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36 SULLY PRUDHOMME

tées ont épuisé l'attention », et, dès ce jour, il dédaigna le pathétique de l'élégie pour donner à ses émotions les plus âpres la gravité et l'am- pleur des grands débats intellectuels. Gustave Flaubert fit taire ses ardeurs romantiques pour obéir à une doctrine plus exigeante que la méthode de Boileau et de Nicolas Poussin.

Il se plaisait à écrire à George Sand avec sa brusquerie coutumière : « Je ne veux pas consi- dérer Fart comme un déversoir à passions... La poésie ne doit pas être l'écume du cœur. » Enfin J.-M. de Hérédia dénonçait devant l'Académie française le danger de la faconde et il condamnait le plaisir un peu bas des confidences : « Ces con- fessions publiques, menteuses ou sincères, révol- tent en nous une pudeur profonde... La vraie poésie est dans la nature et dans l'humanité éternelles, et non dans le cœur de l'homme d'un jour, quelque grand qu'il soit... Le poète est d'autant plus vrai- ment et largement humain qu'il est plus imper- sonnel. » Ainsi les Parnassiens, en signalant les mérites nécessaires de l'art impersonnel, ren- daient un hommage, peut-être involontaire, mais éclatant, à la doctrine de Malherbe et des écrivains classiques.