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LA NATURE ET LA JUSTICE 193

(juani! la nature en nous mit ce qu'on Domine l'âme, Elle a contre elle-même armé son propre enfant; L'esprit qu'elle a fait juste au nom du droit la blâme, Le cœur qu'elle a fait haut la méprise en rêvant.

Avec elle longtemps, de toute ma pensée

Kt de tout mon amour, j'ai lutté corps a corps,

Mais sur son œuvre inique, et pour l'homme insensée, Mon front et ma poitrine ont hrisé leurs efforts.

Sa loi qui par le meurtre a fait le choix des races, Abominable excuse au carnage que font Des peuples malheureux les nations vnraces, De tout aveugle espoir m'a ville l'éme a fond.

(Les Vaines Tendresses. — Sur la Mort.)

Après un examen plus approfondi de l'univers, le poète aboutit à une résignation un peu mélan- colique, mais vite ennoblie et redressée par la pensée stoïcienne. De là cette fin du poème des Destins où le courage enfin reconquis s'exprime en des vers simples et rigides, comme des vers d'oracle :

Oui, Nature, ici-bas mon appui, mon asile, C'est ta fixe raison qui met tout en son lieu; J'y cmis. et nul croyant plus ferme et plus docile Ne s'étendit jamais sous le char de son Dieu.

Enfin, dans la Justice, le poète soulevé par son respect et son émotion devant les progrès de l'ordre prononce des paroles religieuses. Il éprouve le sentiment des hommes primitifs frappés par la grandeur des choses, mais ce sentiment est éclairé par la connaissance des lois delà vie. Cette

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