Peintures (Segalen)/Peintures magiques/Cinq génies aveugles

Georges Crès et Cie (p. 19-20).

Et là, voilà encore des Génies, cette fois de grandeur humaine, en nombre cinq. Les cinq robes flottent avec symétrie. Des souffles jouent entre les membres et les robes. Les orteils ont des mouvements. Les ongles s’irisent. Entendez-vous pas respirer ? Ils apparaissent bienveillants. Ils sont pleins d’intelligence et savent ce que nous ignorons, mais ignorent ce que nous sommes. — Très loin de nous… De l’autre côté. — Cependant ils vivent, n’est-ce pas ? (Une vie magique.) Ils vivraient tout à fait, — dites-vous, — si leurs yeux avaient, comme un puits, ce point dans la prunelle ?

Justement. C’est pourquoi je n’ose pas le peindre et n’oserai jamais : par peur de les voir tout à coup sortir de la muraille et se mélanger à nous autres vivants.

Qu’ils restent donc les


CINQ GÉNIES AVEUGLES.