Poésie (Rilke, trad. Betz)/Nouvelles poésies/Fanée
FANÉE
Légère, comme après sa mort,
elle porte des gants, une écharpe.
Une odeur de sa commode
a chassé le cher parfum
à quoi elle se reconnaissait jadis.
Depuis longtemps elle n’a plus demandé :
qui suis-je ? (: une parente éloignée)
et elle va, perdue dans ses pensées,
prenant grand soin d’une chambre peureuse
qu’elle range et ménage
parce que, peut-être,
l’ancienne jeune fille l’habite encore…