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l'amour et la doctrine de l'aspiration 157

obéissent à deux forces contraires; la fleur se replie et le vent s'épanche, l'amour-passion se réserve et l'amour-sacrifiec s'abandonne :

— ■ Demeure, endors ta fougue cirante et soucieuse, Endors-la dans mou sein, lui murmure la Oeur;

Je suis moins qu'on ne croil Dère et silencieuse, Et l'été brûle en moi sous ma froide pâleur.

Ton cruel tournoiement m'épuise et m'hallucine, El j'y sens toul mou cœur en soupirs s'exhaler.

Je suis lidele ; ù lui, qui n'as pas de racine, Pourquoi in'cnlaces-lu si lu dois l'en aller? ■>

— •■ Mêlas! lui répond-il, je suis une aine en peine. L'anpiisse et le caprice ont même aspect souvent.

Vois-tu ce grand nuage? Attends que mon haleine

Ait donne forme et vie a ce chaos mouvant. ••

(L'Art et l'Amour.)

L'amour se confond de plus en plus avec le sacrifice. Ainsi est déterminée la place de Sully Prudhomme parmi les peintres de l'amour. Il se détourne de la passion qui a (ait trembler Racine et .Musset, et il recommande l'héroïsme des cheva- liers de la Table ltonde, de Corneille et de Pascal, de ceux qui pensent que l'art d'aimer est l'art de monter.

Quand nous gravissons ces hauteurs, un admi- rable paysage moral se déroule devant nous. C'est la légion de la paix et de la lumière. Ici IMaton parle comme le Christ, l'auteur de Y Imitation