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194 SULLY PRUDHOMME

religion nouvelle n'est plus apportée par la crainte, puisqu'elle est imposée par le savoir. La nature se pare d'un caractère divin, lorsqu'elle se dresse devant l'homme pour lui apprendre son devoir par la voix du remords et de l'allégresse :

Le remords, c'est la voix de la nature entière, Qui dans l'humanité gronde son héritière....

Et je sais maintenant d'où nous vient l'allégresse Qui nous monte du cœur au front, et le redresse,

Et l'illumine chaque fois Que l'âme, en affrontant ce <jue la chair abhorre, Soumet la vie à l'ordre, et, sage, collabore

A J'Idéal avec les lois.

C'est toute la nature en nous-mème contcnle. Louant l'humanité pour elle militante.

Le poète enfin rasséréné met fin au combat de la raison et du cœur, et conclut que la Justice est proclamée par « le suffrage entier du Ciel et de la Terre et par le sacre universel ». Par l'observation de la nature et la seule méditation des lois de la vie, le penseur qui cherchait la paix arrive à la joie, car je ne connais pas de cri plus triomphant que celui qui sillonne la fin de la IX e veille. Un grand geste de victoire soulève la conclusion de ce poème qui se contractait d'abord dans la peur et Tétonnement :

Oh! que penser est doux quand l'étude est féconde! J'en frissonne : un rayon dont la clarté m'inonde Dessille mes veux entr'ouverts!