Poésie (Rilke, trad. Betz)/Nouvelles poésies/Avant la pluie d’été
AVANT LA PLUIE D’ÉTÉ
De tout ce vert du parc, on ne sait quoi
est soudain retiré, et on le sent,
silencieux, s’approcher des fenêtres.
Dans les buissons, fort et instant,
résonne un chant de pluvier gris.
Il fait penser à quelque saint Jérôme,
tant d’ardeur pieuse et tant de solitude
s’élèvent de sa voix qu’exaucera la pluie.
Et dans la salle voici que se sont
éloignés murs et tableaux, comme
de peur d’entendre ce que nous disons.
Sur les tapisseries fanées se mire
de telle après-midi la lumière indécise,
où nous étions enfants et où nous avions peur.