Poésie (Rilke, trad. Betz)/Dernières poésies/Feux-follets
FEUX-FOLLETS
Un vieux commerce nous apparente
aux lueurs des marais.
Oui, ce sont des grand’tantes.
De plus en plus je reconnais
entre nous un air de famille
dont nulle force n’a raison :
cet élan, ces détours, ces bonds
où d’autres n’excellent point ainsi.
De même je suis loin des routes
parmi l’essaim que l’on redoute,
et j’ai vu clignoter parfois
sous ma paupière mon feu à moi.