Poésie (Rilke, trad. Betz)/Nouvelles poésies/Tanagra
TANAGRA
Un peu de terre cuite,
comme brûlée au grand soleil,
et tel qu’un geste d’une main
de jeune fille,
qui tout à coup ne serait plus passé
Tendu vers rien,
n’atteignant nul objet,
jailli de l’âme,
ne touchant qu’elle-même
comme une main touche un menton.
Nous soulevons et tournons, une à une,
ces figurines
et nous croyons comprendre
ce qui les fait durer.
Qu’il nous suffise de nous attacher
de façon plus profonde et merveilleuse
à ce qui fut. Et de sourire
d’un œil un peu plus clair qu’un an plus tôt.