Page:Zyromski - Sully Prudhomme, 1907.djvu/90

Cette page n’a pas encore été corrigée

76 SULLY PRUDHOMME

france, et la voix répond par des paroles de con- fiance et d'amour. Le Poète dit :

La Loi sans àme attend qu'on l'échauffé et l'éclairé Au flambeau du savoir, au foyer de l'amour.

La voix répond que la barbarie des lois s'adoucit, à travers le? âges, devant les protestations de la conscience et les cris du cœur humain :

Salomon, sage, en ouvrit l'ère, Quand jadis il eût deviné Qu'on est sûr de trouver la mère En menaçant le nouveau-né.

Puis, clément au pauvre qui pleure, Jésus a largement payé L'ouvrier de la dernière heure Dont Gaton n'eût pas eu pitié ;

Enfin le juste Marc-Aurèle, Cœur indulgent, sévère esprit, Sentinelle du droit écrit, Médite la Loi naturelle.

En écoutant la voix du poème de la Justice, Sully Prudhomme semble réaliser un désir du poète des Destinées. Il se rapproche de son maître et leurs deux voix se font fraternelles.

Une autre idée, à peine ébauchée par Vigny, sera reprise et développée par Sully Prudhomme.