Pour la Paix ! Contre la guerre !

Bourse de Travail de Bayonne
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Pour la Paix ! Contre la guerre !
APPEL AU PEUPLE


Parce que l’archiduc d’Autriche, victime du patriotisme serbe exaspéré, a payé de sa vie la brutale annexion de la Bosnie-Herzégovine, est-il nécessaire, est-il juste, est-il humain que la plus horrible des guerres couvre l’Europe entière de cadavres amoncelés ?

La ruine, la dévastation, le carnage vont faire de la frontière serbo-autrichienne une terre de désolation et de deuil. Dans ces pays lointains, deux peuples, liés jusqu’ici, à défaut d’affinités de races et de communauté de pensées, par des rapports de voisinage et de sociabilité se disposent à s’entretuer dans un esprit aveugle de vengeance. L’opinion générale est unanime à réprouver l’agression du plus faible par le plus fort. Au nom de la pitié il faut tout faire pour s’interposer et séparer les armées en présence.

Mais les gouvernements, vraiment dignes de ce nom, réellement soucieux des intérêts et de la vie même de leurs peuples, ont le devoir impérieux de localiser le conflit et d’empêcher une conflagration générale. Il est impossible qu’ils ne parviennent pas à trouver, dans la conscience de leur responsabilité, des accents capables d’émouvoir et de toucher au cœur l’Autriche et la Serbie, de démontrer à ces deux États, emportés par la colère, l’inanité et la barbarie suprême des boucheries sans fin.

Il serait fou, il serait criminel, de lancer les uns contre les autres des multitudes irresponsables, dans tous les coins de l’Europe, parce que deux nations privées de raison se battent au mépris de toute civilisation. Les morts couchés, innombrables, sur les terres de France et d’Allemagne, rendraient-ils le souffle et la vie aux cadavres dès longtemps froids des champs de Bataille serbes ? Le deuil déchirant des mères russes et françaises ferait-il moins profond le chagrin mortel des mères autrichiennes.

Les meurtres sont impuissants à calmer les fureurs des conflits. Seules les bêtes sauvages s’affolent à l’odeur du carnage et noient le sang dans le sang.

Peuples civilisés !

Dressez-vous et criez à vos gouvernements votre volonté de paix et votre horreur de la guerre ! Vous savez l’inutilité des luttes insensées ou vainqueurs et vaincus payent un égal tribut à la misère, à la maladie et à la mort. Vous prévoyez la ruine immédiate d’une vaste partie du monde où toute vie économique, commerciale et industrielle est suspendue. Vous vous imaginez l’agonie lente mais sûre des enfants, des vieillards et des femmes mourant de privations dans les foyers déserts. Non, il ne faut pas que l’Europe devienne un immense champ de carnage où par-dessus le bruit des combats, féroces, s’élèvent les appels désespérés des blessés pantelants et restés sans secours, les râles douloureux des agonies atroces sans consolation ! Il ne faut pas que la peste, le choléra et le typhus, décimant les armées faméliques et harassées, emportent ceux que la bataille aura épargnés ! Il ne faut pas que les plaines sans fin, où bruisse la moisson féconde, se changent en un lugubre charnier éclairé par les lueurs rouges de l’incendie.

Mères, femmes, levez-vous et défendez contre la mort hideuse la chair de votre chair, le fruit l’objet de vos amours. Que vos clameurs de souffrance et de colère couvrent le cliquetis des armes fratricides.

Pères, époux n’abandonnez pas vos femmes, vos vieillards et vos enfants aux tortures du malheur, aux affres de la faim, pour courir, drapeau obscur, aux abattoirs sans gloire.

Travailleurs,

Si les classes bourgeoises défaillent à leur devoir et laissent se déchaîner les instincts sanguinaires, soyez les défenseurs du droit et de la fraternité. Sans votre consentement, l’œuvre de ruine et de destruction est impossible.

Prolétaires ! Debout ! Tous ce soir

à 9 heures, place de la Course, à Saint-Esprit, au
MEETING CONTRE LA GUERRE !
organisé par la Bourse du Travail de Bayonne.
« la rénovatrice », 4, quai de chang — bayonne