole, t. I., p. 49 et s. (13 novembre 1765) ; Du commerce des Indes, t. I, p. 113 et va (29 novembre 1765) ; Des colonies françaises aux Indes occidentales [suite du précédent article], t. II, p. 32 et s. (10 et 13 janvier 1766) ; III, p. 49 et s. (14 mars) ; V, p. 33 et s.(7, 11 et 18 juillet[41]) ; De la dépopulation de nos campagnes, t. I, p. 113 et s. (23 novembre 1765 ; II, p. 193 et s. (14 février 1766) ; III, p. 177 et s. (11, 14 et 17 avril) ; Du monde politique[42], t. II, p. 17 et s. (6 janvier 1766) ; III, p. 33 et s. (10 mars) ; De Paris[43], t. II, p. 129 et s. (31 janvier 1766) ; IV, p. 33 et s. (9 mai) ; Questions morales et politiques envoyées de la foire de Saint-Germain, t. II, p. 257 et s. (28 février 1766) ; III, p. 1 et s. (3 mars), 65 et s. (17 et 21 mars) ; Réponse à la Lettre sur les Éphémérides, t. IV, p. et s. (2 mai 1766) ; V, p. 209 et s. (18 août)[44] ; Du commerce[45], t. IV, p. 81 et s. (19, 23 et 26 mai 1766).


OUVRAGES ET ARTICLES COMPOSÉS PAR BAUDEAU

Postérieurement à son adhésion à la Physiocratie et antérieurement à 1771.


De l’état actuel des sciences et des arts (Éphém., 1776, t. IV, p. 209 et s., deux articles qui contiennent, p. 222 et s., des passages sur la Science économique et les Économistes) ; De l’Éducation nationale (Éphém., 1766, t. V, p.177 et s. ; deux articles qui contiennent, p. 188 et s., des passages sur la nécessité de l’enseignement de la Science économique) ; Du monde politique (suite) (Éphém., 1766, t. VI, p. 65 et s.) ; c’est la continuation d’une étude sur la situation politique et économique de la Russie ; à partir de cet endroit, la théorie physiocratique y apparaît ; Réponse à la Lettre d’un Américain sur l’esclavage des nègres (Éphém., 1766, t. VI, p. 145 et s.) ; [Conclusion de Baudeau sur la polémique soulevée par Le Trosne et] Problème politique sur la prospérité des arts et du commerce (Éphém., 1766, t. VI, p. 247 et s.) ; ces deux articles, dont le second est la suite du premier constituent la profession de foi physiocratique de Baudeau ; Avertissement de l’Auteur [programme de la Physiocratie] (Éphém., 1767, t. I, p. 1 et s.). [Critique du] Discours qui a remporté le prix à l’Académie royale des Belles-Lettres de Caen (Éphém., 1767, t. I, p. 160 et s.) ; Du luxe et des loix somptuaires (Éphém., 1767, t. I, p. 169 et s.) ; Recherches sur les erreurs populaires que cause le bon prix des grains et sur les moyens de les calmer (Éphém., 1767, t. II, p. 19 et s.) ; De l’origine et de la nécessité des hérédités foncières (Éphém., 1767, t. II, p. 165 et s.) ; Du faste public et privé (Éphém., 1767, t. III, p. 89 et s.) ; Vrais principes du Droit naturel (Éphém., 1767, t. III, p. 117 et s.) ; cet écrit fut publié en un volume indépendant sous le titre Exposition de la loi naturelle, 1767 ; [Analyse critique de l’ouvrage intitulé] Principes de tout gouvernement (Éphém., 1767, t. IV, p.117 et s. ; V, p. 127 et s. ; VI, p.117 et s. VII, p. 119 et s. VIII, p. 133 et s.) l’ouvrage analysé dans ces articles est de d’Auxiron et pourtant la critique est surtout dirigée contre Forbonnais ; [Analyse critique de l’essai sur l’histoire du droit naturel [de Hubner] (Éphém., 1767, t. I, p. 97 et s. II, p.113 et s. III, p. 107 et s.) [Critique de la] Théorie des loix civiles, Londres, 1767 [de Linguet] (Éphém., 1767, III, p. 1 91 et s.) [Compte rendu de] L’Ordre naturel et essentiel des sociétés politiques [de Mercier de la Rivière] (Éphém., 1767, t. VIII, p. 153 et s. ; IX, p. 151 et s. X, p. 218 et s. ; XI, p. 161 et s. ; XII, p. 181 et s.) ; [Critique de] Eléments du commerce, nouvelle édition, 1767 [de Forbonnais] (Éphém., 1767, t. IX, p. 176 et s.) ; Réforme dans la répartition des tailles (Éphém., 1767, t. VI, p. 189 et s.) ; Avis au peuple sur son premier besoin ou Petits traités économiques sur le blé, la farine et le pain (Éphém., 1768, t. I, p. 73 et s. ; II, p. 101 et s. IV, p. 85 et s. V, p. 98 et s.) ; ces Avis au peuple furent, en outre, insérés dans la Physiocratie d’Yverdon (1768, t. IV, p. 217 et s., et V tout entier) et publiés séparément (1768) ; Résultats de la liberté parfaite et de l’immunité absolue du commerce des grains, de la farine et du pain, et conséquences pratiques de ces résultats (Éphém., 1768, t. IX, p. 82 et s.) ; Avis aux honnêtes gens qui veulent bien faire (Éphém., 1768, t. X, p. 88 et s. ; XI, p. 29 et s.), publié en un volume indépendant (1768) ; Catalogue des écrits composés suivant les principes de la science économique (Éphém. 1768, t. II, p. 191 et s.) [Comptes rendus, dans les Éphémrides de 1768, de :] Réponse du Magistrat de Normandie au gentilhomme de Languedoc sur le commerce des grains (t. XI, p. 161 et s.), [de], Mémoire sur les effets de l’impôt indirect [par Guérineau de Saint-Péravy] (t. XI, p. 167 et s.) ; [de] Recueil de plusieurs morceaux économiques par M. Le Trosne (t. XI, p. 177 et s.) [de] Chinki [par l’abbé Coyer] (t. XI, p. 193 et s. ; XII, p., 120. et s.) ; [de]. Principes sur la liberté du commerce des grains [par Abeille] (t. XI, p. 195 et s. ; XII, p. 138 et s.) ; [et de] Lettre sur les émeutes populaires [par un avocat de Rouen] (t. XII, p. 96. et s.) ; Lettres sur les émeutes populaires que cause la cherté des grains et sur les précautions du moment (1768) ; dans cet ouvrage, la seconde lettre seule est de Baudeau ; Lettres d’un citoyen sur les vingtièmes et autres impôts (1768) ; Suite des Avis au peuple sur la cherté du pain et le monopole des blés (Éphém.., 1769, t. X, p. 17 et s.) ; Lettres à M. l’abbé G*** sur ses Dialogues antiéconomistes (Éphém., 1769, t. XII, p. 107 et s.) ; c’est une réfutation des Dialogues sur le commerce des blés de Galiani ; Lettres sur l’état actuel de la Pologne (Éphém., 1770, t. II, p. 16 et s. ; III, p. 47 et s.) ; IV, p. 74 et s. ; 1771, t. III, p. 43 et s. ; IV, p. 54 et s. ; V, p.46 et s. ; [Analyse critique de] Le Chou-King, un des livres sacrés des Chinois… ouvrage recueilli par Confucius, traduit et enrichi de notes par le P. Gaubel, revu, corrigé sur le texte chinois… par M. de Guignes, (Éphém., 1770, t. VII, p. 138 et s. ; VIII, p. 53 et s. ; IX, p. 90 et s.) ; Extraits du Chou-King, suivant la nouvelle édition de M. l’abbé Baudeau (Ephem., 1770, t. X, p. 120 et s. ; XI, p. 93 et s.) ; Quatrième partie du Chou-King des Chinois (Éphém., 1770, t. XII, p. 44 et s. ; 1771, t. I, p.113 et s. ; II, p. 69 et s.) ; Lettre à M. Béardé de l’Abbaye sur sa critique prétendue de la science économique (Éphém., 1770, t. VII, p. 80 et s.) ; Avis économique aux citoyens éclairés de la république de Pologne sur la manière de percevoir le revenu public (Éphém., 1770, t. XI, p. 52 et s. ; 1771, t. I, p. 56 et s.). Ont été publiés en un volume indépendant : Lettres historiques sur l’état actuel de la Pologne et sur l’origine de ses malheurs. Avis économiques aux citoyens éclairés de la République de Pologne (1772).

A. D.



  1. D’après les biographes, Nicolas Baudeau est né à Amboise le 27 avril 1730 ; il serait mort fou vers 1792.
  2. V. à la suite de la présente Notice, la liste des écrits économiques de Baudeau non encore physiocrate.
  3. Depuis novembre 1765 jusque janvier 1767, les Éphémérides du Citoyen ou Chronique de l’Esprit national furent distribuées aux abonnés, par feuilles, le lundi et le vendredi de chaque semaine. En 1766 l’éditeur publia également les numéros parus depuis novembre 1765 en volumes dont chacun contenait les feuilles de deux mois. Nous connaissons six tomes de ces premières Éphémérides ; nous n’avons pas pu trouver le tome VII qui aurait dû contenir les numéros de novembre et décembre 1766 ; dans les séries que possèdent la Bibliothèque Nationale et la Bibliothèque de l’Arsenal il y a une lacune entre les mois d’octobre 1766 et de janvier 1767. Il est sûr que si ce tome VII a paru, il a été édité séparément des six autres, lesquels ont certainement vu le jour ensemble. Dès le tome I, en effet, l’Avis du Libraire déclare : « Le VIIe volume… paroitra le 20 décembre prochain », ce qui indique que seul il manque encore. Mais nous pensons que ce tome VII, ainsi annoncé, n’a jamais été publié, non plus que les feuilles qu’il aurait dû reproduire. En effet, le tome VI est déjà physiocratique ; le volume suivant aurait dû, en conséquence, présenter le même caractère ; or, Baudeau, dans son Catalogue des écrits composés suivant les principes de la science économique, ne cite, pour 1766, qu’un volume d’Éphémérides et non pas deux (Éphémérides, 1768, t. II, p. 197) ; de même Graslin dans son Essai analytique sur la Richesse et sur l’Impôt, paru en 1767, énumérant les sources de la Physiocratie, ne cite des Éphémérides que le tome VI de 1766 et les sept premiers tomes de 1767 mais non le tome VII de 1766 (Graslin, op. cit., édit. 1767, p. 5, note a ; édit. Dubois, Paris, Geuthner, 1910, p. 3, note 1). À partir de janvier 1767, les Éphémérides du Citoyen ou Bibliothèque raisonnée des sciences morales et politiques furent publiées par volumes mensuels. Le sous-titre : ou Bibliothèque raisonnée des sciences morales et politiques apparaît déjà à la page i du tome I de 1766 ; mais il n’est pas reproduit à la page 1 du même volume ni à aucun endroit des tomes II-VI de 1766 ; on ne le revoit qu’en janvier 1767 et dans l’intervalle le sous-titre est constamment : ou Chronique de l’Esprit national.
  4. V. le titre que nous reproduisons en facsimile.
  5. V. infra, Avis au Lecteur, p. ie siècle
  6. V. infra, Avis au Lecteur, p. i.
  7. V. Ephémérides, 1769, t. V, Avertissement, p. xx et p. xxx-xxxii.
  8. V. Éphémérides, 1766, Lettre sur les Éphémérides, t. III, p. 257 et s.
  9. La première Lettre Le Trosne parut en mars 1766 dans le Journal de l’Agriculture du 28 avril 1766. Le directeur du Journal de l’Agriculture était Dupont.
  10. Éphém., 1766, t. III, p. 259.
  11. C’est Baudeau qui souligne le mot nouvelles. La suite de cette lettre parut dans le numéro du 18 août.
  12. Baudeau avait préparé neuf lettres en réponse à Le Trosne ; par suite de sa conversion il renonça aux huit autres (Dupont, dans Éphém. l769, t. V p. xxx et s.)
  13. Éphém., 1766, t. IV, p. 229. V. aussi en quels termes il s’exprime sur la Science économique dans le no  du 16 juin (Ibid, p. 221 et s.).
  14. Éphém., 1766, t. VI, p. 247 et s.
  15. Éphém., 1766, t. V, p. 210.
  16. Éphém., 1766, t. VI, p. 1 et s.
  17. Éphém., 1766, t. VI p. 145 et s.
  18. V. Éphém., 1766, t. V, p. 42 (11 juillet) : profit net ; p. 188 et s. (11 août) et 205 (15 août) : nécessité de l’enseignement de l’Économie politique surtout pour les Grands de la nation ; t. VI, p. 81, 82, 91 (19 septembre), 100, 105, 107, 111 (22 septembre) : avances, fortes avances, dépenses ou avances primitives etc.
  19. Éphém., 1769, t. V. Avertissement, p. xxxi.
  20. De Loménie, Les Mirabeau, t. II, 1879, p. 250-251.
  21. V. à la suite de la présente Notice la liste des écrits physiocratiques de Baudeau antérieurs à 1771.
  22. Éphém., 1767, t. XI, p. 134 et s. ; XII, p. 135 et s. ; 1768, t. III, p. 83 et s. ; 1770, t. II, p. 115 et s.
  23. V. infra, Avis au Lecteur, p. iv. L’auteur avait l’intention d’en publier d’autres mais ne mit pas son projet à exécution
  24. V. infra, Avis au Lecteur, p. v.
  25. V. infra, Avis au Lecteur, p. iv-v.
  26. Ibid., p. v.
  27. Les biographes rapportent qu’il avait été chanoine régulier et professeur de théologie à l’abbaye de Chancelade.
  28. Chap. II, IV et V.
  29. Ch. VI, article iii.
  30. Ch. VI, article iv.
  31. Ch. VI, article v.
  32. V. infra, p. 2
  33. V. infra, p. 3
  34. V. infra, p. 8.
  35. V. infra, p. 9.
  36. V. infra, p. 8. N’est-ce pas là très exactement l’interpsychologique de Tarde ?
  37. V. infra, p. 14.
  38. V. infra, p. 14-15.
  39. V. Quesnay, Maximes générales, Maxime XXII et note sur cette Maxime, edit. Oncken, p. 335.
  40. V. infra, Avis au Lecteur, p. i
  41. L’article du 7 juillet et les suivants ont été publiés postérieurement à l’entrée de l’auteur dans l’École physiocratique mais ils ont dû être écrits a une date antérieure Baudeau les a vraisemblablement retouchés avant de les livrer à l’impression ; pourtant les traces de Physiocratie n’y sont pas certaines.
  42. Étude politique et économique sur la Russie.
  43. Étude non exclusivement économique mais qui dans les numéros indiqués ici contient des idées économiques intéressantes.
  44. Le second article étant publié par Baudeau postérieurement à sa conversion, il l’attribue à un tiers ; c’est là sûrement un subterfuge. Ce second article n’est que la continuation du précédent dont Baudeau s’était reconnu l’auteur. Les deux forment l’une des neuf lettres qu’il avait rédigées pour répondre à Le Trosne et dont il ne publia que la présenté.
  45. Remaniement par Baudeau d’une Dissertation envoyée par un correspondant de Quimper, Girard ; avocat au Parlement de Bretagne.