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L'ART PARNAS8IEN 59

inaugurer sur le rulte de la Beauté une Sagesse tranquille. Mais, peu à peu il renonce et avoue son infinie lassitude. Dans un geste d'imploration, il tend vers la mort ses mains fatiguées et trem- blantes qui avaient sculpté pour l'éternité de si belles formes verbales :

Et toi, divine mort, où tout rentre et s'efface, Accueille tes enfants dans ton sein étoile, Affranchis-nous du temps, du nombre et de l'espace El rends-nous le repos que la vie a troublé.

Hérédia, malgré l'art de gloire où se dressent ses Trophées, a traduit le même sentiment de meurtrissure. Le vent de la mort souffle à travers ces mots somptueux, et déchaîne un bruit sourd de chute dans la nuit ténébreuse. M. de Vogué disait naguère devant le cercueil de son ami : « L'œuvre de Maria de Hérédia baigne dans une mélancolie hautaine. » Il ne faut pas en effet que l'éclat <le son verbe dissimule le ton assombri de son inspiration.

Cette banqueroute de la religion de l'art est surtout révélée dans l'œuvre de Flaubert. Avec une assurance un peu contrainte et une énergie trop étalée, il avait proclamé la beauté immarces- sible de l'art et sa valeur (le consolation. .Mais,