Page:Zyromski - Sully Prudhomme, 1907.djvu/164

Cette page n’a pas encore été corrigée

150 SULLY PRUDHOMME

lui l'aspiration, cette énergie spontanée qui se confond avec le sentiment de la vie. Cette aspi- ration qui se manifeste par des élans, soudains comme des jets de lumière, est naturelle, car le poète a compris que les créations de l'homme sont toujours les imitations et les prolongements des forces de la nature. Devant la splendeur de la vie, l'art humain est fragile et ses plus helles trou- vailles sont assourdies comme des reflets.

Cette aspiration initiale est secondée par la sympathie, force d'expansion, foyer qui éclaire nos démarches vers les hommes, source d'ardeurs qui tuent l'égoïsme. La sympathie est « la repro- duction en nous des états d'âme d'autrui ». Si l'homme est un être qui aspire, il tend aussi a revivre les affections de ses semblables. Le poète ne se contente pas de sentir cette vie intérieure qui s'agite en des mouvements confus : il l'analyse et constate à travers l'univers ces énergies primi- tives, attractions aveugles et inévitables, où bruis- sent les sources de nos futures tendresses.

Le poète va construire avec ces deux forces initiales sa doctrine de l'amour où ses meilleurs élans et ses plus profondes pensées s'unissent dans une synthèse digne de Platon. Nous retrou-