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émotions qu'ils exaltent. Il incline l'art devant la Pensée. II subordonne la Beauté à la Vérité et fait de la Philosophie la compagne et l'inspira- trice de la Muse. C'est pourquoi il a dû écrire : « L'idéal du Parnasse n'est pas le mien. » (Revue de Paris, 1 er mai 1897.)

Après avoir réglé ses admirations et ses ten- dances, l'Idée de Loi l'amena à élargir le domaine poétique. La Poésie, déjà guidée par la Philoso- phie, deviendra la confidente de la Science. Ce n'est pas qu'elle doive traduire par des métaphores laborieuses les formules scientifiques : le poète a souvent réagi contre cette manière si courte de résoudre de graves questions. Il pensait du moins que la Poésie peut chanter les émotions de la pensée devant les problèmes résolus par le savoir. Ainsi, de plus en plus, elle illustre l'empire de la loi dans le monde et la puissance de l'idée de loi dans l'esprit humain. L'Idée de Loi devient donc la muse nouvelle du poète, et son chant sera l'interprète de ces énergies qui meuvent le monde, créent le progrès, et sollicitent à travers la nature ces élans de l'aspiration qui aboutissent, dans la pensée de l'homme, au pressentiment des formes révélatrices de l'avenir.