Poèmes et Paysages/« La vipère du mal a mordu ta pensée »


LXIX


 
La vipère du mal a mordu ta pensée,
Poète, et dans ton sein la colombe blessée
Palpite. Apaise-toi ; ferme ton noble cœur
Aux stériles conseils d’une aveugle douleur.
Souffre ; laisse venir les heures vengeresses.
Mais pour le Mal alors plus de pitiés traîtresses !
Quand cette heure de Dieu sonnera, fils du ciel,
Arme ta juste main du glaive de Michel !
Dans son antre infernal refoulant le parjure,
Venge au nom du Seigneur ton impassible injure !
Sur le front écrasé de l’immonde serpent,
Implacable et serein, pose un pied triomphant !