Traduction par Catulle Mendès.
G. Charpentier et E. Fasquelle, éditeurs (p. 27-31).

KOLTSOV


LEVER DE SOLEIL

VIEILLE CHANSON DE GUERRE




 
Ce n’est pas un nuage où le tonnerre dort,
C’est l’escadron du tzar de Moscou, du Terrible,
Qui jaillit, comme un vol de grains rompant le crible,

D’à travers les forêts du Nord !


----------Comme l’eider à l’aile avide
----------Franchit l’Océan hérissé,
----------La Force russe a traversé
----------La steppe impénétrable et vide,


Et voici qu’en l’illustre empire de Kasan,
Chez le féroce Khan, chez le Tatar athée,
Elle entre et dit : « C’est moi » sans qu’on l’ait invitée,

Boïard, Kosak et paysan.


----------Et l’horizon se rose à peine
----------Qu’elle égorge les Turcs épars,
----------Et sur les débris des remparts
----------Par la ville elle se promène,


Et lorsque, piétinant le carnage vermeil,
Les chevaux ont du sang jusques à la crinière,
Se lève sur la tour en l’or de sa bannière

Le jeune Tsar, comme un soleil !