Traduction par Catulle Mendès.
G. Charpentier et E. Fasquelle, éditeurs (p. 53-56).

FÊTE


I

AUBADE




Je suis le porteur de bonnes nouvelles !
Je viens te conter que le beau soleil
Resplendit et darde un frisson vermeil
Dans les feuillaisons et dans les cervelles ;

Que les cœurs d’oiseaux battent sous la plume
Parmi les buissons éperdus d’émoi,
Et qu’en tout le bois épris, comme en moi,
La brûlante soif du printemps s’allume ;

Que l’amant hier ivre de tendresse
Et soumis sans plainte à tes moindres vœux,
Veut faire aujourd’hui tout ce que tu veux,
Et t’adore avec la même allégresse ;

Que la Joie est née avec les murmures,
Les jeux, les parfums du matin doré,
Et que je ne sais quel chant je dirai
Mais que j’ai le cœur plein de chansons mûres !