Poésies d’Humilis et vers inédits/Sonnet d’été

Poésies d’Humilis et vers inédits, Texte établi par Ernest Delahaye, Albert Messein (p. 121).

SONNET D’ÉTÉ



Nous habiterons un discret boudoir,
Toujours saturé d’une odeur divine,
Ne laissant entrer, comme on le devine,
Qu’un jour faible et doux ressemblant au soir.

Une blonde frêle en mignon peignoir
Tirera des sons d’une mandoline,
Et les blancs rideaux tout en mousseline
Seront réfléchis par un grand miroir.

Quand nous aurons faim, pour toute cuisine
Nous grignoterons des fruits de la Chine,
Et nous ne boirons que dans du vermeil ;

Pour nous endormir, ainsi que des chattes
Nous nous étendrons sur de fraîches nattes ;
Nous oublîrons tout, — même le soleil !

Pièce parue à la Renaissance Littéraire et Artistique, le 30 novembre 1872, sous la signature P. Néouvielle.