Théophile Berquet, Libraire (p. 154-155).

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À Iris.

Il est saison de causer près du feu.
Le blond Phébus, chère Iris, se retire :
L’aquilon souffle ; et, d’un commun aveu,
Point n’est ma chambre exposée à son ire :
Viens-y souper ; j’ai du muscat charmant.
Quand je te vois ma tendresse s’éveille,
Désirerais être homme en ce moment,
Ou quand ta voix se mêle follement
Au doux glou glou que fait une bouteille.

En dévorant carpe de Seine au bleu,
De sottes gens à l’aise pourront rire ;
Trop bien savons qu’il n’en est pas pour peu :
Plaisante et longue en sera la satire.
Nous chercherons un nouvel enjoûment,
Un nouveau feu dans le jus de la treille :

C’est un secours contre plus d’un tourment.
Il n’en est point qui ne cède aisément
Au doux glou glou que fait une bouteille.

Le verre en main je prétends faire un vœu
Dont nul mortel ne me fera dédire :
C’est de braver, ceci n’est point un jeu,
Ce traître Amour qu’on ne peut trop maudire.
Les repentirs suivent l’engagement.
N’écoutons pas ce que le cœur conseille ;
Ne préférons, pour vivre heureusement,
Ni les soupirs ni les soins d’un amant
Au doux glou glou que fait une bouteille.

ENVOI.

Cruel Amour, j’en fais ici serment,
Si tu me mets un jour puce à l’oreille,
Je veux jamais ne trouver d’agrément
Au doux glou glou que fait une bouteille.