Poésie (Rilke, trad. Betz)/Dernières poésies/Les colombes

Traduction par Maurice Betz.
PoésieÉmile-Paul (p. 315-316).
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LES COLOMBES

Gris crépuscule, doucement cintré,
comme des sens qui passent à la lampe,
et la rougeur, à travers la fumée,
qui s’élevait des sacrifices d’amour.

De l’offrande gonflée la rondeur adoucie,
exactement conforme aux mains qui l’enfermaient,
jusqu’au pli des épaules, vase rempli,
puis regard, ploiement et contraste.


Au cou l’empreinte encor du geste antique
des doigts de prêtres qui l’enserrent,
et au-dessus, pourtant, sur cette nuque offerte,
comme un apaisement de nature divine.