Théophile Berquet, Libraire (p. 172-174).

♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣♣

Chanson.

Sur l’air de Jean de Vert.

Ah ! que chez le colonel Stoup
La débauche est charmante !
On y mange, on y boit beaucoup,
On y rit, on y chante :
Puisse-t-il, sain, riche et content,
Vivre cinq ou six fois autant
Que Jean de Vert.

Mon médecin, quand il me voit,
M’ordonne d’être sage :
Selon moi, qui plus mange et boit
Doit l’être d’avantage :
Il n’est pas trop de cet avis ;
Mais j’ai pour moi tout le pays
De Jean de Vert.

Quand je suis avec mes amis
Je ne suis plus malade ;

C’est là que je me suis permis
Le vin et la grillade :
N’en déplaise à monsieur Thevart.
Je n’en irai qu’un peu plus tard
Voir Jean de Vert.

Fi de ces esprits délicats
Qui, prenant tout à gauche,
Voudraient bannir de nos repas
Certain air de débauche :
Je ne l’ai qu’avec les buveurs ;
Et je suis aussi froide ailleurs
Que Jean de Vert.

Je trouve la rime d’abord
Lorsque Bacchus m’inspire ;
Un verre rempli jusqu’au bord
Me tient lieu d’une lyre.
Ne pouvoir plus boire du vin
Est par où je plains le destin
De Jean de Vert.

Célébrons de ce doux poison
La puissance suprême ;
Il nous fait perdre la raison ;

C’est par-là que je l’aime ;
Elle nous tourmente toujours,
Et n’est pas d’un plus grand secours
Que Jean de Vert.

Le pays, ne vous jouez pas
À la jeune Thérèse,
Qui voit de trop près ses appas
En dort moins à son aise :
Ses yeux si doux et si brillans
Ont déjà tué plus de gens
Que Jean de Vert.