Poésie (Rilke, trad. Betz)/Nouvelles poésies/L’ange du méridien
L’ANGE DU MÉRIDIEN Chartres
Dans le vent assaillant la forte cathédrale
ainsi qu’un négateur médite obstinément,
on se sent tout à coup touché plus tendrement
et attiré vers toi par ton sourire calme.
Ange au sourire, ô figure sensible,
avec tes lèvres faites de cent lèvres,
ne remarques-tu pas comme nos heures glissent
au fil de toi, hors du cadran solaire,
où est inscrit le nombre entier du jour,
également réel, en profond équilibre,
comme si toutes étaient riches et mûres ?
Que sais-tu, pierre, de notre être ?
Et ton visage est-il encor plus ébloui
lorsque tu tiens ton cadran dans la nuit ?