Poésie (Rilke, trad. Betz)/Poèmes français/Les roses/Rose, venue très tard

Les roses, in PoésieÉmile-Paul (p. 296-297).

ROSE, VENUE TRÈS TARD…

Rose, venue très tard, que les nuits amères arrêtent
par leur trop sidérale clarté,
rose, devines-tu les faciles délices complètes
de tes sœurs d’été ?

Pendant des jours et des jours je te vois qui hésites
dans ta gaine serrée trop fort.
Rose qui, en naissant, à rebours imites
les lenteurs de la mort.


Ton innombrable état te fait-il connaître
dans un mélange où tout se confond,
cet ineffable accord du néant et de l’être
que nous ignorons ?