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LE BONHEUR ET LE DESTIN DES HOMMES 215

de Stella. Faustus a reconquis la paix dans cette alliance du savoir et de la tendresse. La tendresse apaise le tourment du savoir, et le savoir a for- tifié l'amour :

Mais je n'oublierai pas mon extase éphémère

Quand j'ai vu d'un seul nœud tous les effets s'unir, Et, comme un océan que son poids seul tempère, Sous une même loi tous leurs Ilots s'aplanir.

Quand j'ai vu le concert durer dans ce qui change, L'harmonie imposer un visage au chaos, Quand la première fois j'ai joui sans mélange De la beauté du monde absous dans ses fléaux;

Quand il me fui donné d'admirer l'art docile Des atomes mêlés venant de toutes parts, Choisis par l'Idéal, composer une argile Qui devait sous ta forme enchanter mes regards!

Ils ne m'accuseront d'aucune ingratitude, Mais leur œuvre les a supplantés dans mon cœur; Heureux, j'en ai percé le secret sans étude, Sans trouble j'en subis en loi l'attrait vainqueur.

Un grave enseignement se dégage de cette partie du poème. Ce drame de la pensée a fait sortir, des ténèbres où s'agitent les angoisses du poète, les clartés qui vont illuminer nos médita- tions. Nous apprenons que le bonheur ne peut résider dans l'ignorance. Même séduisante et belle, l'illusion porte en elle une puissance de désagrégation et de mort. Une vie heureuse est fondée sur des idées fortes apportées par l'obser-