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LA NATURE ET LA JUSTICE 199

l'antiquité, c'est-à-dire sur l'étude «Je l'homme, doit s'élargir en renonçant au préjugé séculaire enfin signalé : la distinction superbe et fragile de la nature et de L'homme. La morale humaine fondée sur cette distinction a une beauté incontes- table qui a soutenu de nobles existences dans la résignation ou dans l'amertume; mais elle se réduit à une construction idéologique que les vents de la discorde ont affaiblie et dont il con- vient de garantir les parties fortes sur une étude plus complète de l'univers. L'humaniste jouait un rôle bienfaisant et nécessaire quand l'esprit de l'homme, égaré par l'orgueil humain, cherchait en lui-même l'explication de la vie et la norme de l'humanité. Mais il n'est plus possible de se désintéresser des problèmes nouveaux que la connaissance de la nature pose devant la pensée et qui retentissent sur nos conceptions morales. Le long regard jeté par Marc-Aurèle, (lœthe et Spinoza sur la nature et l'humanité a surpris des connexités là où l'homme ne voyait que des contrastes. Le jour où Montesquieu rattachait l'étude des lois humaines à L'étude des lois natu- relles, il créait les sciences morales et il apportait une méthode pour bâtir un nouvel édifice. Une