Poésie (Rilke, trad. Betz)/Sonnets à Orphée/Nous dérivons
NOUS DÉRIVONS…
Nous dérivons.
Mais le pas du temps
n’est pas tant
dans ce qui dure.
Tout ce hâtif
passera tôt ;
car seul vaut
ce qui, en demeurant, nous initie.
Garçons, ne jetez le cœur
ni dans l’élan
ni dans l’essor.
Tout est reposé :
ombre et clarté,
livre et fleur.